Erwan Bois - Psychologue Clinicien

Erwan Bois - Psychologue Clinicien Cabinet "Bien-Être" situé à Fougères, à proximité du boulevard de Groslay.

- La situation pandémique mondiale met de plus en plus en avant les problématiques psychologiques auprès du grand public...
01/03/2021

- La situation pandémique mondiale met de plus en plus en avant les problématiques psychologiques auprès du grand public. Intérêt de cette situation, on aborde de plus en plus dans les médias la question de la psychiatrie en France, souvent considérée comme le "parent pauvre" de la médecine.

Depuis les années 80, ce sont des changements énormes qui sont venus complexifier l'accès à la santé mentale : baisse énorme du nombre de lits d'hospitalisation en psychiatrie ; développement des prises en charge en milieu ouvert (sans hospitalisation) ; élargissement du panel des options de prise en charge ; maillage des CMPs (Centre Médico-Psychologiques) et autres centres ayant vocation à la prise en charge publique des pathologies psychiatriques...

On peut résumer la situation actuelle par une simple phrase : personne, soignants comme soignés, ne juge la situation actuelle satisfaisante, et son évolution non plus.

Le maintien en "milieu ouvert" de nombres de personnes en souffrance a ainsi évité la mise à l'abri dans des institutions psychiatriques parfois problématiques, mais ne s'est pas associée avec une amélioration des prises en charge.
Et depuis les années 80, il est notable que le taux de problématiques psychiatriques dans le milieu carcéral augmente peu à peu.
Plutôt que d'interner les patients, on a recommencé à les incarcérer ; et des détenus "mentalement sains" deviennent de plus en plus psychiatriquement pathologiques au sortir des établissements pénitentiaires.

Situation de mouvement perpétuel.

La précarité étudiante en France a commencé à faire avancer un vieux serpent de mer de la psychiatrie, à savoir celui du remboursement de la prise en charge des psychologues.

Ainsi, un psychologue libéral n'est aujourd'hui toujours pas remboursé : et, hormis une prise en charge éventuelle par votre mutuelle, vous devrez payer votre psychologue de votre poche.

Cette situation ne vous satisfait pas ? Vous êtes alors redirigés vers les dits CMPs ou, pour votre enfant, la pédopsychiatrie. Les temps d'attente dans ces deux types de structures ayant été épinglés à de nombreuses reprises par le Défenseur des Droits, la Cour des Comptes ou les associations de patients.

A titre indicatif, en 2017, un rapport du Sénat pointait un temps moyen d'attente pour une première consultation en CMP de 67 jours ; certains départements ayant des files d'attente, notamment en pédopsychiatrie, se montant à 9 mois sinon plus.

Ou : en cas de problématique nécessitant une prise en charge rapide, vous ne pourrez pas faire sans payer de votre poche.

Cette situation est évidemment extrêmement questionnante : sur notre politique nationale ; sur notre système de santé ; sur le regard de la société sur la santé mentale ; mais aussi, tout simplement, sur les inégalités économiques qu'elle reflète.

Un sondage FFPP (Fédération Française de Psychologie et des Psychologues), l'un des deux principaux syndicats de la profession, exposait des coûts de consultation allant de 60 à 120 € pour 45 minutes, selon les territoires.
En France, c'est un euphémisme de dire que beaucoup de gens ne peuvent pas se permettre de payer 60€ de manière répétée.

C'est un vrai problème, si l'on prend cela du point de vue de la santé mentale : car une prise en charge efficace implique du temps pour amorcer des changements structurels, et surtout pour les étayer et éviter certaines rechutes comportementales.

Ainsi, la perspective du remboursement des psychologues a vu l'objet d'une expérimentation dans plusieurs départements pour les moins de 21 ans, avant de voir l'ouverture du chèque psy' à destination des étudiants.

Ce dispositif est une avancée réelle, afin de permettre une prise en charge des frais nécessaires à notre santé mentale collective. Les pouvoirs étatiques sous-estimant très probablement l'ampleur des coûts que génèreront une prise en charge de ces frais.

Le paiement d'une psychothérapie est un thème complexe, qui nécessitera plusieurs articles.

Pour conclure celui-ci, étendons-nous déjà sur l'avancée des négociations en cours :

La sécurité sociale, dans les négociations mises en oeuvre, souhaite l'instauration d'un tarif unique de 27€ par consultation, afin de faire correspondre un entretien psychologique à une visite chez le généraliste.
Ce chiffre, pour le dire simplement, est très insuffisant vis à vis de la profession, ce pour un calcul simple.
Quand vous voyez votre thérapeute, ce que vous lui donnez n'est pas à proprement parler un "salaire", de l'argent qui lui permettra de vivre directement. C'est avant tout un "chiffre d'affaire", duquel votre thérapeute devra déduire : ses charges fixes (location de cabinet, assurance professionnelle, parfois remboursements de prêts à l'installation...), la taxation d'activité professionnelle (22% du montant total si votre praticien est en micro-entreprise), et autres taxes associées...

Pour dire les choses simplement, quand vous payez une consultation 50€, votre psychologue peut se rémunérer à hauteur de 25€, la moitié de votre séance partant en charges. 25€ étant un montant, ramené à un taux horaire, correspondant à environ 2 fois le SMIC.
C'est à la fois confortable lorsque mis en vis à vis des difficultés rencontrées par nombre de familles, et à la fois relativement modique compte tenu du niveau d'études de votre professionnel.

Une consultation à 27€, ça veut dire que votre psy' se paye au SMIC. Voilà, c'est dit, c'est posé.
Et pour un statut professionnel à Bac +5, c'est bien évidemment inadmissible.

Plusieurs pistes sont envisagées : proposer une sur-facturation prise en charge par votre mutuelle (pour arriver à un montant d'environ 50€) ; réhausser ce tarif de prise en charge par la sécurité sociale ; que les professionnel.le.s acceptent de revoir leurs exigences salariales à la baisse.

Les discussions sont toujours en cours. Mais on peut néanmoins se féliciter de cette avancée, qui changera profondément des choses à votre niveau en tant que patients.

Et commencera à ouvrir la plus grande boite de Pandore médicale du pays : l'état psychique extrêmement détérioré des citoyen.ne.s du pays - premier consommateur d'anti-dépresseurs du monde -, et les causes de cet état psychique détérioré.

(L'image d'illustration provient de Vanui de Castelbajac et ses géniaux détournements du cabinet d'un psychologue : bravo à lui)

- Aujourd'hui, voyageons un peu.Nous nous sommes interrogés ces dernières semaines sur diverses émotions. L'idée étant d...
02/02/2021

- Aujourd'hui, voyageons un peu.

Nous nous sommes interrogés ces dernières semaines sur diverses émotions. L'idée étant de s'interroger sur leur sens (le pourquoi de l'émotion - en termes de messages à prendre en compte), leurs modalités d'expression (du biologique au comportemental), et en quoi elles viennent interroger au niveau thérapeutique.

Pendant longtemps, philosophes puis psychologues se sont questionnés sur comment définir une émotion, et quelles différences entre émotions et sentiments.

La question, aujourd'hui, n'est pas nécessairement tranchée. Deux exemples permettent d'envisager sur le sujet une réflexion élargie.

Tiffany Watt-Smith, dans un livre sobrement intitulé "The Book of Human Emotions" (2015), recense 154 émotions différentes ressenties par les différentes cultures humaines. Tim Lomas, de l'University of East London, dans son Positive Lexicography Project, s'est lui focalisé sur les émotions positives possiblement associées au bonheur en ce sens.

De quels termes parlons-nous ?

Si vous avez déjà participé à une soirée endiablée au cours de laquelle l'envie vous prenait d'enlever vos vêtements pour être plus libres de vos mouvements, vous avez alors sûrement ressenti ce que les Bantus nomment le Mbuki-Mvuki.

Si vous ressentez une nouvelle vitalité à la suite d'une petite promenade, vous ressentez alors ce que les Finlandais nomment le Uitwaaien.

Le frisson français ne se traduit pas dans d'autres langues.

Le Shirin-Yoku japonais est le sentiment de bien-être associé à l'immersion dans la nature.

Le schadenfreude allemand est ce sentiment de joie malsaine de se confronter au malheur des autres.

Le Yuan Bei chinois est un sentiment parfait et profond d'accomplissement.

La Saudade cap-verdienne est une douce mélancolie nostalgique.

Tous ces termes illustrent l'idée d'une expérience personnelle de la réalité liée à notre culture, à notre langage et à notre façon de voir le monde.
Comme dit précédemment, si nous sommes des individus bio-psycho-sociaux, nous disposons donc d'un organisme biologique nous transmettant des informations traitées par notre psychisme, confronté à l'expérimentation de la vie sociale.

Mais cette idée décrit aussi le fait que nous sommes des individus culturels, provenant d'une culture spécifique, avec des codes sociaux spécifiques et des manières de fonctionner ou de voir le monde spécifiques.
Cette réflexion, au confluent de la psychologie, de la sociologie et de l'anthropologie, démontre nos différences autant que nos points de jonction à travers le rapport au langage : car le sens des mots aura des impacts concret.
Comment faire comprendre la nécessité d'une psychothérapie à un individu pour qui, dans sa langue, le simple terme de "traumatisme" n'existe pas ?
Comment comprendre la représentation du monde d'une personne s'exprimant dans une autre langue, si certains mots de sa langue ne peuvent être traduits ?

Où rencontrer autrui revient à rencontrer une autre réalité, et aussi un autre monde.

Si nos cultures expriment autant d'émotions différentes, certaines d'entre elles sont-elles pour autant transversales, et communes à tous ? Y a-t-il des points de jonction dans nos ressentis ? Ne pouvons-nous vraiment avoir de bases communes sur ce que nous ressentons ?

Paul Ekman, considéré aujourd'hui comme l'un des plus grands psychologues du XXe siècle, proposa dans les années 70 une expérience qui fit date.
L'objectif était simple : il souhaitait déterminer si une couche d'émotions particulière était reconnaissable par toute personne quelle que soit sa culture, et où qu'elle se trouve dans notre monde. Il a ainsi observé le fait que des personnes isolées du monde ayant une culture d'âge de la pierre peuvent identifier les expressions de l'émotion de personnes sur des photographies dont les cultures sont inconnues. Cette expérience se déroula en Papouasie-Nouvelle Guinée.

Elle permit de déterminer que des Papous isolés d'autres cultures depuis des milliers d'années pouvaient comprendre votre tristesse à partir d'une simple photo, aux micro-expressions de votre visage. Ainsi, la classification d'Ekman fut mise en oeuvre, permettant d'envisager que nous sommes collectivement traversés par certaines émotions.

Ekman distinguait ainsi : tristese ; joie ; colère ; peur ; dégoût ; et surprise. Cette classification sera amendée dans les années 90 en y incluant des palettes plus variées d'émotions positives, pour parvenir à un total de 16 émotions potentielles. Ekman confirmera ainsi un supposé de Darwin, où les émotions animales seraient similaires aux émotions humaines - ce qui n'est pas exactement vrai non plus, mais restons concentrés !

A travers les exemples de Watt-Smith et de Ekman, nous commençons à entrevoir ce paradoxe : combien nous faisons collectivement partie d'une espèce plurielle, mais au final avec de grands points de convergences.

Si la fonction de nos émotions est de nous communiquer une information qui mérite d'être prise en compte, on peut aussi lui envisager une fonction sociale (notamment à travers les micro-expressions d'Ekman). Une émotion, c'est aussi ce qui nous unit et nous pousse à agir collectivement. Autant que l'un des ressentis les plus individuels qui soit.

Une émotion crée la relation ; c'est pour cette raison que sa prise en charge fait partie intégrante de la psychothérapie.

https://www.youtube.com/watch?v=wQTbkEeCTeM

Louie S04E10 (Pamela Part 1) – Misery Is Wasted On The MiserableI really like this scene, so I uploaded it for the rest of the world. Thank you Louis C.K., C...

- Après avoir abordé la peur, le développement personnel puis le rapport au bonheur, il apparait cohérent de poursuivre ...
18/01/2021

- Après avoir abordé la peur, le développement personnel puis le rapport au bonheur, il apparait cohérent de poursuivre en abordant la prochaine question liée aux émotions.

Aujourd'hui, parlons de la joie.

Notion complexe, la joie est souvent confondue avec le Bonheur et le Plaisir, auxquels elle emprunte plusieurs idées associées.

La Grèce Antique décrira la Joie comme ce qui est proche de la mania (qui a donné la manie en français), à savoir la présence du divin dans ce qu'elle a de transformateur et de dynamisant sur le sujet.
Pour Spinoza ou Bergson, elle se rapprochera des accomplissements de soi, de la réalisation de soi.
Elle est donc plus vaste que le simple plaisir, qui serait corrélé à éprouver quelque chose de plaisant dans l'existence : le plaisir étant une information, la joie devient une émotion à part entière.

Robert Plutchik, dans sa "roue des émotions", réconciliera les deux tendances dans un continuum allant de l'extase à la sérénité, en passant par la joie. Au-delà de la simple émission de dopamine ou de sérotonine, la joie permet une prise en compte positive réelle de soi et du moment vécu.

Dans ce cadre, une réflexion prend une place particulière : car certaines drogues ou certains comportements amenant de manière indirecte à la production de sérotonine ou dopamine, on peut aussi envisager l'addiction ou la pratique de conduites à risque comme, pour certaines personnes, une tentative de produire du plaisir et de la joie de manière artificielle.

Au-delà d'un simple plaisir momentané, certaines substances ou habitudes permettent de s'éloigner d'un sentiment de mal-être personnel qui ne parvient pas à se résoudre.

L'addiction devenant alors, s'il en était besoin, un réel indicateur de mal-être.

Nous avons parlé des Disney-Pixar la dernière fois, notamment via les réflexions générées par le film "Soul". Plus directement lié aux sujets que nous abordons en ce moment, nous pouvons ici penser au film "Vice-Versa", qui traitera lui plus directement de nos émotions, de leur gestion et, de manière romancée, de leur impact sur notre vision du monde et de la vie.

Ce film retrace ainsi, de manière romancée, la lutte des émotions au sein d'une jeune fille confrontée à des expériences de vie complexes.

Il a été inspiré notamment par "L'intelligence émotionnelle", livre de Daniel Goleman paru en 1995. Goleman y synthétisait la plupart des apports scientifiques autour de l'intelligence émotionnelle, envisagée par un certain nombre de penseurs (et tout particulièrement Howard Gardner) comme une extension du concept d'intelligence classiquement associé aux capacités cognitives.

Votre intelligence étant, donc, autre chose qu'une simple capacité à réfléchir. Elle serait aussi entre autres (ce point fera l'objet d'une publication ultérieure) liée à votre capacité à ressentir, à comprendre et travailler ce que vous ressentez.

Le message de Vice Versa rejoint celui de Goleman : une émotion se caractérise par des marqueurs neurochimiques ressentis par votre organisme, vous transmettant une information et vous amenant à prendre des décisions.
Goleman envisage dans ce cadre la joie comme un état de départ, celui auquel votre corps souhaite revenir, le fondement de l'expérience de la vie humaine.

Si l'on y réfléchit du point de vue du bonheur, le sous-entendu latent serait donc de dire que le bonheur, c'est le fait de se dégager des conflictualités internes, des sources d'émotions négatives et de pouvoir s'accomplir en travaillant à notre auto-réalisation.

La joie est une information ; le bonheur, associé au temps que l'on souhaite lui consacrer.

On aperçoit donc un continuum : entre le plaisir, associé à la satisfaction d'un besoin qui permet au corps de produire des substances stimulatrices de bien-être ; la joie, comme émotion associée à un état de bien-être ; et le bonheur, comme représentation philosophique d'un accomplissement personnel.

Un cadre thérapeutique, sans avoir pour fonction exclusive de proposer une démarche d'atteinte du bonheur, vise à travailler à la réduction des souffrances individuelles : celles du quotidien ; celles de l'esprit ; celles associées à l'environnement.

Un cadre thérapeutique a aussi pour fonction d'aider à faire face, à lutter contre ce qui ne convient pas, ce qui fait souffrir, ou ce qui perturbe.

Au-delà d'une simple écoute, un cadre thérapeutique vise à rétablir parfois la cohérence entre soi, ses pensées, ses ressentis, et son quotidien. En travaillant sur les éléments parasitant l'existence et générant un mal-être, il invite un retour au simple plaisir d'exister, ce en amenant réflexion et prise de décisions.

Et vous, combien de temps consacrez-vous dans votre journée à éprouver de la joie ?

- Soul, dernier né des studios Disney-Pixar, est réalisé notamment par Pete DOCTOR, qui avait signé auparavant "Monstres...
11/01/2021

- Soul, dernier né des studios Disney-Pixar, est réalisé notamment par Pete DOCTOR, qui avait signé auparavant "Monstres et Cie" (2001), "Là-Haut" (2009) et "Vice-Versa" (2015).

Plutôt qu'une analyse technique et subjective du film, rentrons plus précisément dans les thématiques de fond du film, qui font écho au dernier article sur la Psychologie Positive et le Développement Personnel et permettront de poursuivre une réflexion.

Soul est un dessin animé qui parle de la vie et de la mort, thématique qui n'est pas nouvelle à la fois chez Disney-Pixar (c'était le cas dans "Là-Haut", c'était le cas de manière plus indirecte dans "Vice-Versa"), et à la fois dans d'autres médias cinématographiques ou sériesques.

Pianiste de jazz talentueux, Joe est prof de musique, jusqu’à ce que son rêve se réalise : accompagner une grande saxophoniste dans le meilleur club de New York. Mais renversé par une voiture, il se retrouve en réanimation et projeté dans le "Grand Avant", un au-delà où les âmes sont recyclées, avant leur retour sur Terre. Cependant Joe tient absolument à son concert et échappe aux cadres du "Grand Avant", accompagné de 22, une âme qui ne veut surtout pas revenir sur Terre. Joe va tout faire pour la convaincre que la vie vaut d’être vécue.

Ce questionnement sur le sens de l'existence, on le retrouve récemment dans la série "The Good Place", ou le film "The Secret Life of Walter Mitty", avec en toile de fond ce même questionnement :

Qu'est-ce qui nous nourrit, dans l'existence ?
Qu'est ce qui nous permet d'être heureux ?
Et, au soir de notre vie, qu'est-ce qui permet de se sentir en paix avec notre histoire, et de porter un regard serein sur le passé ?

Indirectement, ces médias nous permettent de nous confronter à cette réflexion que nous effectuons, à plusieurs phases de notre vie : ma vie est-elle en accord avec ce que je souhaiterais vivre ?

En amenant une histoire qui parcourt un au-delà qui sert de base à une histoire de réalisation de soi, le dernier Pixar invite à se questionner sur ce qui nous permet d'être heureux. Pour Joe, c'est un concert. Pour d'autres, ce sera via l'épanouissement professionnel, la connaissance, la maternité/parentalité, la maitrise de certaines passions, pour d'autres les expériences de vie, pour d'autres enfin à travers les idées, les valeurs qu'ils souhaitent mettre en avant dans leur vie.

Ces questions renvoient à des outils psychologiques permettant d'évaluer ces thématiques.

Celui que j'utilise le plus fréquemment en thérapie, à ce titre, est un dérivé d'un outil développé par l'ARCA, une unité de recherche et d'actions pluridisciplinaires fondée par des universitaires et praticiens en criminologie, psychologie, philosophie et sociologie.
Cet outil propose, via un échiquier, de représenter spatialement les différents domaines qui structurent votre vie : vos enfants - votre famille, votre couple, votre travail, vos passions... Puis de leur associer une importance subjective, en observant le temps que vous consacrez à chacun de ces aspects.

Dans un deuxième temps, cet outil permet d'en faire de même pour ce qui occupe votre vie psychique, et de faire le point sur ce qui vous occupe l'esprit.
L'intérêt étant, par simple représentation visuelle, de participer à une prise de conscience de ce qui peut ou non vous convenir, et d'envisager les modifications à apporter à un équilibre complexe et perpétuellement en évolution.

Notre vie implique souvent de nous projeter sur des champs variés : de l'emploi que nous occupons aux relations que nous développons, à la quête spirituelle qui nous anime en passant par la gestion de nos émotions. Tous ces éléments font partie de notre expérience humaine, et nous amènent à nous questionner sur qui nous sommes, ce que nous voulons, et les moyens que nous mettons en oeuvre pour atteindre nos objectifs.

Ces différents médias amènent à envisager l'existence comme un lieu d'expériences positives ou négatives, avec lesquelles nous devons composer en tâchant de privilégier les premières et moins les secondes. Et à concilier nos idées, nos valeurs avec nos actes, afin d'y amener notre cohérence.

Dans une visée thérapeutique, au-delà d'un constat partagé entre thérapeute et patient sur la réalité présente, sur le vécu ici et maintenant, cela amène à réfléchir à l'avant (histoire de vie, évènements marquants, choix discriminants) et aussi à l'après : quel souhait pour l'avenir ? Quel regard sur le monde ?

Au final, donc, la réflexion du développement personnel se confond avec celle d'un processus thérapeutique. L'objectif est-il d'atteindre un équilibre qui nous convienne, ou d'atteindre des aspirations plus profondes ?

Et si, comme le proposent plusieurs de ces médias, l'objectif était avant tout le processus de nos prises de décisions ? La démarche éthique, comme support de notre auto-réalisation ?
Et, au-delà d'une "vision positive de l'existence" incitant au rejet de la négativité, l'objectif serait davantage d'être conscients de nous, de nos besoins, de nos ressources, afin de mieux nous positionner face aux autres et au monde ?

Est-ce que la thérapie, au-delà d'un mieux-être et du soulagement des situations, n'a pas vocation à permettre de mieux être Soi, en pouvant mieux le définir ?
Philosophiquement, faut-il choisir entre Epicurisme et Stoïcisme, entre recherche du bonheur via la satisfaction des seuls besoins naturels et nécessaires, et le détachement des ressentis ou des émotions parasites ?

Un autre regard d'éclairage est possible ici, en invoquant à la rescousse Abraham Maslow, père de la psychologie humaniste. Maslow est ainsi connu pour son lien entre Motivation et Besoins : les motivations supérieures de l'homme (accomplissement de soi) se corrélant à ses besoins (physiologie, sécurité, amour, reconnaissance, créativité). Ou : il faut répondre à ses besoins pour s'accomplir, et pour répondre à ses besoins, il faut connaitre ceux-ci.
Le point le plus intéressant de l'analyse de Maslow réside dans l'idée que certains souhaits ne peuvent se verbaliser ou se concrétiser que lorsque les bases précédentes sont saines : on ne peut pas réfléchir à sa propre réalisation sans sécurité, ou problématiques physiologiques (la faim, le sommeil, etc.).

L'autre intérêt de Maslow, c'est dans l'application de ce regard dans l'entreprise : rien ne sert de vouloir motiver les salariés au niveau de l'estime et de l'accomplissement, si des menaces de licenciements portent atteinte à la sécurité et si les salaires ne sont pas suffisants pour satisfaire pleinement les besoins physiologiques.

Ou : le "néo-management" ou "management positif" n'a aucun sens, quand il est décorrélé de problématiques concrètes, réelles, liées au statut des employés.

Sur la fin de ses travaux, Maslow théorisera la nécessité du "dépassement de soi" : un être humain accompli ne pouvant, selon lui, être motivé que par des valeurs dépassant sa personne. Ou : lorsque l'on cherche à être heureux, on finit par souhaiter que les autres le soient, et participer à ce bonheur. L'engagement au service d'autrui, alors, et indirectement le militantisme, devenant un pilier de la construction de soi.

C'est peut être le message le plus fort à retenir de ces supports : la réalisation de soi ne peut se concevoir que via le lien à autrui, dans ce que autrui nous apporte et dans ce que nous lui apportons. Mais ce que nous apportons à autrui invite à se questionner sur qui nous sommes, ce que nous voulons, et comment nous l'apportons.

Ou, en d'autres termes : davantage de conscience.

- Un certain nombre de mes patient.e.s abordent le sujet du développement personnel, en l'abordant via la "psychologie p...
04/01/2021

- Un certain nombre de mes patient.e.s abordent le sujet du développement personnel, en l'abordant via la "psychologie positive". Aujourd'hui, abordons de manière "relativement" synthétique des distinctions à opérer entre : pensée positive ; psychologie positive ; psychologie humaniste.

Aujourd'hui, mettons donc le doigt sur ces charlatans qui vous veulent du bien.

Il y a ainsi deux semaines sortait "Happycratie", un essai visant à dénoncer les techniques inspirées de la psychologie positive et du développement personnel. A mon niveau, au-delà de la technique, je souhaite aujourd'hui mettre en garde sur l'idéologie sous-jacente...

Mais distinguons déjà.

La psychologie positive, qu'est-ce que c'est ? C'est une discipline de la psychologie qui émerge au niveau médiatique en 1998 via Martin SELIGMAN, mais qui a des racines bien plus anciennes (on y reviendra). La psychologie positive s'intéresse à ce qui rend les humains heureux, à la santé, au bien-être, à l'optimisme et à la résilience. Bref : on se focalise sur ce qui aide à aller bien, ou qui fait du bien, plutôt que de se focaliser comme la psychopathologie antérieure sur les troubles mentaux, maladies mentales et désordres de la pensée.

Quelle est l'hypothèse sous-jacente ? Que si certaines personnes arrivent à surmonter les obstacles et ont les ressources pour y parvenir, il n'y a absolument aucune raison pour que n'importe qui ne puisse y arriver. L'idée est donc de promouvoir l'épanouissement et l'accomplissement de soi à tous les niveaux, en étudiant "ce qui donne un sens à la vie" selon Seligman lui-même.

La psychologie positive n'est pas, déjà, la "pensée positive" qui est une pseudo-science visant via l'autosuggestion à ce que vous abordiez la vie le sourire aux lèvres... Cette discipline étant à la base de dizaines, de centaines de best-sellers qui à chaque fois trustent les plus hautes ventes des librairies. Elle n'est pas non plus la psychologie "humaniste" héritée de Maslow, centrée sur la compréhension de la manière dont chacun expérimente sa vie et son humanité.

Ainsi sur Amazon, en août 2019, les tops des ventes sont :
- Raphaëlle Giordano et des conseils de développement personnel romancés ;
- Les quatre accords toltèques (il y aurait beaucoup à dire sur ce livre...), un classique de la littérature d' "aide à soi-même" ;
- Eckart Tolle et "le pouvoir du moment présent" (sic) ;
- Les 5 blessures qui empêchent d'être soi-même.

Il s'agit du classement total : celui avec les Harry Potters, les Tolkiens, les Barbara Cartland, les recettes de cuisine...

Ainsi, dire que le développement personnel a un poids économique certain dans le monde de l'édition parait être un joli euphémisme.

A la suite de ces énumérations, on peut ainsi déjà voir un certain nombre de problèmes soulevés par ces approches.
Ainsi, la discipline de la psychologie positive et ses multiples expressions plus ou moins savantes, sous forme de thérapies, de littérature de «self-help», de coaching, d’applis d’amélioration de soi et de techniques de relaxation diffusent un même récit décliné à l’infini: «Tout un chacun peut réinventer sa vie et atteindre le meilleur de lui-même en adoptant tout bonnement un regard plus positif sur soi et sur le monde environnant». Sans être de la pensée positive, elle en emprunte souvent les arguments marketings...

De plus, cette discipline et cette présence marketing inversent les regards sur le bonheur : car là où on considérait auparavant le bonheur comme la conséquence de moments clés et de situations agréables (un mariage, la naissance d'un enfant, un examen réussi, une réunion de famille harmonieuse...), la psychologie positive pose l'inverse. Si vous êtes malheureux, c'est que vous n'avez pas le bon regard ; si vous êtes positif, que vous croyez en vous et en votre potentiel, alors la vie vous récompensera.

Et du coup, s'il suffit de le vouloir pour être heureux ou de "purifier son regard" sur soi, alors pas de soucis : nous avons à votre disposition les livres qui vous permettront de vous réaliser. Achetez, consommez, et ôtez de vous tout germe de mal-être : si vous ne leur permettez pas de prendre racine, vous serez heureux-se.

Au niveau marketing, c'est brillant : ces produits contribuent à faire de la poursuite du bonheur un style de vie, renouvelant les modes de consommation en les orientant autour de ce but : chercher l'outil qui rendra heureux, l'objet parfait.
L'idée du Livre n'est plus de se cultiver, de s'élever socialement à travers le savoir, mais bien de réguler sa vie émotionnelle, ce sans y impliquer les autres : si vous allez mal, reposez vous sur vous ou nos experts que vous devrez payer ; si vous allez mal, ne blamez pas la politique de votre entreprise, votre patron, le manque de fonds de votre institution : vous êtes le problème, et donc la solution.

Et si le but est de vous faire rester positif-ve face à n'importe quoi, quel meilleur moyen de vous rendre flexible face aux aléas négatifs de la vie ?
Pas de colère face au licenciement ; pas de tristesse face à la perte d'une maison ; pas de compassion face aux problématiques du monde : on sourit, et on garde la pose.

Vous l'aurez compris, le problème fondamental de cette approche est de laisser de côté le regard "macro" : les décisions politiques ; l'impact de celles-ci sur l'économie, puis sur vos vies. Vous devenez l' "entrepreneur de vous-même", dans une forme de pornographie émotionnelle que les utilisateurs de LinkedIn connaissent malheureusement trop bien...

En somme, cette industrie n'est rien de plus qu'une actualisation de la dérive spiritualiste du développement personnel, et son émergence de shamans éclairés, de néo-bouddhisme visant le contrôle de soi et l'obéissance sans remettre en question, de cures pseudo-scientifiques ou d'idées para-scientifiques voire parfois para-psychologiques.
Du pompage massif de la culture amérindienne (et particulièrement celle des tribus des Grandes Plaines d'Amérique du Nord) aux formes extrêmes du Yoga en passant par la mise en exergue de thématiques autoritaires par ce genre d'écrits, on peut ainsi résumer le problème en parlant du développement personnel, ce faux ami qui vous voudrait du bien.

Que penser de la psychologie positive ? Fortement critiquée, contestée par un nombre d'études scientifiques aussi abondant que celui de celles qui soutiennent le courant et ses idéologies, elle a pour principal problématique d'apporter Espoir, Puissance et Consolation à des personnes en pertes de repères, exposées à des violences (symboliques ou réelles) de la vie moyennant finances.

Il y a aussi, derrière ce courant, une question de phénomènes de modes à ne pas négliger (les régimes, les méthodes d'évaluation ou de régulation de soi, une expérience à vivre, un besoin à satisfaire...).

Ainsi, au-delà du "est-ce que ça marche ?" très centré sur chacun et ce qu'il estime juste et pertinent pour lui, l'idéologie sous-jacente est le plus gros problème : si vous ne parvenez pas à être riche, heureux, en bonne santé, épanouis, débordants d'énergie, vous ne faites pas suffisamment d'efforts ; et donc, quelque part, vous méritez votre sort.

Ou : comment cumuler souffrance et culpabilité...

A un niveau collectif, cela aboutit à un rejet de paradigmes des sciences sociales invitant à la remise en question sociétale : la lutte des classes n'existe pas ; la mondialisation est un ensemble d'opportunités ; manifester sa colère en prenant part à une manifestation ou en faisant grève est une mauvaise manière de la manifester, etc.

Le plaisir et la poursuite du bonheur ne peuvent l’emporter sur la réalité et la recherche du savoir : sur la pensée critique, la réflexion menée sur nous-mêmes et le monde qui nous entoure.

Au niveau thérapeutique, il est aussi important d'entrevoir vos ressources, vos capacités à faire face aux situations autant que d'entrevoir les éléments inacceptables ou inadaptés de votre quotidien. Il est indispensable de faire la distinction entre les causes d'un mal-être, l'effet de ce mal-être, et les actions à opérer pour y remédier.

Serrer les dents et envisager que vous êtes le problème n'est pas (toujours) la solution.

Bibliographie :
- Happycratie, de Edgar Cabanas et Eva Illouz, édité chez Premier Parallèle ;
- Le syndrôme du Bien-Être de Carl Cedeström et André Spicer, édité chez l'Echappée.

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Parce que toute histoire a un début.

Vivant en Bretagne depuis mon enfance, j’ai assez rapidement voulu me spécialiser en psychologie. J’ai vite été passionné par le pragmatisme de ce milieu, son approche « terre à terre », se focalisant sur le réel et l’efficacité tout en restant profondément humain.

Je suis psychologue clinicien diplômé de l’Université Rennes 2 depuis septembre 2014.

Ma pratique est intégrative : cela signifie que j’appliquerais au temps que nous aurons ensemble des outils venant d’orientations psychologiques variées (prises en charge psychosociales, comportementalisme, psychanalyse, psychodynamie…).

J’aime la rencontre avec l’autre. J’aime m’efforcer de comprendre des personnes qui fonctionnent différemment de moi. J’ai la conviction que chaque vie est un roman où chacun, en tant que personnage principal, tente de trouver sa place et fait ses choix.