Apprentis' sage Psychologue enfants et adolescents

Apprentis' sage Psychologue enfants et adolescents Anne Rousseau
Psychologue enfants et adolescents
Développement, émotions, apprentissages
Recherche en Neurosciences

27/01/2025

Je lis tellement de fausses informations sur les pleurs du bébé sur cette page que je tenais à vous partager un article sur le sujet. Bonne lecture.

Ceci est un article bonus en lien avec un QRcode du livre de Caroline Ferriol (Fée Dodo) « Le Grand Guide du Sommeil de mon Bébé ».

Chez l’adulte, et plus particulièrement chez les hommes, les pleurs sont une question souvent perçue comme épineuse, douloureuse, taboue, interdite. Ils représentent un besoin nié, camouflé, qu’il faut rendre silencieux et inexistant à tout prix.

Même si les raisons de ce tabou sont différentes, c’est aussi vrai chez le bébé et chez l’enfant depuis quelques années, notamment du fait de l’étude de Middlemiss que nous évoquons à la page 76 du livre et que nous avons décortiquée bien plus en détail dans un article dédié : Pleurs de bébé, cortisol et étude Middlemiss.

Une épée de Damoclès est soudainement apparue au-dessus de la tête des jeunes parents, et notamment dans les milieux du maternage proximal : un bébé ne doit pas pleurer ! Si bébé pleure, un de ses besoins n’est pas rempli… par le parent ! Si mon bébé pleure, son cerveau va s’autodétruire… Somme résultant d’autant de méconnaissances et mauvaises interprétations des découvertes en neurosciences notamment vulgarisées par Catherine Guéguen à travers la phrase lue hors de son contexte : « Il ne faut pas laisser pleurer un bébé » et qui font de lourds dégâts dans les chaumières… et sur le sommeil de petits et grands.

Sur ce sujet crucial, je vous propose à nouveau un autre chemin : le vôtre et celui de votre enfant, en venant prendre connaissance de l’importance des émotions, des pleurs, de leur accueil, sous les lumières notamment d’Aletha Solter, et soumis aux besoins de votre propre famille.

L’importance des pleurs
Dans son ouvrage Pleurs et colères des enfants et des bébés (2015), la psychologue spécialiste du développement Aletha Solter souligne l’importance bien trop souvent négligée de l’expression des émotions chez l’être humain, et plus particulièrement chez le petit. Alors même que « pleurer est une réaction naturelle de l’enfant qui éprouve une douleur émotionnelle, quelle qu’elle soit » (1), combien d’entre nous avons entendu, enfants, nos parents nous sommer « d’arrêter de pleurer », ou affirmer qu’il n’y a « pas besoin de pleurer pour ça » ? Combien d’êtres humains masculins ont grandi dans le stéréotype de virilité qui veut qu’un « homme ne pleure pas » ? Combien se sont retrouvés seuls avec ces émotions, mis en retrait et sommés d’arrêter ? »

En cas de situation de stress chez l’être humain, l’hypothalamus (situé dans le cerveau) envoie d’abord un signal au système nerveux sympathique qui déclenche une réaction de lutte ou de fuite : ainsi, on observe une dilatation des pupilles, une accélération du rythme cardiaque, une augmentation de la tension artérielle et du flux sanguin vers les muscles. Quant à l’hypophyse, elle libère la corticostimuline, qui entraîne la production d’hormones appelées glucocorticoïdes, qui elles-mêmes nous permettent d’utiliser l’énergie disponible pour faire face à la situation de stress.

Chez nos ancêtres, ces réactions étaient le plus souvent provoquées par une menace animale ; elles devaient être immédiates et comprenaient la plupart du temps une puissante dépense énergétique. Notre évolution a eu deux conséquences : d’une part, notre néocortex s’est développé, nous dotant de sentiments amoureux, de sensibilité, de conscience et d’une pensée complexe ; d’autre part, les stress que nous connaissons aujourd’hui sont majoritairement d’ordre psychologique. Pourtant, notre mécanisme de réaction n’a pas changé : « Nos corps continuent à réagir au stress purement émotionnel comme si nous étions toujours poursuivis par le fameux animal
redoutable ! Nous sommes conçus pour dépenser une énergie considérable face à des émotions violentes telles que la frayeur ou la fureur, ce qui, pourtant, n’est pas toujours approprié ». (2)

Néanmoins, comme nous l’avons déjà dit, l’accumulation de glucocorticoïdes (hormone du stress donc cortisol) et la stimulation répétée du système nerveux sympathique sont dangereuses pour le corps. Elles peuvent entraîner des maladies telles que l’athérosclérose et les troubles cardio-vasculaires, des angoisses, des difficultés de concentration et d’apprentissage, un affaiblissement du système immunitaire ou encore une accélération du processus de vieillissement.

Le corps humain a donc développé un mécanisme alternatif pour s’adapter à une réalité nouvelle : les pleurs ! En effet, ces derniers font partie intégrante et essentielle du cycle « stress/détente » : ils ont une réelle fonction physiologique. Les études menées notamment par James J. Gross ou Werner Karle (3) montrent que pleurer provoque un ralentissement du rythme cardiaque, une baisse de la température corporelle, une diminution de la tension artérielle… autant d’indices de détente du corps. Les chercheurs qui se sont penchés sur la composition des larmes sont formels : elles contiennent de la corticostimuline. Autrement dit, elles sont bien destinées (comme la transpiration, l’urine ou les menstruations) à évacuer de notre corps les déchets organiques et à abaisser notre taux de cortisol, l’hormone du stress… et de l’éveil.

D’où les célèbres « pleurs de décharge » des bébés, durant lesquels ils éliminent en fait l’excès de stress accumulé durant la journée (4), soit dus à une surstimulation (normale) de la part de l’environnement et du fait d’être au monde, soit dus au manque de sommeil avec de trop courtes/peu nombreuses siestes. Ces pleurs de décharge sont essentiels au bébé pour aller ensuite vers le sommeil, cela leur permet de réguler la balance entre cortisol et mélatonine.

Que faire quand les pleurs de bébé surviennent ?
Néanmoins, il ne s’agit pas là pour autant de mettre le bébé ou l’enfant à l’écart durant ce besoin de décharge naturel ! Sans quoi, il pourrait éventuellement, durant ce moment d’exclusion (comme dans l’étude de Midellmiss), produire du cortisol plutôt que de le décharger ! Car il passerait d’un état émotionnel de colère, frustration ou tristesse, à un état de peur, dû à ce que son émotion aura produit comme réaction chez l’adulte : un retrait, un abandon, un laisser-seul, qui dans le cerveau du tout petit, serait impossible à traduire autrement que comme une mise en danger, en insécurité complète !

En effet, il s’agit d’accompagner les émotions de bébé, sans les nier et sans être absent. Car comme le dit si bien Aletha Solter, « un bébé qui pleure ne devrait être ni distrait ni abandonné ». (5)

Lorsqu’en tant qu’adulte, nous avons des émotions puissantes, nous avons éventuellement besoin d’être enserrés (pas toujours), mais surtout d’être entendu. À vous de doser et de regarder ce dont votre enfant a besoin. Parfois, lorsque l’on cherche à stopper une émotion par une tétine, des bercements ou la mise au sein, ou toute une somme de réponses pour répondre aux pleurs, nous pouvons entraver le fait de laisser exprimer pleinement cette émotion aussi longtemps que nécessaire.

Je vous invite à vous transposer dans l’idée que vous avez passé une journée catastrophique au bureau, votre responsable vous a hurlé dessus, vous n’avez pas eu de bonnes relations avec vos collègues… et enfin vous rentrez chez vous le soir. Vous passez la porte, vous êtes dans un état de surcharge de stress intense, et vous vous sentez enfin en sécurité.

La seule chose que vous avez envie de faire c’est de pleurer ou de hurler. Lorsque votre compagnon vous voit dans cet état, la plupart des réactions d’adultes à adultes vont être alors, soit de se prendre dans les bras (sauf si c’est de la colère qui a besoin de sortir, dans ce cas, nous restons légèrement en recul, mais disponible), et surtout de s’écouter, se comprendre.
Mais imaginez qu’à ce moment, alors que vous vous autorisez à pleurer, ou à crier, votre compagnon/compagne vous saute dessus, avec angoisse, stress et fébrilité, qu’il vous prenne dans ses bras et vous mette sens dessus dessous, vous allonge et vous masse le ventre, vous secoue de haut en bas en faisant des squats et s’asseye sur un ballon, vous dise « Chut chut chut, arrête de pleurer », vous mette en portage, vous mette un sein ou un biberon dans la bouche…

Quel effet cela vous ferait-il ? Prenez un temps. Vraiment.

Potentiellement, vous seriez surpris peut-être auriez peur, ou bien cela pourrait déclencher encore plus d’énervement. Et si éventuellement ce qu’il vous met dans la bouche est sucré, un peu de plaisir et de détente pourrait advenir… Dans ce dernier cas, si vous vous calmez très vite, vous le savez, votre stress sera toujours là, votre envie de dire votre colère aussi… Tout ceci ne serait que relégué à plus t**d… Vous seriez alors potentiellement grognon le reste de la soirée, vous auriez du mal à vous endormir le soir, et cette colère ou tristesse reviendrait plus t**d, déclenchée par un événement banal, vous donnant simplement l’occasion de pouvoir l’extérioriser enfin (comme le traduit Aletha Solter avec sa théorie du biscuit cassé).
En réalité, la seule chose que vous souhaitiez, était de pouvoir décharger ce trop-plein de stress, en toute sécurité.

Pour votre bébé ou enfant, quel que soit son âge, il s’agit exactement de la même chose. Je vous encourage donc vraiment à respecter les émotions de votre enfant. Par contre, ce n’est pas parce que votre enfant a une émotion que cet événement a besoin de se transformer en quelque chose de l’ordre de la punition et de l’irrecevable, ou déclencher de la colère, du stress ou même de la tristesse chez vous. Votre enfant a ses émotions propres : il a surtout besoin d’un roc à ses côtés pour recevoir son émotion et l’autoriser à la décharger. « Tout va bien. Tu as le droit d’être en colère et de décharger. C’est ok. Je suis là pour toi et tout va bien. Tu es en sécurité. »

Si vous n’avez pas de but : comme l’endormir ou arrêter cette émotion (même si c’est l’heure de la sieste ou du coucher et même si vous avez les enfants plus grands à côté qui dorment ou des amis dans le salon), et si vous êtes simplement là, alors il y a de fortes chances pour que votre bébé/enfant s’apaise beaucoup plus facilement et surtout se sente en sécurité, soutenu, entendu. Il pourra alors se libérer des tensions qu’il ressent, de la manière la plus naturelle qui soit : par les pleurs. Et parfois, par des pleurs très forts ! Par une très grosse colère ! Et il en a le droit ! Tout comme vous, si vous rentrez du bureau, très en colère contre votre patron : plus vous réussirez à l’extérioriser avec force, plus vous vous sentirez soulagé. Et si en face de vous, la personne est à même de le recevoir, sans se sentir attaquée, ou coupable ou gênée, mais qu’elle est simplement là pour vous, et pour vous écouter avec empathie et compréhension : « Quel sa**ud ce patron, il t’a vraiment énervé ! », alors vous savez, autant que moi, l’immense bien-être et détente qui vous envahira par la suite et l’élan d’amour, de connivence et de reconnaissance que vous ressentirez pour cette personne.

À l’inverse, partir, d’autant plus en étant en colère, et enfermer le bébé/enfant seul dans la chambre peut faire en sorte que son émotion normale de colère et de tristesse se transforme en détresse et en sentiment d’abandon. Imaginez que vous le laissiez seul dans la forêt, avec de la colère en vous, sans qu’il y soit habitué, sans avoir construit de cabane pour le protéger et sans avoir mis en place la notion de sécurité dans cette cabane : là, c’est évidemment une notion d’angoisse qui peut surgir pour votre enfant.

17/06/2024

𝗟𝗲𝘀 𝘀𝗶𝗴𝗻𝗲𝘀 𝗶𝗻𝘃𝗶𝘀𝗶𝗯𝗹𝗲𝘀 𝗺𝗮𝗶𝘀 𝗽𝘂𝗶𝘀𝘀𝗮𝗻𝘁𝘀 𝗱𝘂 𝘁𝗿𝗮𝘂𝗺𝗮𝘁𝗶𝘀𝗺𝗲 : 𝘀𝗮𝘃𝗲𝘇-𝘃𝗼𝘂𝘀 𝗹𝗲𝘀 𝗿𝗲𝗰𝗼𝗻𝗻𝗮𝗶̂𝘁𝗿𝗲 ?

𝐸́𝑚𝑜𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑖𝑛𝑡𝑒𝑛𝑠𝑒𝑠 𝑒𝑡 𝑖𝑛𝑐𝑜𝑛𝑡𝑟𝑜̂𝑙𝑎𝑏𝑙𝑒𝑠 :
Les individus traumatisés peuvent présenter des réactions émotionnelles disproportionnées par rapport à la situation actuelle. Cela peut se manifester par des crises de panique, des accès de colère, des pleurs fréquents ou des périodes de détresse émotionnelle intense sans cause apparente.

𝐸́𝑣𝑖𝑡𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 :
Les personnes traumatisées peuvent éviter activement les souvenirs, les lieux, les personnes ou les activités qui leur rappellent l'événement traumatique.

𝐴𝑙𝑡𝑒́𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑐𝑜𝑔𝑛𝑖𝑡𝑖𝑣𝑒𝑠 𝑒𝑡 𝑒́𝑚𝑜𝑡𝑖𝑜𝑛𝑛𝑒𝑙𝑙𝑒𝑠 :
Ces personnes peuvent présenter des altérations dans leur pensée, leur perception et leur expérience émotionnelle. Cela peut se manifester par des difficultés de concentration, des perturbations de la mémoire, une perte d'intérêt pour des activités autrefois appréciées, une perception altérée de soi-même ou des autres, ou des sentiments de détachement émotionnel.

𝐻𝑦𝑝𝑒𝑟𝑎𝑐𝑡𝑖𝑣𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑜𝑢 ℎ𝑦𝑝𝑒𝑟𝑣𝑖𝑔𝑖𝑙𝑎𝑛𝑐𝑒 :
Les personnes traumatisées peuvent être constamment sur le qui-vive, se sentant anxieuses, tendues ou hypervigilantes. Elles peuvent être facilement effrayées, avoir du mal à se détendre ou à dormir, et peuvent réagir de manière excessive à des stimuli anodins.

𝑅𝑒𝑣𝑖𝑣𝑖𝑠𝑐𝑒𝑛𝑐𝑒𝑠 𝑖𝑛𝑣𝑜𝑙𝑜𝑛𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠 :
Ils peuvent revivre l'événement traumatique de manière récurrente et involontaire à travers des flashbacks, des cauchemars ou des pensées intrusives. Ces expériences peuvent être si intenses qu'elles donnent l'impression que l'événement traumatique se déroule à nouveau.

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