Adélaïde Kientzi - Prétexte art-thérapie

Adélaïde Kientzi - Prétexte art-thérapie Rencontrer l'art-thérapie, un prétexte pour se rencontrer soi-même

"J'ai demandé au directeur, il est d'accord"...E. est une enfant de 8 ans, porteuse de troubles du spectre autistique.El...
11/10/2023

"J'ai demandé au directeur, il est d'accord"...

E. est une enfant de 8 ans, porteuse de troubles du spectre autistique.

Elle se montre vive, tant sur le plan verbal que corporel. Au-delà de cette vivacité, c'est aussi une agitation qui semble l'animer, l'amenant à questionner, presque sans cesse, sur ce qu'elle doit faire et ce qui va se passer ensuite, là, juste après, et puis dans 1h, ce soir, demain, etc...en dehors de ces litanies, on observe aussi qu'E. a souvent mal, au ventre, ou des irritations sur la peau.

A travers ce temps passé ensemble il est question de porter son attention sur soi. Elle se saisit sans crainte d'un instrument de musique en métal, qui résonne longtemps. Elle part explorer des possibilités de jeu toutes plus surprenantes les unes que les autres. Assister à ça, c'est comme de la voir manches retroussées et lampe frontale allumée, creusant un tunnel en quête d'un trésor caché qu'elle seule va trouver.

Progressivement son agitation décroît. Sa parole se fait plus espacée. La communication devient moins verbale, plus occasionnelle, davantage sous forme de gestes, de regards, parfois de sourires, de grimaces, le tout accompagné de silence.

Quand arrive la fin de la séance, E. n'a pas envie de s'arrêter. Elle continue et dit "j'ai pas envie qu'ça s'arrête, j'voudrais qu'on enlève la fin".

Tentant de répondre quelque chose, je finis par trouver qu'il n'y a rien à répondre. Que c'est légitime, de vouloir enlever la fin, et admirable de le dire. C'est ça que je lui dis: que c'est bien de le dire.

L'agitation qu'elle avait mise entre parenthèse le temps de la séance commence à refaire surface et elle lance:

"j'veux qu'on annule la fin. J'ai d'mandé au directeur, il est d'accord".

Le silence qui suit me surprend, autant qu'elle sans doute.

Je l'attends, la laisse finir à son rythme.

La question de la fin pose question pour E., le sens qu'elle lui donne lui appartient, comme pour nous toutes et tous.

La coupure que je propose ne se fait pas comme prévu et c'est bien cela qui va cheminer jusqu'à la prochaine séance.

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Nos agitations intérieures nous secouent et peuvent s'imposer, faire partie de notre équilibre tant que nous considérons que ça ne puisse pas être autrement.

Dans le cas de personnes atteintes de troubles mentaux ou psychiques, ces agitations amènent de la fatigue, physique et mentale, et peuvent aussi amener d'autres difficultés.

Que faire de ces agitations ? Y mettre fin ? est-ce qu'annuler cette fin-là, ce n'est pas simplement repousser une échéance indéfiniment ?

Nous pensons qu'il est possible de mobiliser les agitations pour en faire quelque chose, peut-être s'en servir pour retrousser ses manches et partir en quête de son trésor, à l'image d'E...

Je nous laisse réfléchir...à l'infini...
..Autant qu'au fini...

Je ne suis pas une artiste.N'en déplaise à celles et ceux qui chercheraient dans l'art-thérapie une façon de faire, des ...
10/10/2023

Je ne suis pas une artiste.

N'en déplaise à celles et ceux qui chercheraient dans l'art-thérapie une façon de faire, des conseils techniques ou esthétiques, ou de valoriser une production. Il existe pour cela le domaine de la médiation artistique.

L'art peut-être il soigner ? cela est discutable, tout du moins il possède des vertus thérapeutiques.

L'art-thérapie proposée par Prétexte art-thérapie se rapproche plutôt d'un artisanat de la relation, qui fait intervenir un média emprunté au monde de l'art: de l'argile, des éléments de bricolage, un jeu, de l'écriture, des éléments de sensorialité, de la couleur sous forme de peinture ou d'autres éléments...

Dans un souci éthique, et pour éviter de mélanger le désir de l'art-thérapeute avec celui de la personne qui vient le voir, l'art-thérapeute ne peut pas être un artiste.

La créativité de l'art-thérapeute intervient dans la conception de ce qu'il/elle propose aux personnes, de façon adaptée à leurs besoins.

La créativité de l'art-thérapeute intervient aussi dans sa façon d'accueillir, d'écouter, d'accompagner, d'observer, de se comporter avec les personnes qu'il/elle accueille.

A l'image de ce qu'Emmanuel Venet affirme dans Manifeste pour une psychiatrie artisanale "(...) de même que les vrais luthiers ne fabriquent jamais deux fois le même violon, les vrais soignants (...) ne co-organisent jamais deux fois la même relation thérapeutique. C'est la grandeur et la noblesse de leur métier (...)".

Je ne suis pas une artiste.

06/10/2023

Quel est le point commun entre un(e) art-thérapeute et un(e) rugby (wo)man ?

Il/elle sait se placer.

Faire un pas de côté lorsqu'il sent que c'est nécessaire, ou au contraire se rapprocher pour venir en soutien. Se tenir trop près du sujet risque de l'enfermer. Trop loin, on risque de manquer un essai.

Dès lors que la distance nécessite un mouvement, l'art-thérapeute comprend qu'il faut réagir.

Dans le cadre d'un accompagnement art-thérapeutique, voici l'histoire de K., un adolescent atteint de polyhandicap.

Nous nous voyons chaque semaine, dans l'idée de stimuler la créativité de K., au moyen d'outils sensoriels. Son regard se pose toujours autour, rarement au centre, ni dans les outils qui lui sont proposés.

Il aime se lever, s'asseoir, bouger, se relever, déambuler. Ses jambes le portent à peine et il fait avec, sa voix prononce des sons, surtout des souffles, ou des inspirations résonantes. Ses mains font de telles acrobaties articulaires que ses muscles sont sur-développés.

La relation se construit avec le temps et K. me reconnaît, il se saisit occasionnellement des éléments que je dispose sur sa route.

L'art-thérapeute qui tente d'amener K. vers quelque chose, comprend qu'il est peut-être trop proche de lui corporellement. C'est soudainement et intuitivement que cet art-thérapeute dit "j'ai compris, K., tu as peut-être besoin d'espace", alors je recule, doucement, je lui laisse la place. J'observe, je me montre présente, cela prend du temps. Et le temps passe différemment à cet instant. Il se déroule à la vitesse des pensées, pas à celle de l'horloge.

Lorsque tout à coup il se lève. Me regarde, et tape dans un ballon, très fort, avec son pied, en criant "pu**in".

On rit ensemble, généreusement.

L'art-thérapeute apprend grâce à lui, et se sent pleine d'humilité face à cet événement.

A moins que ça n'en soit pas vraiment un...c'est selon.

Le point commun entre un(e) art-thérapeute et un(e) rugby (wo)man ?

Il/elle sait se placer.

La posture thérapeutique.Maud raconte à travers cette vidéo comment la danse a été un moyen de se libérer de ses difficu...
04/10/2023

La posture thérapeutique.

Maud raconte à travers cette vidéo comment la danse a été un moyen de se libérer de ses difficultés liées à l'amputation de sa jambe.

S'évader, dit-elle, lui a permis de dépasser les situations de handicap.
Son récit touchant parle de la façon de vivre ses difficultés, ainsi que de toutes les personnes qui peuvent se sentir en souffrance au quotidien en regard du handicap, de se sentir différent, et accablé par le regard parfois dévalorisant, des autres.

La professeur de danse quant à elle, évoque sa rencontre avec cette jeune fille, et aux choses qui l'ont marquée: ce ne sont pas ses différences qui l'ont marquée, mais toutes les autres choses qui la caractérisent, son humanité.

Je rejoins la posture de cette enseignante, qui parle d'apprendre en même temps que les enfants.
Comment accompagner des personnes qui traversent des difficultés que l'on a pas soi-même vécues ?

L'accueil des personnes dans ce qu'elles sont, leur laisser la place, faire avec, et surtout se mettre dans une posture d'apprenant face à celles et ceux qui sollicitent de l'aide, est pour moi une composante déterminante dans la qualité de ce que l'on peut apporter en tant qu'art-thérapeute, et cela respecte aussi l'éthique de notre activité: accueillir l'autre sans jugement, et en leur permettant de se rencontrer elles-mêmes.

Car c'est en se plaçant du côté de celle qui ne sait pas, tout étant attendue du côté de celle qui sait, qui permet d'avancer.

"La danse c'est un moyen de s'évader, (…) un endroit où je me libère." Sourde et amputée d'une jambe suite à une maladie de naissance, Maud, comme tous les enfants, a voulu faire comme sa soeur. Comme elle, elle a voulu faire de la danse classique. Aujourd'hui à 16 ans, elle est au conservat...

Un jour t'as 5 ans, t'apprends à nager aux bains municipaux.40 ans plus t**d, la piscine est devenue un lieu d'expositio...
30/08/2023

Un jour t'as 5 ans, t'apprends à nager aux bains municipaux.

40 ans plus t**d, la piscine est devenue un lieu d'exposition et tu y célèbres l'engagement en faveur du handicap. Tu assistes à des interventions officielles pour fêter les 60 ans d'un établissement qui œuvre en faveur de ces personnes.
L'église est remise au milieu du village, avec des paroles fortes.

Tu ne peux t'empêcher de te demander pourquoi toi tu peux toujours nager sereinement dans une piscine pendant que d'autres ont des difficultés, ne serait-ce que pour accéder au bassin, et pas seulement parce-qu'ils sont en fauteuil.
Tu ne peux non plus t'empêcher de penser à ce mot "handicap"...

Juste à côté, l'Ime les Catherinettes-Pays de Colmar, un établissement de l' , que je souhaite remercier pour leur confiance.
Pour cette 3e année consécutive j'ai la chance de pouvoir intervenir auprès des enfants de l'IME en tant qu'art-thérapeute.
Je souhaite remercier le directeur de cet établissement Bertrand DEPIERRE-BASSANELLI.

En tant qu'art-thérapeute indépendante il me semble précieux de pouvoir faire partie d'une équipe thérapeutique dans un établissement, et de travailler ensemble aux côtés des éducateurs, des enseignants, avec les enfants, et en communication avec leurs parents.
Merci également à l'équipe administrative et à toutes les personnes qui rendent l'art-thérapie possible dans ces conditions.

Lors d'une journée « team building », certains membres du personnel ont saisi l'occasion d'un atelier de modelage d'argile pour construire une sculpture collective.
Chacun a pu y ajouter son petit quelque chose...comme une métaphore de «travailler ensemble ».

Adélaïde Kientzi, Prétexte art-thérapie

 #3 L'art-thérapie: comment ?Se demander comment l'art-thérapie, revient à se demander ce qu'est être créatif et comment...
16/07/2023

#3 L'art-thérapie: comment ?

Se demander comment l'art-thérapie, revient à se demander ce qu'est être créatif et comment stimuler nos capacités créatives.
Est-ce que tout le monde peut être créatif ? Ou bien cela est-il réservé aux artistes ?

Dans un article paru récemment, j'ai lu qu'"être créatif, c’est apprendre à voir comment des éléments apparemment improbables peuvent se combiner pour former un nouvel ensemble fructueux"*.
Cette définition me plaît car elle rejoint la démarche que propose Prétexte art-thérapie : à travers une proposition d'éléments qui empruntent des outils à l'art, la personne peut se saisir des différents éléments pour élaborer quelque chose.
La sensorialité est au cœur de notre démarche, nous pensons que la manipulation sensorielle peut amener des mouvements à l'intérieur.
Nous pensons aussi que des mots peuvent être cachés dans la matière, des mots enfouis, oubliés, qui semblaient perdus. Manipuler des éléments sensoriels dans un cadre art-thérapeutique peut permettre de retrouver ces mots et leur redonner du sens dans ce que la personne vit aujourd'hui.

Cette forme de créativité s'adresse à soi, mais dans un sens plus global et métaphorique, former un ensemble avec des éléments improbables n'est-ce pas ce qui nous permet de nous réaproprier ce qui nous appartient ? d'affirmer nos différences ?
En les affirmant, les valoriser et peut-être même en tirer profit dans toutes les sphères de nos vies.

Se trouver dans un espace art-thérapeutique c'est faire avec ce qu'il y a devant soi.
Stimuler la créativité peut être un moyen d'expérimenter de nouvelles combinaisons dans ce qui nous paraît douloureux, difficile, insurmontable parfois. Non pas qu'il y ait de meilleures façons de faire, mais afin d'initier un mouvement vers soi qu'on aurait pas vu ni imaginé dans un autre contexte. Pas mieux donc, mais différent.

Quand bien même on aurait devant soi un ensemble de choses qui ne nous convient pas, qu'il n'y ait pas assez de choses ou qu'elles ne soient pas à notre goût, ce manque pourrait pourtant bien relancer l'envie de faire autrement, et ainsi de se reprendre en main.

Parce-que la créativité n'est pas une capacité rare réservée qu'à certain(e)s, parce-que nous faisons toutes et tous appel à nos capacités créatrices à chaque moment de nos vies, dans les choix que nous faisons au quotidien, dans les liens que créons entre des choses, et qui nous sont propres.

Pour toutes ces raisons, solliciter un(e) art-thérapeute est un engagement avec soi-même, et une façon de valoriser toutes les tentatives que nous faisons pour traverser des difficultés et se sentir mieux.

*https://lnkd.in/e9gXyevm

Adélaïde Kientzi, Prétexte art-thérapie

Parce-que l'art-thérapie questionne actuellement, je prends cette opportunité pour raconter mon expérience en tant que p...
10/07/2023

Parce-que l'art-thérapie questionne actuellement, je prends cette opportunité pour raconter mon expérience en tant que professionnelle.

#2 L'art-thérapie: pour(-)quoi ?

Se demander pourquoi l'art-thérapie revient à se demander pourquoi s'exprimer ?
Même s'il serait réducteur de parler d'art-thérapie exclusivement en termes d'expression.

Il m'arrive souvent de me demander à quoi ça sert de ressentir des choses si c'est pour ne pas les exprimer ? À quoi ça sert d'aimer quelque chose ou quelqu'un si c'est pour ne pas l'exprimer ? À quoi ça sert de vivre des choses, si c'est pour ne pas les exprimer ? A quoi ça sert de penser si c'est pour ne pas parler ?

D'un aurte côté, on peut bien vouloir garder toutes ces choses pour soi et ce n'est pas un problème.

Je n'ai pas la réponse à ces questions, je suppose qu'elles dépendent de chacun.

Mais en tant qu'art-thérapeute, je peux témoigner que l'art-thérapie peut être une réponse aux difficultés que l'on peut rencontrer pour exprimer des choses qui sont à l'intérieur de soi, et qu'on peut trouver difficile à garder. Des choses dont on ne sait que faire. Qui barrent le passage à d'autres choses. Qui encombrent.
Les exprimer permet d'évacuer certaines souffrances, et les exprimer d'une certaine façon peut même permettre de les valoriser.

Ces choses peuvent parfois paraître simples et anodines, tout comme elles peuvent sembler denses : la teneur dépend du sens qu'ont ces choses pour les personnes qui les ressentent. Et de ce qui se passe pour la personne au moment où la séance d'art-thérapie a lieu.
En effet on peut parler ici d'intimité.

C'est pour ces raison que la séance d'art-thérapie est un rdv, avec l'autre, avec une proposition, avec un art-thérapeute, et surtout avec soi-même.

Alors : pour quoi ? Et/ou pourquoi l'art-thérapie ?

Pour apporter une réponse à un besoin de dire, une réponse qui prendrait la forme d'un geste lorsque la parole vient à manquer.

Parfois, que ce soit par la parole ou par le geste, on a l'impression qu'il n'y a rien...cette impression peut vite être balayée par ce que le mot « rien » peut dissimuler...(j'en reparlerai plus t**d, de ce « rien » qui est quelque chose).

Adélaïde Kientzi, Prétexte art-thérapie

Parce-que l'art-thérapie questionne actuellement, je prends cette opportunité pour raconter mon expérience en tant que p...
05/07/2023

Parce-que l'art-thérapie questionne actuellement, je prends cette opportunité pour raconter mon expérience en tant que professionnelle.

#1 L'art-thérapie: quoi ?

L'art-thérapie est avant tout une thérapie de la relation, qui s'inscrit dans le parcours d'une personne qui rencontre des difficultés et qui souhaite évoluer et dépasser la dureté des troubles.

Nous pensons que l'art à lui seul ne soigne pas, même si nous reconnaissons en l'art des vertus, c'est l'accompagnement de l'art-thérapeute qui peut amener un mieux être, en se plaçant comme tiers dans la relation entre la personne et des outils empruntés à l'art.
La capacité de l'art-thérapeute à trouver la posture adaptée à la personne pour lui laisser la place permet à ces personnes de se saisir d'une proposition (cela peut être du modelage, de l'écriture, de la peinture, du bricolage, ...) et d'investir l'espace pour se reprendre en mains.

Ainsi l'art-thérapie peut être décrite comme un moment pour soi, au travers duquel il est possible de se rencontrer autrement.
Ce serait un espace temps dénué de toute injonction et de tout jugement, qui n'attend pas que l'on fabrique quelque chose mais au contraire que le temps se déroule à l'allure de nos pensées.

Car chaque chose peut-être le début ou la fin d'une autre.

Pour ces raisons, nous valorisons l'idée que la rencontre avec l'art-thérapie et l'art-thérapeute est un prétexte pour se rencontrer soi-même.

Adélaïde Kientzi, Prétexte art-thérapie

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7 Rue Des Noyers
Limersheim
67150

Téléphone

+33677751329

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