14/11/2019
Chère consœur, cher confrère,
Les nouvelles recommandations de la Haute Autorité de Santé sur la prise en charge de la bronchiolite du nourrisson viennent d'être publiées. Celles-ci doivent être lues avec la plus grand attention pour ne pas leur faire dire ce qu'elles ne disent pas.
Les patients concernés
Les recommandations portent sur les nourrissons de moins de 12 mois qui ont un premier épisode de bronchiolite aiguë, ce qui correspond à moins de la moitié des patients pris en charge en kinésithérapie de ville (40 à 42 % des cas dans la file active du Réseau respiratoire Nouvelle-Aquitaine). De plus, la kinésithérapie respiratoire "peut se discuter" selon la HAS chez l'enfant en cas de pathologies associées (ex : pathologie chronique...). Or la Haute Autorité envisage la présence d'un asthme du nourrisson dès le troisième épisode de bronchiolite (24 % des prises en charge), et même dès le deuxième épisode en présence d'un terrain allergique (13 ,6 % des cas).
Les recommandations ne concernent donc qu'une partie des enfants pris en charge et indiquent que la kinésithérapie respiratoire peut se discuter pour certains d'entre eux.
La kinésithérapie respiratoire contre-indiquée ou non recommandée par la HAS ?
Pour les nourrissons de moins de 12 mois présentant une première bronchiolite, certaines techniques anglo-saxonnes (vibrations, clapping et drainage postural) sont "contre-indiquées" car elles produisent des effets néfastes. Les techniques de modulation du flux expiratoire utilisées en France ne sont pas, quant à elles, contre-indiquées mais "non recommandées", et ce "en l'absence de données". La HAS ne tranche donc pas la question de fond, à savoir si la kinésithérapie de ville telle que pratiquée en France est efficace ou non et recommande de mettre en place "une étude randomisée" pour évaluer notamment "son impact sur le recours hospitalier".
Les kinésithérapeutes, acteurs de santé publique
Au-delà de la question, non tranchée de l'efficacité de la kinésithérapie respiratoire, se pose la problématique de l'organisation du système de santé. La mise en place de réseaux de kinésithérapeutes dès les années 2000 a permis de réduire de manière significative le recours aux urgences et la durée d'hospitalisation des nourrissons atteints de bronchiolite. La HAS préconise d'ailleurs en page 18 "la mise en place des mesures éducatives et de surveillance adaptée [...] par les professionnels de premiers recours et les réseaux bronchiolites" et insiste sur le fait que "le réseau de soins [...] est sollicité en cas d'urgence, de la nécessité d'une vigilance accrue quotidienne comprenant jours fériés et week-end, ou d'incertitude sur la conduite à tenir".
La HAS recommande donc l'organisation des kinésithérapeutes en réseau pour assurer la surveillance des nourrissons et l’éducation des parents, leur rôle ne s'arrêtant pas à la simple dispensation de techniques de désencombrement.
En conclusion, il est important d'appliquer rapidement la recommandation de la HAS en réalisant une étude portant sur l’intérêt de la kinésithérapie de ville, afin de déterminer son impact sur l'état de santé des nourrissons et sur le recours hospitalier. Les recommandations n'indiquent à aucun moment que la kinésithérapie respiratoire telle qu'elle est réalisée en France est contre-indiquée car douloureuse ou dangereuse. L’intérêt de la kinésithérapie doit donc être étudié pour chaque enfant au cas par cas par le médecin.
Confraternellement,