26/07/2025
Exploit : Bayrou réussit même à fâcher les pharmaciens !
« Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais il y a une pharmacie qui ferme par jour dans notre pays en ce moment ! »
Je l’avoue, je n’étais pas au courant. À Saint-Riquier, Eric Vermès m’a expliqué tout ce qui ne va pas pour les pharmaciens :
« Je ne me plains pas pour mon cas personnel, mais il y a un gros malaise dans la profession. Le premier problème, ce sont les ruptures de médicaments. Aujourd’hui, de plus en plus de médicaments de base, pas chers, sont difficiles à trouver et se trouvent en rupture. Une semaine ça va être l’insuline, puis les antidépresseurs comme la statine.
— Il y a une usine en Grèce qui a fermé, c’est ça ?
— Oui, d’accord, mais tout ne repose sur une usine quand même. On n’arrive pas à prévoir, ça concerne plusieurs molécules très courantes, bon marché, que les labos ne produisent plus suffisamment. Eux se concentrent sur des produits de pointe, ultra-coûteux : il faut se rendre compte que 1% des médicaments représentent 42% des dépenses de l’assurance-maladie. Donc, ils se concentrent sur le rentable, et ils délaissent les traitements plus basiques.
— Et concrètement, pour vous, ça signifie quoi ?
— C’est très chronophage. Il faut trouver une solution pour chaque patient, appeler des collègues… Ça prend un temps fou et surtout ça crée des risques pour les gens. Par exemple là il y a une rupture sur un cicatrisant pour l’œil.
— A quoi ça sert ?
— C’est très courant, ça sert pour les gens qui ont un ulcère de l’œil, ils le mettent la nuit pour cicatriser. C’est un traitement banal, mais les gros labos délaissent de plus en plus les médicaments anciens au profit des blockbusters qui coûtent des milliers d’euros.
— Du coup, vous vous transformez en centres d’appels ?
— Voilà. Autre chose qu’on voit de plus en plus, c’est la désertification médicale. On en parle pour les médecins, mais les gens oublient que le domino d’après, c’est le pharmacien. S’il n’y a plus de médecin dans un village, la pharmacie va suivre, c’est logique. Dans le coin on a déjà perdu Domart, L’Etoile, Sailly-Flibeaucourt… Mon collègue d’Ailly-le-Haut-clocher s’inquiète car les deux médecins là-bas ont plus de 60 ans. Mais c’est aussi lié à une perte d’attractivité du métier. La formation à l’université d’Amiens est remplie à 50% seulement. Les jeunes ne sont pas attirés par ce métier.
— Et ça comment vous l’expliquez ?
— Peut-être à cause des nouvelles missions qu’on nous demande. Depuis le Covid, la charge de travail a nettement augmenté et changé. On fait des vaccinations, des dépistages de l’angine ou des infections urinaires… Ça veut dire qu’on se transforme en un mini labo, il faut des toilettes, des salles pour faire les vaccins… Alors oui c’est intéressant, ce sont des tâches nouvelles, gratifiantes, de première ligne, avec des responsabilités. Mais c’est aussi très chronophage.
— C’est pour ça donc que vous êtes mobilisés en ce moment ? Parce que vous avez prévu tout un calendrier d’actions cet été !
— Oui mais la goutte d’eau c’est le décret sur les génériques qui vient de tomber. Pour faire simple, on nous a incités depuis des années à proposer des médicaments génériques en nous faisant bénéficier d’une remise. Et là, le Gouvernement veut réduire ce plafond de remise à 20% maximum. Concrètement, ça veut dire qu’on va perdre environ 30 000 euros par an par pharmacie. C’est le salaire d’un préparateur, donc c’est sérieux.
— Et donc pour protester contre ça, vous faites la grève des gardes ?
— Oui voilà, et on a prévu d’autres actions à la rentrée si ça ne bouge pas. Notamment la fermeture le samedi. On se dirige vers une pharmacie à deux vitesses. »
Le gouvernement réussit vraiment à fâcher tous les Français : les artisans, les retraités, les salariés, les malades longue durée, et maintenant les pharmaciens et les kinés. Tous… sauf les actionnaires de Sanofi et compagnie !