L’autonomie, une alternative incontournable
Il est évident que le 21ème siècle dont on dit qu’ « il sera religieux » - nous préférons spirituel -, « ou ne sera pas » devra se confronter au problèmes les plus cruciaux et décisifs auxquels l’humanité ait eu à faire face. Outre les dérèglements climatiques et les conséquences dont nous éprouvons déjà les prémisses, la logique sur laquelle repose le
monde d’aujourd’hui va révéler ses aberrations d’une façon extrême. Les inégalités vont s’exacerber avec un club restant d’hyper nantis et une masse considérable d’indigents. La rareté des ressources évolue avec une inflation de la demande, tout cela sur fond d‘une démographie qui faute d’équité et de partage sera explosive. Au sein de ces évolutions chaotiques apparaît une menace insidieuse concernant la problématique alimentaire mondiale. Le drame alimentaire est déjà une réalité cruelle pour des populations de plus en plus nombreuses. Cependant, l’opinion générale et la politique ne semblent pas concevoir que ce drame puisse affecter les pays dits développés ou émergents. Il n’est pas nécessaire de consulter les oracles : l’analyse très objective des divers paramètres actuellement très négatifs et conditionnant l’autosuffisance alimentaire mondiale suffit pour s’en convaincre. Plus que jamais, produire et consommer localement devrait être le mot d’ordre international. Cultiver son jardin ou organiser collectivement et solidairement la production alimentaire entre ville et campagne deviennent des actes politiques et de résistance. Le message et l’engagement créatif de Terre et Humanisme, au Nord comme au Sud, a pour principale raison d’être l’insécurité et la salubrité alimentaire de toute population. Sans cette autonomie absolument vitale, rien d’autre n’est possible. Il est également évident que l’autonomie, pour être forte et durable, devra se construire sur la sobriété avec peu de besoins et non le « toujours plus ». Elle nécessite une éducation à la satisfaction dans la modération et la solidarité. La relocalisation des activités et la mise en valeur des ressources présentes sur les territoires avec la mobilisation de tous les savoirs et savoir-faire humains va de soi. Le retour à la micro économie par le développement de l’artisanat, du petit commerce, de la petite industrie ainsi que de véritables fermes à taille humaine diversifiées et complémentaires et assurant une gamme aussi large que possible de produits pour satisfaire aux besoins des populations, sans se fermer à l’échange, est également indispensable. Des expériences convaincantes en architecture, énergie, gestion de la ressource en eau, nutrition, santé, éducation, sont déjà réalisées et pourraient être rapidement propagées. Cependant, l’autonomie nécessite de la conviction, de l’audace et du risque dans une société tétanisée par les craintes de toute nature, société qui refuse que la vie soit une merveilleuse aventure à laquelle le risque au quotidien et non celui des performances donne sa plénitude, sa saveur et sa raison d’être. Ainsi l’autonomie, au-delà d’une simple organisation de l’indépendance est un chemin d’initiation et de libération de l’esprit.