21/09/2022
10 CARACTÉRISTIQUES DU BURN-OUT PARENTAL
• 1️⃣ FATIGUE
C’est, parait-il, la première phase. L’épuisement. Ça fait des semaines que ça dure, que j’ai de plus en plus de mal à me lever le matin. Mais bon, voilà quoi, une petite fatigue qui dure, c’est vrai que je me couche trop t**d… ça va passer… je vais faire une cure de fer… De magnésium, aussi…
Ce matin, je n’ai pas réussi à me lever. Sauf que je n’avais pas tout à fait le choix, voyez-vous. Alors j’ai mis des legos par terre dans la chambre pour les enfants qui réclamaient mon attention, et je me suis recouchée
• 2️⃣ IRRITABILITÉ
Est-ce lié à la fatigue ? Je suis devenue l’impatience incarnée. D’humeur exécrable avec mon mari et mes enfants, j’ai des épisodes d’agressivité envers eux tous les jours, sans exception. Je ne me reconnais plus, parfois, comme si cette violence ne m’appartenait pas vraiment. À vouloir que mes enfants me laissent tranquille, puis à les rassurer, puis à crier, puis à m’excuser je les aime c’est pas leur faute… Allez, ça va passer… Je vais travailler sur moi, je vais faire des efforts. Demain je serai une meilleure mère, une meilleure épouse, je vous le promets…
Belles promesses en l’air.
Il y a deux jours j’ai insulté mon mari au point que je me demande sincèrement combien de temps notre mariage va encore durer.
• 3️⃣ DISTANCIATION
La deuxième phase. Me couper des émotions, les miennes et celles de mes enfants.
Aujourd’hui, alors que mon fils pleurait, je me suis cachée sous la couette.
• 4️⃣ AUTOMATISME
Pas la peine d’appeler les services sociaux, hein. J’ai nourri mes enfants. C’était même bio. J’ai fini par sortir de sous la couette pour les empêcher de s’entretuer à coups de legos. Je me suis occupée d’eux. Même si on n’est pas sortis de la journée, j’ai ouvert la porte du jardin pour les laisser s’ébrouer à détruire une nouvelle parcelle de notre pelouse.
Tout en menaçant mon mari par sms pour qu’il rentre du travail le plus tôt possible, et en négligeant les multiples sollicitations non vitales de mes enfants.
• 5️⃣ PARTIR
Je ne sais pas trop où j’en suis dans les phases officielles de ce rouleau compresseur de burn-out. Tout ce que je sais, c’est que là, j’ai juste envie de partir. Ça fait un petit moment que je fantasme des ruptures avec ma vie actuelle. J’essaie dans ma tête de trouver un moyen de partir très loin, très très loin de mon rôle de mère. Sans faire souffrir mes enfants, car malgré la distanciation, j’ai parfois des sursauts de connexion avec eux.
Donc je reste.
• 6️⃣ JE NE VEUX VOIR PERSONNE
Ça va toujours mieux après une après-midi avec une copine, allez, il suffit de recharger mes batteries émotionnelles, de remplir mon réservoir affectif de rigolades compréhensives entre amies. C’est un mauvais cap à passer, on connait tous des jours sans, ça va aller mieux en discutant avec d’autres mères qui savent à quel point c’est dur.
Ce matin, une copine m’a envoyé un message pour me proposer qu’on se voie cet après-midi. D’ordinaire, je me serais jetée sur cette main tendue. Aujourd’hui, pour la première fois, j’ai décliné l’invitation providentielle. Trop fatiguée pour affronter le sac à préparer sans rien oublier, le bus, les murets à grimper…
• 7️⃣ JE NE VEUX PARLER À PERSONNE
J’ai assez honte comme ça. Je me sens assez une m***e comme ça.
Cet article n’est pas un appel à l’aide. Merci de me laisser tranquille. Je vais m’en sortir !
Et merci de garder vos conseils pour vous.
Pas la peine de me dire que ça ira mieux après une bonne nuit de sommeil. J’ai passé mes vacances à faire la grasse-matinée dès que j’en avais l’occasion.
Pas la peine de me suggérer d’arrêter le gluten et de me mettre au cru, je n’ai pas besoin d’une nouvelle injonction à la con pour être mieux dans mes baskets.
Pas la peine de me dire que je suis une mauvaise mère, je le sais déjà.
Pas la peine de me dire que je suis une bonne mère, je n’ai plus envie d’être une bonne mère.
Le premier qui me dit que c’était prévisible avec mes lubies de maternage, d’allaitement, de cododo, de parentalité positive… je lui colle une tarte et je l’enjoins à ne jamais revenir sur ce blog.
• 8️⃣ CE NEST PAS UN DÉPRESSION
Je n’ai pas perdu ma joie de vivre : mon mal-être est concentré sur mon rôle de mère. Dès que mon mari sort avec les enfants et que je me retrouve seule au calme, je respire. Dès qu’ils dorment, je retrouve passion et énergie pour mes projets créatifs et professionnels… et je me couche trop t**d, donc, alimentant le cercle vicieux de la fatigue… Pas la peine de me dire de me coucher plus tôt et de sacrifier ainsi mes quelques heures de temps pour moi par jour. Merci. Ce serait ne vraiment rien comprendre au burn-out parental.
C’est moche, hein ?
• 9️⃣ PROGRESSION
C’est allé en crescendo, une chute lente, des jours mieux, des rechutes… Depuis la naissance de mon premier enfant, je le vois venir. Je suis juste allée trop loin, persuadée que j’étais de pouvoir m’en sortir sans aide. L’équilibre s’est brisé.
Cette fois-ci, ce n’est pas un petit déséquilibre passager. C’est une vraie cassure.
• 🔟 LA HONTE ET LA CULPABILITÉ
Je ne développe pas. C’est évoqué entre toutes les lignes de cet article. C’est le point central de toute cette histoire.
Je crois que j’ai même dépassé le stade de la culpabilité de la mère ignoble que je suis devenue, pour en venir à vous écrire tout ça.
Conclusion : mettre des mots sur le burn-out parental
Aujourd’hui, j’ai regardé en face le fait que ça n’allait pas du tout, depuis trop longtemps, et trop intensément. J’ai fait une recherche sur internet, j’ai regardé des vidéos, j’ai beaucoup pleuré en admettant que je vivais bel et bien un burn-out parental. Je coche toutes les cases.
Voici mon burn-out maternel. J’aurais dû le voir venir. J’ai ignoré. J’ai contrôlé. J’ai minimisé.
Je ne supporte plus mon rôle de mère. Ce n’est plus « parfois ». C’est tout le temps.
Ça va aller mieux, maintenant que je peux le regarder en face, et que j’accepte que ce n’est pas une énième résolution pour être une meilleure mère qui va m’aider à aller mieux.
C’est l’article écrit le plus rapidement de l’histoire de ce blog. Je l’ai écrit pour les autres parents en burn-out. Vos témoignages sont les bienvenus. Par contre, gardez vos conseils et vos gentilles sollicitations pour vous, ça risquerait de m’énerver, et je suis assez sur les nerfs comme ça en ce moment.
(Maman Très Spirituelleirituelle)