16/05/2025
ADULTISME/ Enfant parentalisé ou quand les enfants deviennent les parents de leurs parents
Texte inspiré de Claude Seron (avec Joëlle Delvaux)
Maria avait 6 ans lorsque son père est parti. Sa mère s’est effondrée.
Alors Maria s’est levée. Elle a pris en charge le quotidien, veillé sur sa mère dépressive, géré ce qu’aucun enfant ne devrait avoir à gérer.
À 20 ans, elle est brillante, studieuse, responsable. Mais à quel prix ?
Derrière cette façade de maturité, Maria est une enfant parentifiée. Une enfant qui, pour survivre, a dû sacrifier ses besoins, sa spontanéité, sa sécurité affective.
Ce phénomène porte un nom : l’adultisme.
Un mot peu connu pour désigner une réalité fréquente : celle d’enfants qui prennent soin de parents défaillants, sans avoir ni l’âge, ni les ressources, ni la reconnaissance pour le faire.
On les admire pour leur sens des responsabilités. Mais ce n’est pas leur rôle.
Ils sont là où ils ne devraient pas être.
Et cela laisse des traces.
Être aidant n’est pas un problème en soi.
Mais quand l’enfant n’a pas le droit d’être un enfant, quand il est coincé dans un rôle qui le dépasse, cela devient une forme d’abus.
Et cela construit une identité fondée sur le devoir, la culpabilité, le « trop donner pour être aimé ».
Bonne nouvelle : rien n’est figé.
Ces enfants peuvent se reconstruire, à condition de rencontrer des adultes soutenants, réparateurs, qui les voient pour ce qu’ils sont vraiment — et pas seulement pour ce qu’ils donnent.
Un enfant n’a pas besoin d’un rôle à tenir.
Il a besoin d’un adulte solide, aimant, et présent.