
23/08/2025
👉 Ton corps se souvient ...
Ton corps parle bas, mais il parle vrai. Une gorge qui se serre quand tu dois dire « non ». Des épaules qui montent sans prévenir, comme si une main invisible les tirait vers le haut. Un ventre qui se noue avant même que la situation ne dérape. Ce ne sont pas des caprices. Ce sont des souvenirs. Des réflexes appris pour survivre. Ton corps n’a pas oublié ce que ta tête a tenté d’enterrer. Il te protège encore… même quand ce n’est plus nécessaire.
Tu scrutes tout, tout le temps. Tu anticipes, tu scannes, tu lis les indices avant les autres. Hypervigilance, ton vieux radar d’enfant. À l’époque, il t’évitait les tempêtes. Aujourd’hui, il te prive de paix. Tu veux te détendre, mais une partie de toi cherche déjà la prochaine alerte. Et si l’alarme ne sonnait plus, que resterait-il ? De l’espace. Du silence. Une sécurité étrangère que ton système a encore peur d’appeler « maison ».
Ton estomac aussi se souvient. Faim coupée net avant un rendez-vous. Boulimie d’aliments rassurants après une remarque piquante. Ballonnements, acidité, lourdeur… comme si tout ce que tu n’as jamais pu dire s’accrochait là, en nœuds serrés. Quand on vit longtemps dans l’imprévisible, le ventre devient un baromètre. Il réagit avant toi, il tire le frein d’urgence. Ce n’est pas de la faiblesse : c’est une fidélité. À une ancienne version de toi qui croyait que se tendre, c’était rester en vie.
La nuit, le théâtre s’ouvre à nouveau. Endormissement interminable. Réveils en sursaut. Cœur qui cogne dans l’obscurité. Les rêves rejouent la scène avec d’autres visages, d’autres lieux, mais la même sensation : être sans filet. Ton système nerveux reste au poste, en garde, incapable de déposer l’armure. Le lit devient un poste de guet. Tu dis « je dors mal », mais en vérité tu ne dors pas seul·e : tu partages le matelas avec l’enfant en toi qui n’a pas encore reçu la permission de se reposer.
Ta mâchoire raconte la vérité que ta bouche n’ose pas. Serrement des dents, migraines, trapèzes en feu. Combien de phrases avalées ? Combien de « stop » transformés en sourire ? On t’a peut-être appris que la paix se gagne en s’effaçant. Ton corps, lui, n’a jamais signé ce contrat. Il serre, retient, verrouille… jusqu’à ce que tu entendes le message : exprime, pose une limite, choisis-toi. Ce n’est pas être dur·e, c’est être juste avec toi.
Ta peau se met parfois de la partie. Rougeurs, démangeaisons, poussées soudaines quand la pression monte. La peau est la frontière la plus visible : elle protège, elle ressent, elle réagit. Quand la peur de déplaire t’oblige à dire oui, ta peau dit non. Elle réclame un espace, de l’air, une distance saine. Elle te rappelle que le toucher devrait être choisi, pas subi. Elle exige que tu t’habites pleinement, sans t’excuser d’exister.
Et puis il y a la fatigue qui ne part pas. Pas celle d’une journée chargée, l’autre, collante, qui te suit même après le repos. Elle n’est pas paresse ; elle est la facture d’années passées à garder la lumière allumée à l’intérieur. Ton système a carburé à l’adrénaline trop longtemps. Pour réapprendre la sécurité, il lui faut du lent, du doux, du répété : respirations profondes, ancrage dans le sol, micro-pauses, regards bienveillants, gestes simples qui disent « tu es en sécurité maintenant ».
Tu n’as pas à te battre contre ces signaux. Accueille-les comme on accueille un messager qui a marché longtemps : « Merci, j’ai compris ». Mets la main sur ton cœur, sur ton ventre. Nommes ce que tu ressens sans te juger. Offre-toi des limites claires, un rythme humain, des relations où l’on t’écoute vraiment. Chaque fois que tu te choisis, ton corps déprogramme un vieux réflexe. Ce n’est pas magique, c’est vivant. Et pas à pas, l’enfant en toi découvre enfin ce que signifie grandir en paix.
© Francis Machabée
PS :
Si ton corps garde encore la mémoire des blessures passées, mon programme « 52 semaines pour changer durablement ta vie » t’aide à libérer ces traces et à reconstruire une sécurité intérieure pas à pas. Lien en commentaire.