14/02/2022
Chère maman,
Tu m'as écrit avant mon arrivée pour me prévenir de ton appartement chaotique.
Si tu savais comme je m'en fiche.
Je ne vois que toi et ton bébé dans ce chaos.
Je devine bien l'odeur du pain brûlé dans la cuisine, j'entends bien ton petit grand te tirer la manche, je vois les restes d'une nuit plus qu'agitée autour de toi..
Je t'écoute me raconter les pleurs, les douleurs, et les doutes.
Je sens la présence du papa déjà reparti au travail, je vois ton téléphone bipper sans cesse des amies avides de photos.
Et je vois tes yeux fatigués, tes gestes lents, un peu mécaniques, doux et répétés.
Une maman, qui fait de son mieux dans ce chaos.
Qui ne soupçonnait pas que ce serait si long, et si angoissant parfois.
Qui espérait davantage de répit, de soutien peut être.
Alors je mets ma pommade sur toi : je t'écoute, j'ouvre la fenêtre pour aérer la fumée du pain brûlé, je donne un jeu à ton petit grand, je fabrique un cocon dans le lit de ton nourrisson, je te le prends quelques minutes pour te montrer des positions qui apaisent, tu le nourris avec moi, nous allons le changer ensemble...
Pendant ce temps je te glisse des mots doux, je te parle de convalescence, de fatigue, et de temporalité.
Tu te dis soulagée d'entendre qu'à 3 semaines de vie tu n'es pas sensée aller si bien. Tu me parles de ces filles qui ont des bébés qui dorment et se maquillent déjà.
Nous rions, tu pleures un peu.
Je te montre comme ton bébé te cherche, et se cherche aussi. Tu semble rassurée d'entendre que c'est un bébé comme les autres, mais aussi un bébé différent, puisque c'est le tien.
Et je me revois à ta place, il y a 20, 16, 12 ou 5 ans.
Et j'aurai aimé recevoir de la pommade moi aussi.
Alors je continue, pour toi et pour toutes les autres.
Je suis une puéricultrice, une sage femme, une doula, une sœur, une amie, une voisine.
Je suis une femme qui rend visite à une femme.
-femme postpartum