
23/05/2025
C’est le début de ma 22e année en tant qu’enseignant·e au collège. Et hier a peut-être été l’un des moments les plus marquants que j’ai vécus en classe.
J’ai essayé une nouvelle activité appelée « L’activité du bagage ». J’ai demandé à mes élèves ce que le mot bagage évoquait pour eux. La plupart ont répondu que c’était ce poids intérieur, ces choses qui pèsent sur le cœur.
Je leur ai ensuite distribué une feuille de papier, en leur demandant d’y écrire ce qui les préoccupait ou leur faisait mal — sans inscrire leur nom. Puis, ils ont froissé la feuille et l’ont lancée à travers la classe.
Chacun a ramassé une feuille au hasard et nous avons pris le temps de les lire à voix haute. Après chaque lecture, je demandais doucement si l’auteur souhaitait en parler. Certains ont accepté, d’autres ont préféré garder le silence — ce que nous avons respecté.
Ce moment a été très émouvant. Plusieurs élèves ont évoqué des difficultés personnelles profondes : des situations familiales complexes, des sentiments de solitude, des pertes douloureuses, ou encore des soucis de santé. Un·e élève a même partagé une anecdote plus légère sur la perte de son cochon d’Inde à cause de son poids — cela nous a fait sourire, et ce petit moment d’humour a permis à tout le monde de respirer un peu. 😄
Parfois, celui qui lisait était ému, parfois c’était l’auteur du message. Ce fut une expérience forte, humaine, et, malgré tout, porteuse d’espoir. Je crois sincèrement que mes élèves sont sortis de cette activité un peu plus empathiques, un peu plus solidaires, et plus conscients qu’ils ne sont pas seuls.
Désormais, un sac est suspendu près de la porte de la classe : un symbole pour nous rappeler que chacun porte son propre « bagage », mais qu’on n’est pas obligé de le porter seul.
Avant de sortir, je leur ai dit :
« Vous n’êtes pas seuls. Vous êtes aimés. Et on se soutient, ici. »
Je me sens incroyablement chanceux·se et fier·ère d’être leur enseignant·e. ❤️
— Inspiré d’une activité partagée par Karen Wunderlich Loewe