23/05/2025
Coup de gu**le
Aujourd’hui, c’est un poste un peu particulier que je fais suite à une photo postée en Story sur WhatsApp.
Celles et ceux qui me suivent depuis un moment savent que j’aime rire parfois des filtres utilisés sur les photos, qui arrangent la réalité, au point de bien trop la déformer. Je considère pouvoir me le permettre, puisque contrairement aux influenceuses qu’on ne reconnaît qu’à travers l’image qu’elle renvoie sur les écrans, moi vous venez en séance à 99 % au cabinet et vous savez donc tous pertinemment à quoi mon visage et ma silhouette ressemblent en réalité.
Cette photo, moi, me faisait sourire.
Puis il y a eu cette réponse, ce commentaire.
Il m’a fallu retourner voir aussitôt la photo pour voir si j’avais malencontreusement mis en ligne un décolleté qui aurait dévoilé ce qui ne peut l’être. Mais non.
J’ai donc d’abord ressenti cette peur et cette culpabilité d’avoir mal fait.
Puis ensuite l’humiliation. Alors comme ça, en 2025, un homme, (un client, et en couple, qui plus est!) peut encore se sentir libre de venir insinuer des choses douteuses sans aucune gêne.
La colère est rapidement venue prendre le relais avec l’envie de répondre quelques Punchlines donc j’ai le secret, mais elle s’est aussitôt évanouie car je déteste m’abaisser au niveau de bêtise des autres.
Puis est arrivée l’envie de passer outre, de lâcher prise et de faire comme si de rien n’était. Après tout, je n’ai pas ressenti de « mauvaises intentions » derrière ce message, ce n’est que de l’humour « beauf ».
Sauf que non, ne rien dire c’est accepter.
Alors que, moi, après avoir lu ce message et très succinctement échangé avec son auteur qui finira par s’excuser, et bien j’ai eu envie d’aller me changer, de me couvrir, de porter des vêtements amples, de me cacher pour ne pas tenter un autre a se sentir libre de faire une remarque.
Des simples mots aussitôt oubliés pour eux, des blessures ouvertes pour d’autres.
Bien sûr, cela peut passer complètement au-dessus de certaines femmes voir même certaines s’en amuseraient aussi et c’est très bien ainsi. Mais pour les autres?
Mais qu’attendez-vous ? Qu’espérez-vous ? Que croyez-vous que cela va nous faire ressentir de lire ces mots? Quel en est le but, l’intérêt ? Aucun !
Pensez-vous être les seuls à en avoir l’idée?Les femmes, TOUTES les femmes, subissent vos réflexions constamment !
Je suis bien placée pour savoir que même lorsqu’on n’a pas un physique d’un top model ou d’une actrice X, on en reçoit sans cesse tout de même.
Cette sensation d’insécurité est à vomir parce que l’homme a toujours décidé d’instaurer sa présumée supériorité, il a décrété que le corps de la femme ne méritait aucun respect, que ses moindres pensées, désirs, pulsions, peuvent être jetés à la figure pour qu’elles se rappellent sans arrêt qu’on ne leur témoigne aucun égard.
Même en couple, nous ne sommes pas protégées, combien d’entres nous, comme moi, ont vécu la violence physique, psychologique, les agressions sexuelles ?
Alors non ce n’est pas « pas grave », ces mots balancés à la volée sont la partie visible de l’iceberg que l’on encaisse tout au long d’une vie, et non ce n’est pas acceptable !!
Et à ceux qui penseront et diront : « De toute façon, on peut plus rien dire », il serait enfin temps de comprendre que tout ce qui est irrespectueux n’est en effet plus à partager, que tout ce qui n’est pas consenti n’est plus à imposer, que le corps des femmes n’est plus à commenter, juger ou objectifier, que les hommes n’ont pas à projeter leurs envies, désirs, fantasmes, colères, jugements sur un corps qui n’est pas le leur.
Et enfin peut-être comprendre que derrière chaque femme, il y a un corps, un cœur, un vécu et que chacun de vos mots de vos gestes peut avoir des répercussions douloureuses.
Bref, il est temps d’apprendre à être responsable de vos paroles et de vos gestes, de comprendre leurs conséquences et de vous initier au respect à l’empathie.
Ou alors est-ce moi qui ne suis simplement pas à la page ?
Donc désormais lorsque je croiserai le Dentiste de mon fils, je me permettrais de lui donner mon appréciation sur la moulure que forme son pantalon à son entrejambe, ou encore je donnerai mon avis non sollicité sur la calvitie de l’artisan qui a changé mon chauffe-eau lorsque je verrai une photo sur son compte pro.
Et bien sûr, si on accepte pas mes mots, je les traiterai de « sensibles à qui on peut vraiment plus rien dire » !
Mais non, évidemment que non je ne le ferai pas. Je n’utiliserai pas mon énergie pour rentrer dans leur jeu où l’égo est roi, mais uniquement pour nous défendre et nous faire respecter avec bienveillance et empathie.
Même si, des fois, c’est à se demander si vraiment un jour cela changera…