Cospérec-Andreu Laurence

Cospérec-Andreu Laurence Psychologue clinicienne et psychothérapeute. Je reçois sur rendez-vous les enfants, les adolescents, les adultes ainsi que les familles.

09/07/2019

Burn out en Happyland.

La lucrative industrie du bonheur aurait des effets pervers qui commencent à être démontrés.

En effet, Il existe de nos jours une obligation à être heureu.x.se. ce qui induirait une certaine culpabilité chez ceux qui ne le sont pas. A l'heure où est prônée la croissance personnelle, la pensée positive, le sens de la performance, la gestion de l'inconscient, être triste, ressentir des sentiments négatifs, ne pas être assez opérationne.l.elle. serait perçu comme un signe de faiblesse, de manque de volonté, de manque d'implication et de motivation. Ne pas être au top de soi, avoir le mal de vivre serait même le signal d'une éventuelle dys-fonctionalité. J'accueille dans mon cabinet un nombre grandissant de personnes en situation de burn out qui ne présentent bien souvent pas une antériorité d'antécédents psychologiques ou psychiatriques. Ils arrivent en colère après eux-mêmes, en perte de confiance, émotionnellement vidés, et bien qu'épuisés ils se reprochent un manque de performance, d'adaptabilité, de réactivité, de rentabilité : "Pourtant j'ai été en stage payé par mon entreprise, j'ai vu un coach en développement personnel, j'ai fait de l'hypnose, de la méditation, j'ai vu un énergéticien, je fais du yoga, de la sophrologie, du gigong, de la kinesiologie, de la gestalt, de l'hypnose, de l'acupuncture ...... Ça m'a un peu aidé mais quelque chose ne va pas chez moi, je n'y arrive plus!"

Le burn out est reconnu officiellement comme une maladie . Toutefois, il m'a paru intéressant à la lumière de tout ce que j'entends de prendre le contre-pied et de me questionner de la manière suivante :

- Et si le "burn out " au lieu d'être considéré comme une faiblesse à soigner, un symptôme à traiter, une non-adaptation source de honte était à appréhender comme le moyen de faire le point et d'envisager éventuellement une autre trajectoire ?

- Et si le "burn out " était plutôt le signal d'alarme d'une santé psychique à la fois saine et réactive?

Face à la fétichisation du bonheur, de la performance, le mal être serait alors à appréhender non pas comme un manque d'implication et de mental, mais comme un message à entendre, un sursaut de vie.

Loin d'être le fruit d'un dérèglement individuel, le burn out est avant tout ancré dans un dysfonctionnement sociétal, organisationnel, budgétaire sur lequel il n'y a bien souvent aucune prise. Nombre de personnes rencontrées sont épuisées émotionnellement, physiquement, mentalement et décrivent leurs conditions de travail comme dénuées d'humanité et de sens. Toutes sont conscientes de leur impuissance à influer sur le système.

Quelle est dans cette configuration notre action de cliniciennes?
Le burn out étant entre autres mais avant tout une souffrance émotionnelle, nous aidons à pointer et décrypter les émotions qui sont autant de messages sur ce qui se passe à l'intérieur de soi. À l'heure des open spaces et de la dépersonnalisation au profit du collectif, de la rentabilité, les émotions viennent mettre une limite, aider à se recentrer, retrouver sa lucidité pour mieux appréhender sa trajectoire de vie. Il est à rappeler que le burn out ne se soigne pas tel une pandémie dont les symptômes sont hiérarchisés, codifiés, traités. Une personne souffrant de burn out vient déposer avant tout son désir de trouver un mode de vie respectueux de son humanité, de ses codes et de ses besoins.

Pour nous, psychologues cliniciennes se pose un problème éthique:
- Toutes les offres, (Livres, conférences, stages, thérapies) consacrées à la performance, au mental, ne rentrent-elles pas dans le piège du système ambiant en favorisant à coup de techniques la sur-adaptation qui a pour conséquence perverse de permettre le non-changement en profondeur du système actuel de travail?

01/07/2018

Petit rappel 😉

Ce livre apporte un éclairage sur la neurostimulation cérébrale profonde dans le cadre de la maladie de Parkinson.

12/04/2018

Pour un souci clinique et éthique.

Toujours dans le même souci de mieux faire connaître le métier de psychologue clinicien(ne), je m'attacherai à mettre en exergue quelques points qui me semblent essentiels à la bonne compréhension de notre profession:

Dans un post l'été dernier je m'étais attachée à pointer les complémentarités et les différences de la pratique médicale et de la pratique psychologique. En effet, ces deux pratiques se rejoignent en considérant la personne à la fois dans sa dimension somatique et psychique. Autant la médecine vise à faire taire à juste titre un symptôme, autant la psychothérapie vise quant à elle , à le faire parler.
Dans ce présent post il me semblait important de mettre en exergue un certain nombre de fondamentaux de notre profession:

Notre discipline n'opère pas de la même manière que celles qui touchent directement au corps. La (le) spécialiste de l'esprit ne prescrit pas des séances de suivi médical, et à l'inverse, aucun médecin ne devrait pouvoir prescrire des séances de psychothérapie. A chacun sa spécificité , ses techniques , son autonomie, son métier. Personne ne peut en effet dire à un(e) neurologue ou à un(e) généraliste quels examens effectuer. Il(elle) est seul(e) maître de son savoir, de ses consultations ainsi que des investigations à mener.

Consulter un(e) Psychologue relève avant tout et uniquement d'un engagement personnel. Des tiers aussi bien familiaux, médicaux qu’amicaux , peuvent toutefois tirer la sonnette d'alarme et conseiller d'effectuer une démarche, mais la seule réussite de cette dernière dépend de la motivation de la personne concernée et de son degré d'implication. Entamer une psychothérapie n'est en effet pas une démarche simple, elle ne peut s'effectuer de la même façon que l'on programmerait un voyage par exemple.

Comment dois-je m'y prendre pour effectuer une démarche personnelle?Commencer un travail sur soi est une forme de périple, mais il ne peut toutefois être low cost . Il ne peut pas non plus se baser sur un temps imposé par un tiers. Choisit-on humainement une personne en fonction d'un coût , du temps d'une prestation? Ou plutôt le(la) choisit-on en fonction d'un feeling , en se demandant avant tout si la personne en question nous mettra à l'aise et sera en capacité de bien nous entendre? Faire une psychothérapie c'est s'engager dans une aventure humaine durant laquelle le respect , la confiance sont mutuels.....Quelquefois le prénom de la (du) thérapeute peut dans un premier temps faire un écho positif, il y a aussi sa façon de se présenter, de communiquer, d'écrire . Le bouche à oreille peut aussi permettre de se décider. Mais pour le moment je n'ai jamais encore entendu une mère de famille s'exprimer de la façon suivante: "je vais prendre untel car elle fait un forfait sur les séances mais c'est sûr, du coup elle consacre moins de temps à parler à mon enfant...... elle rogne son temps d'écoute . Pas grave c'est quand même moins cher et c'est du psychologique ! " ou encore :" tel médecin est plus cher donc je vais en choisir un autre qui applique un tarif moins élevé mais qui du coup prend moins de temps pour l'auscultation... Pas grave! C'est de la santé quand même! Même en moins de temps il(elle) fera de la médecine quand même. Mieux vaut cela que rien du tout!

La libération de la parole , vous commencez je l'espère à le comprendre, ne peut être inféodée par aucune instance si ce n'est la vôtre. Chaque thérapeute quant à lui(elle) est garant(e) de son cadre qu'il a mis à l'épreuve .

Nous avons tous la même formation de base, (Master 2 de psychologie) nous sommes tous bien entendu en capacité d'effectuer des suivis psychologiques. Seule notre spécificité, notre manière de travailler, notre personnalité fera la différence. C'est la même chose pour un médecin généraliste : il (elle) pourra par exemple effectuer un DU complémentaire en nutrition, etc......à chacun(ne) sa spécialisation. La psychologue clinicienne peut devenir psychothérapeute aprés avoir suivi une formation complémentaire.

Comment réussir à ne pas échouer? Peut être se poser les questions suivantes:

Est ce que le feeling passe ?
L'accompagnement et le cadre que me propose la(le) psychologue me convient-il?

Quand il s'agit de notre monde intérieur il faut savoir à qui ouvrir sa porte. Le temps d'apprivoisement ne peut se quantifier , être analysé et prescrit par quiconque. À chacun sa temporalité, à chaque psychothérapeute son savoir- faire. Il faut se lancer. C'est un saut qui n'appartient qu'à nous et le choix de notre psychothérapeute est influencé par des contingences singulières qui nous dépassent souvent.

Parfois je reçois des personnes qui ont essayé quelques confrères ou consoeurs avant de sonner à ma porte (et vice-versa). Cela n'enlève, bien entendu , rien à leur(notre) valeur qui est incontestable. Mais livrer sa vie à quelqu'un demande un minimum à ce que les deux personnes en séance entrent en connexion . C'est avant tout une histoire humaine : tout le monde ne peut s'entendre et tant mieux. La relation thérapeutique est la clé de voûte du succès de chaque prise en charge.

Qu'en est-il de nos compétences? Nos connaissances, notre savoir faire sont sans cesse à réinterroger. La(le) psychologue clinicien(ne) est sans cesse au travail: cela a un coût en terme d'énergie personnelle, de déplacements, d'analyse de notre pratique, de formation.
Le savoir intellectuel qu'exige notre profession ne peut, ainsi, ni se brader, ni être subordonné ou (et) encadré par d'autres acteurs non psychologues sous peine de perdre le sens de l'esprit humain , de la parole libre , de la spécificité, de la richesse, de l'essence même de notre travail.

Pratique médicale et pratique de la psychologie clinique : différences et complémentarités.Insidieusement, les protocole...
01/08/2017

Pratique médicale et pratique de la psychologie clinique : différences et complémentarités.

Insidieusement, les protocoles divers et variés viennent mettre en place une hiérarchie des valeurs, des besoins et des urgences. La prise en compte en priorité du corps et son organicité gagne souvent, malheureusement, du terrain sur l'aspect psychologique. Or, loin de se contredire, ces deux pratiques couplées se rejoignent en considérant l'ensemble de la personne, à la fois dans sa dimension psychique et dans sa dimension somatique.

Que visent les deux pratiques ?
La pratique médicale vise, à juste titre, à faire taire un symptôme.
La pratique " psychologie clinique " quant à elle, vise à laisser parler le symptôme dans sa dimension à la fois réelle et singulière. Pour exemple, et entre autres, des maux de dos à répétition, des troubles de l'estomac, des maux de tête chroniques ..... peuvent s'alléger considérablement s'ils peuvent se parler et s'inscrire dans un contexte, une histoire. La psychologue clinicienne ne s'oppose pas au médecin, bien au contraire : en faisant alliance, elle permet l'élaboration du "dialogue intime" entre le (la)patient(e) et ses maux.
Les mots que le(la) patient(e) emploie pour parler sa souffrance seront importants : raconter, écouter font en effet, partie intégrante du soin et permettent de démédicaliser l'expérience de la maladie. Quel risque prend-on de ne pas prendre le corps dans sa dimension de parole ? Le risque est que le(la)patient(e) glisse petit à petit dans un état de dépendance psychique aux traitements, aux investigations diverses et variées, ainsi qu'au corps médical.
Cette dépendance a, bien entendu, un effet néfaste sur la maladie : s'en déposséder, c'est renoncer à pouvoir influer positivement sur son cours.
La guérison dans cet état de fait ne peut venir que de l'Autre médical. Le patient peut en perdre toute vie psychique, toute autonomie de pensée, de ressenti, d'initiative. Certains maux peuvent ainsi se multiplier sans fin et se déplacer sur tout le corps.

Pour finir, soigner ne peut se réduire à un acte purement médical. Il n'est plus à prouver que toute personne actrice de sa maladie met toutes les chances de son côté vers la voie de la guérison. C'est ce que vise à soutenir, entre autres, la psychologie clinique.

Laurence COSPEREC-ANDREU.

21/10/2016

Voici la version numérique de notre livre :1,99€.

Parkinson à contre-courant, une vie neurostimulée

Résumé

Ce livre apporte un éclairage sur la neurostimulation cérébrale profonde dans le cadre de la maladie de Parkinson.

À travers le témoignage de Chantal Guillou (ancienne infirmière libérale), questionnée par une psychologue clinicienne, Laurence Cosperec-Andreu, Parkinson à contre-courant, une vie neurostimulée appréhende d’une façon intimiste les difficultés à la fois psychologiques et physiques auxquelles confronte cette maladie, qui touche entre 100 000 et 150 000 personnes en France.

Cet ouvrage évoque le ressenti intime d’un corps qui se transforme, que l’on a du mal à maîtriser. L’évolution de la maladie de Parkinson exclut souvent le sens, le retranche dans ses limites : alors que le corps se dirige à contre-sens, la pensée ne sait plus parfois dans quelle direction le diriger. Quand pensée et corps se désolidarisent, c’est le hors-piste, le vide, la disparition de soi-même.
Voici le récit à deux voix d’un tournant de vie que l’on n’avait pas choisi et du combat qui s’impose à nous....

https://www.edilivre.com/parkinson-a-contre-courant-une-vie-neurostimulee-laurence-cosperec-andreu-et-chantal-guillou.html

Ce livre apporte un éclairage sur la neurostimulation cérébrale profonde dans le cadre de la maladie de Parkinson.

Désolé(e), je ne suis pas dans mon assiette.Je vous propose une mise sur le grill, et ce, de manière frugale et non-exha...
14/09/2016

Désolé(e), je ne suis pas dans mon assiette.
Je vous propose une mise sur le grill, et ce, de manière frugale et non-exhaustive, de quelques enjeux sous-jacents au processus anorexique lesquels sont souvent subordonnés aux questions fondamentales de l'adolescence. Pour nous aider à appréhender le contexte dans lequel souvent éclosent les comportements de restriction alimentaire, je citerai en préambule un paragraphe de Jean-Jacques ROUSSEAU dans « les rêveries du promeneur solitaire » :
"Tout est dans un flux continuel sur la terre. Rien n'y garde une forme constante et arrêtée, et nos affections qui s'attachent aux choses extérieures passent et changent nécessairement comme elles. Toujours en avant ou en arrière de nous, elles rappellent le passé qui n'est plus ou préviennent l'avenir qui souvent ne doit point être : il n'y a rien là de solide à quoi le cœur se puisse attacher. .....
Mais s'il est un état où l'âme trouve une assiette assez solide pour s'y reposer tout entière et rassembler là tout son être, sans avoir besoin de rappeler le passé ni d'enjamber sur l'avenir ; où le temps ne soit rien pour elle, où le présent dure toujours sans néanmoins marquer sa durée et sans aucune trace de succession, sans aucun autre sentiment de privation ni de jouissance, de plaisir ni de peine, de désir ni de crainte que celui seul de notre existence, et que ce sentiment seul puisse la remplir tout entière ".
L'état anorexique serait un état où l’âme serait privée momentanément de son assiette. Il témoignerait de l'impasse psychique et de l'immobilisation de la pensée fixée sur un symptôme au moment des grandes questions de l'adolescence. Le processus anorexique souhaiterait arrêter le temps et le flux de la vie. Temps suspendu comme mode de réponse en acte au moment de s'arracher de sa famille et d'envisager l'avenir. Que se passe-t-il dans cet équilibre rompu qui met à mal le système familial ? Quelques éléments de compréhension :
L’équilibre acquis pendant l'enfance ne suffit plus pour répondre aux questions existentielles et faire des choix. Or, choisir c'est renoncer. Alors autant renoncer soi-même afin d'en mieux maîtriser le processus. Angoisse de la solitude, incertitude sur l'avenir, la magie d'avant n'opère plus. Nostalgie mais angoisse aussi de ce qui n'adviendra plus. Maigrir, c'est réduire l'écart entre l'image qui est renvoyée et le profond désarroi du rapport que l'on a avec soi-même au moment du renoncement. C'est tenter de fixer tout son être dans une assiette afin d'en mieux affirmer les contours. Une forme d'autonomie introuvable qui se concrétise par une impasse psychique qui pourrait s'exprimer de la manière suivante : face à ma demande régressive insupportable, je la dénie et la renverse en son contraire, et revendique mon indépendance. Les deux mouvements pèsent aussi lourds l’un que l’autre et confinent à l’immobilisme.
La désillusion de l'adolescence est insupportable, ce que les parents ont toujours laissé croire prend des allures de fable du père Noël. Le choix de réponse symptomatique n'est toutefois pas anodin car il se tourne vers un modèle socialement valorisé. Le comportement anorexique adhère au stéréotype de féminité hautement médiatisé afin de ne pas trop s'éloigner d'un idéal et de ne surtout pas décevoir. Cela en devient même parfois un impératif catégorique dont il est très compliqué de se déprendre, car en devenant d’une extrême maigreur, l’identité devient clairement différenciée des autres. La pensée s’enkyste et se fige sur un seul impératif : diminuer de plus en plus la prise alimentaire. L’obsession de ne pas grossir amène une distorsion de l’image corporelle et des quantités absorbées au point parfois d’amener à l’arrêt de l’alimentation.
Le temps du repas devient insidieusement un temps dénué de plaisir, scène durant laquelle se jouent des conflits de la pensée qui tourne en boucle : refuser, trier, attendre, compter, engloutir, déglutir, rejeter ...corps neutralisé, maîtrisé, contrôlé. Il devient surinvesti comme expression de soi mais aussi contre-investi comme lieu du désir et du devenir incertains.
L'état anorexique est un processus qui envoie dans les profondeurs de la faim et à la multiplicité de ses sens. Sensations extrêmes parfois aussi savoureuses que les plats les plus goûteux. Emboîtement complexe de réflexions qui renvoient sans cesse à des contingences jusqu'à ce qu'en toute fin, il est à espérer, émerge l'épure d'un désir propre.

Pour finir, nous pouvons constater que les troubles de la conduite alimentaire s’ingèrent dans le corps en touchant à sa dimension à la fois organique et symbolique. L’important est d’amener la personne à décoder le sens complexe et multi factoriel de cette conduite qui a pris racine dans un contexte souvent lourd de non-dits, de silences, d’appréhensions, de colères et d’incompréhensions. Il est à souligner que ce symptôme a souvent aussi, un, ou des destinataires. Ce pourquoi il est à souhaiter qu’un suivi familial soit entamé en plus d’un suivi individuel.
Laurence Cospérec-Andreu.

Le non, constitutif du "je".Alors qu'il commence à explorer le monde avec la marche, Le non du petit enfant vers dix- hu...
30/06/2016

Le non, constitutif du "je".

Alors qu'il commence à explorer le monde avec la marche, Le non du petit enfant vers dix- huit mois, deux ans environ, est une véritable déclaration d'indépendance. Malgré parfois les apparences, ce n'est pas un signe de colère ni de négativisme. Il permet à l'enfant de se construire et d'expérimenter la palette des émotions qu'il a le pouvoir d'engendrer chez l'autre. Il est une marque de distinction qui va venir renforcer l'estime de lui- même.

Pour affirmer son identité l'enfant de deux ans, ne peut se construire que par opposition à un autre. En disant son non ! L'enfant par-là exprime qu'il est une entité et qu'il existe non pas par rapport à l’autre dont il dépendait complètement, mais par rapport à lui. Il devient une personne à part entière, détachée de l’Autre.
Ce non crié parfois avec véhémence et fréquence, témoigne de la construction de sa personnalité dont il a besoin d'affirmer les contours.

Ce non provoque bien entendu, des réactions chez l'adulte que le petit à la fois cherche et craint. Sa provocation n'est que de surface et les réactions de l'autre le débordent souvent car il ne peut s’en passer indéfiniment.
Le non côtoie souvent les pleurs. L’enfant se met aussi parfois à frapper et (ou) mordre. Surtout quand l'adulte lui oppose en retour un non qui a le pouvoir de l'arrêter dans son désir et dans son élan de découverte.

L'enfant expérimente la palette des émotions qui l'aide à comprendre comment réagissent les adultes, les autres enfants ou animaux. Il aime à jouer avec ce mot qu'il clame sans cesse. Dire non, c'est dire tout court. Ce non sort en même temps que l'apprentissage du langage et l'exploration de son environnement. C'est un dire qui vient dresser les contours de soi, l'enfant par son non, dit ce qu'il est, ce qu'il ne veut pas être, ce qu'il souhaite, ce qu’il aime. Il n'est pas dilué dans l'espace dont il part à la conquête.

Il est important de renvoyer à l'enfant que le non peut se dire tranquillement, qu'il ne comporte aucun risque de s'opposer ni de s'affirmer. Ce non s'atténuera pour reprendre vers l'adolescence et se manifester tout aussi fortement. Comme si la prise d'indépendance nécessitait un point de non rapport entre soi et l'autre : je suis comme je suis, et pas comme tu veux que je sois. Je ne te rencontre pas, je m'oppose à toi. Il permettrait ainsi de se soustraire à la volonté de l'autre afin de mieux maîtriser sa propre trajectoire désirante. L'enfant suit sa propre direction pleinement occupé à jouer, maîtriser ses gestes, répétant inlassablement les mêmes activités, le même mot.

S'opposer aux autres c'est avant tout affirmer qui on est. Le non de l’enfant est constitutif du « je ». Ce serait en quelque sorte le « non » du « nom » : juste une question de passage et de fluctuation délicate entre deux pôles : le « n » (haine) et le « m » (aime) en toute fin.

Laurence Cospérec-Andreu

Petit tour en psyland et autres praticiens ….Face à l'importance croissante de l'injonction au bien être personnel, à l'...
09/06/2016

Petit tour en psyland et autres praticiens ….

Face à l'importance croissante de l'injonction au bien être personnel, à l'urgence de l'adaptation au rythme de vie actuel, on assiste actuellement à une surconsommation du "psy" en général. Praticiens en tout genre poussent comme des champignons et offrent la garantie d'un mieux-être miracle. Il est à noter que cette abréviation psy recouvre des pratiques autant différentes les unes que les autres, en passant de la psychiatrie, à la psychanalyse, à la psychologie clinique, la psychologie cognitiviste, la psychologie comportementaliste mais aussi à des pratiques à résonance plutôt.... Excusez-moi de le dire, ésotérique. Mon propos qui va suivre concerne essentiellement ces dernières.
Comme dit Raymond CAHN : "A peu de choses près, les nouvelles thérapies que l'on voir surgir s'apparentent aux pratiques des sorciers dans les sociétés primitives".

Toutes sortes de méthodes, qu'elles soient gestaltiste (thérapie psycho-corporelle holistique), Programmation Neuro Linguistique (techniques de communication et de transformation de soi), EMDR (désensibilisation et retraitement par mouvement des yeux), écriture automatique, hypnose, éclosent de partout et sont la plupart vendues comme des promesses de bonheur et de réussite assurée. Elles balayent tous les symptômes ou presque, et se targuent d'une action sur les angoisses, le poids, la dépression, les traumatismes à coup de publicités et de tracts divers. Elles découpent le mental et le segmentent tout comme la médecine découpe le corps avec ses spécialités. Toutes ces techniques réduisent le sujet à un objet à traiter et ignorent le fait que chaque sujet a un savoir insu. Le plus sérieux et judicieux serait plutôt d'aider chacun à trouver son chemin au lieu de proposer du prêt à porter qui n'ira jamais au bout du compte. Sans compter que ces techniques viennent trouver des solutions à la place de la personne qui devient alors passive, attendant que, telle une extraction dentaire, la technique soi-disant opère…

A l'incertitude de l'être s'oppose la certitude du bien-être, de l'épanouissement personnel grâce au magnétisme du praticien et de sa technique miracle. Focalisation d'un problème précis, zapping d'un spécialiste à un autre.
On surconsomme du "psy", du "praticien" à coup de thérapies mentales expertes en affectivité, comportement, langage inconscient du corps, développement personnel, conscience de soi, restauration de l'estime de soi. Une dernière en date serait une certaine pratique de l'hypnose, qui ferait l'économie d'un travail analytique en étant une voie d'accès rapide vers l'inconscient. Elle traiterait tout et ce, en quelques séances seulement.
Même si l'hypnose a certes fait ses preuves dans la prévention de la douleur et dans certains autres cas, c'est une méthode qui doit être utilisée avec précautions. D'une manière plus générale, toutes ces méthodes ne sont pas forcément mauvaises, tout dépend de la manière dont elles sont pratiquées et encadrées. Elles font surtout l'impasse de la relation thérapeutique et offrent la plupart des fois le kit complet du mieux-être en un temps raccourci, optimisé, véritable illusion de maîtrise de l'Inconscient et de ses avatars.
Il est à noter aussi que l'Inconscient résiste aux scanners, IRM, et à toutes les pratiques en tout genre qui donnent cette illusion de succès « dans la découverte de la puissance de l'inconscient » et qui raccourcissent le temps de son déploiement par une analyse de la problématique et une concentration sur l'objectif.
Or, nul thérapeute, nul patient ne peuvent faire l'économie d'un travail analytique et de son transfert, clé de voûte de la réussite d'une démarche analytique.
De plus, l'Inconscient n'est pas réductible, il n'est pas une machine à reprogrammer, il se soustrait aux lois du "mental training".

Voyons-en dans cela peut être, l'ultime liberté de l'être humain contre le diktat de la béatitude à tout prix et de la toute-puissance de certains praticiens autoproclamés qui font eux aussi l'impasse sur le cursus universitaire et sur le temps de la formation, de l'assimilation.
Ils s'engouffrent dans des activités qui touchent le stress, l'amaigrissement, les phobies et que sais-je encore. La psychologie est certes, un savoir qui concerne tout le monde. Et tout le monde peut encore s'estimer « praticien » des difficultés humaines.
Certaines formations parallèles à la faculté légitiment certaines pratiques qui viennent renforcer le flou ambiant, par une multiplicité d'offres marchandes de self-service vers l'éden mental.

Laurence Cospérec-Andreu

Mères conquistadores.Les relations mère-fils ont fait couler beaucoup d'encre. Entre les deux pôles, de castratrice et é...
26/05/2016

Mères conquistadores.
Les relations mère-fils ont fait couler beaucoup d'encre. Entre les deux pôles, de castratrice et étouffante, moultes adjectifs autant péjoratifs les uns que les autres ont été attribués à certaines mères : surprotectrices, dévorantes, autoritaires, éternelles insatisfaites, abusives, ...certaines empièteraient ainsi dangereusement sur l'existence de leur enfant en les élevant sous serre. Mais la réalité peut aussi être différente.
Que représente pour les mères leur petit garçon ?
Quelle est cette extraordinaire expérience d'élever un petit être si différent biologiquement et culturellement ?
Une expérience d'une grande complexité où le juste milieu est très difficile à trouver. Elles doivent d'une part offrir un appui suffisant pour que leurs fils puissent être ce que la société attend d'eux, mais elles doivent aussi éviter l'écueil d'en faire le "petit garçon à sa maman". Maintenir un lien étroit sans en faire trop est un parcours contradictoire difficile que mères et fils ont du mal à apprécier.
Ce lien puissant survit à toutes les phases de l'existence même s'il prend parfois des allures passionnelles.
Lorsque le petit se blottit contre elle, un flot affectif et charnel envahit la mère. Fusion originelle de la mère et du fils. Force d'attraction qui restera vivante chez elle durant toute la vie de son fils. La sécurité procurée par la puissance de l'amour maternel donnera en retour au fils le sentiment d'appartenir au monde. Elle lui sert de guide si tout va bien, dans le chemin complexe des sentiments.
La mère a une connaissance particulièrement intime de son fils. Elle est la seule à connaître l'étendue de ses peurs qui sont enfouies derrière sa masculinité. Même grand, fort, homme, barbu, musclé, il restera toujours de lui ce petit être vulnérable, dépendant, attachant, qui avait besoin de sa protection et de ses caresses. Cette connaissance représente un des éléments rendant compte de la puissance de la relation mère-fils. Ce lien maternel avec un petit être de sexe opposé est d'une grande richesse doublée de complexité. Pour l'éclairer, un rapide parallèle entre les filles et les garçons.
Autant il semble difficile pour une mère de guider sa fille parmi les chemins de la féminité, autant il semble plus simple pour une femme parfois de guider son fils en développant son intelligence et ses aptitudes physiques tout en comptant sur la puissance de son amour pour le sécuriser intérieurement.
Une mère connaît les obstacles qui attendent sa fille, elle la protège de ce qu'elle croit être bon pour elle- même. Les écueils que la fille rencontrera pourront éventuellement en retour réactiver le sentiment de frustration et d'impuissance de sa mère. La mère a une responsabilité très particulière vis à vis de la réussite de sa fille qui est mise en miroir souvent avec la sienne.
Autant elle apprendra à sa fille à s'affirmer, et à apprécier les limites qui viendront faire obstacle à son épanouissement, autant pour son fils elle agira différemment.
Pour son fils, en effet, c'est une conquérante. Véritable conquistador, elle veut lui offrir le monde.
Ces espérances maternelles si elles ne sont pas démesurées sont stimulantes et canalisent parfois leurs garçons. Freud disait d'ailleurs qu'un fils qui est l'orgueil de sa mère se sentira toute sa vie " l'âme d'un conquérant". Elle a le pouvoir de lui insuffler une confiance, une tranquillité dans ses capacités, un désir de voyages.
Pour la mère en revanche, plus le fils avance dans son histoire plus sa tranquillité s'amenuise. Ne sachant pas à quelles difficultés son fils sera exposé, elle ne peut ni les devancer ni savoir comment elle pourrait elle- même les affronter. Cette peur peut la renvoyer à un vide angoissant, un sentiment de danger imminent, la vie de son fils s'entourant d'un flou. Il échange de moins en moins avec celle qui le connaît tant sur son versant vulnérable. Et pour cause ! Le sentiment de protection et de puissance qui anime la mère depuis la naissance de son enfant se renverse alors parfois en un sentiment de grande vulnérabilité et d'impuissance.
Que ce soit pour sa fille ou pour son fils le plus beau cadeau qu'une mère puisse leur offrir est de leur montrer malgré tout au quotidien son propre bien être, ce dernier ne dépendant pas que d'eux. Une mère malheureuse peut imposer à son insu un grand conflit moral. L'enfant, qu'il soit de sexe féminin ou masculin, peut être amené alors à penser qu'il ne tient qu'à lui de la rendre heureuse. Mais le plus parfait des enfants ne pourra jamais combler quelque vide maternel.
Quand une mère guide son enfant sur son chemin d'adulte, elle ne peut lui éviter certaines erreurs ou échecs. Sa tâche est de lui garantir les ressources émotionnelles, intellectuelles ainsi qu'un sentiment de sa valeur personnelle autonome, qui lui permettront de puiser en lui les ressources pour les surmonter.
Après lui avoir donné la vie, son second cadeau sera de lui donner sa liberté d'actions et de pensées acquises en marge de son rôle maternel. Lui apprendre à avoir confiance en la vie, à aimer, espérer, à donner en retour.
Enveloppé pour toujours de son amour, lui offrir le monde et ses promesses.
Laurence Cospérec-Andreu

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