
30/07/2025
Intéressant
Tous un peu autiste ? Ce qu'en dit (vraiment) la science.
L’autisme est une manière singulière de percevoir, ressentir et interagir avec le monde. On parle souvent de spectre de l’autisme pour désigner la diversité des profils, des besoins et des fonctionnements parmi les personnes concernées.
Mais cela va-t-il jusqu’à dire que “tout le monde est un peu autiste” ? (Spoiler : non)
En 2021, une étude parue dans European Psychiatry a montré que même chez des adultes sans diagnostic d’autisme, mais présentant des traits autistiques élevés, on observe des particularités cérébrales mesurables.
Les chercheurs ont scanné le cerveau de 250 adultes dits « neurotypiques » et ont évalué leurs traits autistiques à l’aide d’un test standardisé (l’AQ). Résultat ? Plus une personne avait du mal à changer de tâche ou se fixait sur des détails, plus certaines zones de son cerveau présentaient des variations : connexions moins efficaces dans certaines zones clés de la matière blanche, plus de matière grise dans les aires motrices.
Autrement dit, les traits autistiques laissent une trace dans le cerveau, même en l’absence de diagnostic ou de souffrance clinique. Cela confirme ce que beaucoup de personnes ressentent : on peut être « un peu autiste » sans être « autiste ».
Cela soutient l’idée d’un continuum, où une zone grise existe entre les profils cliniquement autistes et ceux totalement neurotypiques.
Mais attention : reconnaître un spectre ne signifie pas que tout le monde serait un peu autiste.
Même s'il est tentant, pour simplifier ou rassurer, de dire que chacun aurait « un côté autiste », cette affirmation est scientifiquement infondée.
Une étude de référence menée par Sasson et al. (2013) montre que 5 à 9 % des personnes dans la population générale présentent des traits autistiques significatifs, sans relever d’un diagnostic.
Cette recherche, conduite auprès d’un large échantillon de parents d’enfants non autistes, utilise un questionnaire validé pour mesurer ces traits (Broad Autism Phenotype Questionnaire).
Ces résultats sont clairs : plus de 90 % des individus ne présentent aucune caractéristique autistique marquée, même à un niveau atténué.
Ainsi, si certains traits peuvent apparaître chez une minorité de personnes non autistes, ils ne sont en aucun cas généralisables à l’ensemble de la population.
Ce que ces études nous montrent, ce n’est pas que tout le monde est un peu autiste, mais qu’il existe des formes atténuées ou partielles de l’autisme, chez des personnes non diagnostiquées, qui peuvent ressentir un décalage au quotidien, sans toujours en comprendre la cause.
Comprendre cela, c’est reconnaître que l’autisme ne se réduit pas à une case ou un label médical, mais renvoie à des fonctionnements neurologiques diversifiés.
C’est aussi donner une place à celles et ceux qui vivent en bordure du spectre, sans pour autant les pathologiser.
Et c’est surtout un appel à la nuance :
ne pas banaliser l’autisme, mais ouvrir un espace de reconnaissance pour la diversité des cerveaux, qu’ils soient dans, hors, ou aux marges du spectre.
Pour conclure, ce que nous apprend la recherche, c’est qu’il existe bel et bien un continuum dans les traits autistiques, mais cela ne signifie en aucun cas que “tout le monde est un peu autiste”. La majorité des personnes ne présentent aucun trait autistique significatif, même atténué. Reconnaître l’existence d’une zone grise — celle de personnes non diagnostiquées mais aux fonctionnements proches du spectre — permet de mieux comprendre certaines expériences de décalage ou d’incompréhension vécues au quotidien. Mais cela ne doit pas servir à diluer la réalité de l’autisme, ni à minimiser les besoins spécifiques des personnes autistes.
Distinguer l’autisme clinique, les traits subcliniques et la neurotypie, c’est refuser les amalgames tout en reconnaissant la diversité des façons d’être au monde. C’est défendre une approche nuancée de la neurodiversité, où chacun·e peut être accueilli·e avec ses spécificités, sans jugement, sans pathologisation excessive, mais aussi sans confusion.
Ce n’est qu’en tenant ensemble la rigueur scientifique et l’écoute des vécus que nous pourrons vraiment avancer vers une société plus juste et plus inclusive.
Sources :
- Shen, M. D., & al. (2021). Brain structural correlates of autistic traits across the diagnostic divide: A cross-sectional neuroimaging study. European Psychiatry, 64(1), e10.
- Sasson, N. J., Lam, K. S. L., Childress, D., Parlier, M., Daniels, J. L., & Piven, J. (2013). The Broad Autism Phenotype Questionnaire: Prevalence and diagnostic classification. Autism Research, 6(2), 134–143.
[Texte écrit avec l'assistance de ChatGPT]