27/07/2025
Nous passons la majeure partie de notre journée à penser.
Des pensées surgissent sans arrêt : “Je dois faire ceci”, “Je n’y arriverai jamais”, “Et si ça tourne mal ?”, “Pourquoi il m’a dit ça ?”
Ces pensées s’enchaînent, s’imposent, tournent parfois en boucle… et nous finissons par croire qu’elles sont nous.
Mais ce n’est pas le cas.
La plupart de nos pensées sont automatiques. Elles se répètent chaque jour, souvent sans raison, simplement parce qu’elles sont là, nourries par l’habitude, par le conditionnement, par le passé. Et tout comme la digestion ou les battements du cœur, la pensée est un processus du corps. Elle se produit en nous, mais elle n’est pas qui nous sommes. La différence, c’est que nous nous identifions à nos pensées. Nous les croyons, nous les écoutons, nous leur donnons le pouvoir de définir ce que nous ressentons, ce que nous faisons, et même ce que nous sommes.
C’est ainsi que naît ce qu’on appelle l’ego.
L’ego, c’est cette image mentale de nous-mêmes que nous construisons avec le temps. C’est tout ce que nous pensons être : notre histoire, notre statut, notre rôle, nos réussites, nos blessures. C’est la voix dans notre tête qui commente tout, qui juge, qui compare, qui cherche à se défendre, à prouver, à exister à travers le regard des autres. Il est fragile, instable, toujours en quête de validation. Et pourtant, nous y sommes tellement attachés que nous en avons fait la base de notre identité.
Mais l’ego n’est pas notre vérité. Ce que nous sommes profondément ne dépend pas de ces pensées qui passent, ni des rôles que nous jouons, ni de l’opinion des autres. Derrière ce bruit mental, il existe un espace plus vaste, plus calme, plus silencieux. Un espace que l’on appelle conscience.
La conscience, c’est cette présence intérieure qui peut observer sans juger. C’est cette part de nous qui voit venir les pensées, qui ressent les émotions, mais qui ne s’y accroche pas. Quand nous disons : “Je remarque que je suis en train de m’inquiéter”, ou “Je vois que je suis en colère”, c’est déjà la conscience qui parle. Et dans ce simple recul, il y a une immense liberté. Car ce que l’on peut observer, on peut le transformer.
Nos émotions, elles aussi, naissent souvent non pas de ce que nous vivons, mais de ce que nous pensons. Le corps réagit à une pensée comme s’il s’agissait d’un danger réel. Une peur imaginée, un souvenir douloureux, une anticipation négative… et le corps se crispe, le cœur s’emballe, l’angoisse monte. Ce ne sont pas toujours les événements extérieurs qui nous troublent, mais les histoires qu’on se raconte à leur sujet. Le corps, lui, ne fait pas la différence entre une situation vécue et une pensée nourrie par la peur. Il répond à ce que le mental lui envoie.
Voilà pourquoi il est si important de prendre conscience de ses pensées. De ne pas les laisser piloter nos émotions, notre énergie, notre comportement. Car tant que l’ego gouverne en arrière-plan, nous réagissons au lieu de choisir. Nous subissons au lieu de vivre.
Mais il y a un autre chemin. Celui de l’écoute intérieure. Du silence. De la présence. Revenir à soi, ce n’est pas fuir le monde. C’est se reconnecter à cet espace de paix qui ne dépend de rien. C’est apprendre à être là, simplement, sans masque, sans défense, sans bruit. À ressentir sans s’engluer. À observer sans se juger. À respirer, en sachant que rien ne manque.
Et plus on cultive cet espace, plus les pensées perdent de leur pouvoir. Plus les émotions deviennent des messages et non des chaînes. Plus l’on découvre que, derrière la voix du mental, il existe une autre voix : celle du cœur, de l’âme, de la conscience. Une voix douce, lucide, libre.
C’est dans cette voix silencieuse que commence la paix.