30/03/2024
[Trouvé pour Taquine ! ]
Avis de départ et de recherche
Ce lundi est un jour difficile à la ferme de l’abreuvoir.
Ce lundi, nous vendons Aillette, notre deuxième vache, et son veau de 2 mois.
Ce depart officialise notre décision d’arrêter l’élevage dans notre petite ferme.
C’était une décision difficile à prendre…
Nous nous sommes installés ici en 2014, avec un beau projet en tête : celui de créer une petite ferme en polyculture élevage. Cultiver des cereales, faire de la farine et du pain pour gagner notre croûte, et puis travailler à notre subsistance avec un grand potager, une basse-cour et un petit élevage. Deux vaches et une douzaine de brebis, de quoi pâturer nos prairies, fournir un peu de fumier et un peu de viande. C’était l’idéal….
Taquine, notre première vache, est arrivée le 4 janvier 2015, exactement le même jour que la naissance de Odile. C’était un soir de pleine lune. Une jolie vache jersiaise achetée chez Bernard et Valerie a Ferme de Jambjoule. Nous avons gardé son premier veau, une femelle croisée Limousin : Aillette. L’une et l’autre n’ont pas quitté nos prairies depuis. Elles ont fait chacune plusieurs veaux, dont un prétend même à un peu de célébrité puisqu’il s’agit de Carnaval, parti faire de la traction animale chez Gaëtan Pyckhout. Il a même eu sa photo dans le journal 😄. Ça c’est le beau côté de l’histoire.
À côté de l’ideal, il y a surtout une réalité parfois pesante à vivre. En plus du reste, les cereales, le moulin et la boulangerie, élever 2 vaches et 12 brebis, ça demande du temps, de la présence continue, des compétences, des clôtures bien solides, des milliers de petits ballots de foin et de paille, des litres d’eau, des registres, des cotisations Arsia et Afsca, un vétérinaire, un login sur le portail cerise, une assurance, du fumier à déblayer à la brouette car les bâtiments sont anciens, des inséminations, des minéraux, de la ruse, de la ténacité, des clôtures à réparer encore et encore, des acheteurs à trouver, la tristesse indicible à la sortie de l’abattoir…
C’était notre projet, on l’a fait avec beaucoup de joie car il n’en reste pas moins que la présence d’animaux dans une ferme, ca donne une dimension absolument unique. Vivre une naissance par exemple ! Sentir que d’année en année tu as compris des trucs, tu fais moins d’erreurs et tu t’améliores. Et la mortalité à la naissance diminue. Observer les animaux et leur rythme. Sentir la relation qui se construit entre l’éleveur et son troupeau. Traire à la main. Organiser le chantier de tonte. Rentrer les petits ballots avec les copains courageux. Aider Lilas a donner un biberon à un agneau avide. Accompagner la mort aussi, tranquillement… ca nous connecte à plus grand que nous. C’est puissant.
Mais aujourd’hui, la fatigue nous guette. Celle qui s’installe profondément dans les corps et dans les cœurs. Aujourd’hui pour avoir la force de continuer, nous devons faire des choix. Et nous avons décidé, le cœur dans l’âme, d’arrêter l’élevage. Ce lundi, jour de pleine lune, Aillette et son veau rejoignent un élevage voisin. Nous sommes tristes, et heureux à la fois car nous savons qu’ils seront bien la bas.
En effet, les envoyer tous à l’abattoir est exclu de nos options. Nous sommes donc encore a la recherche d’un lieu d’accueil pour Taquine qui a aujourd’hui 11 ans. Nous sommes prêts à la donner en échange d’un engagement à ne pas la transformer en colis… Les brebis sont à vendre avec leurs agneaux et le bélier. Prix à discuter. Nous souhaitons que tous soient partis pour la mise à l’herbe. Merci de partager notre avis de recherche autour de vous. C’est un deuil difficile, qui sera grandement facilité si nous leurs trouvons de chouettes lieux pour poursuivre leur vie d’animaux d’élevage…