Le 1er janvier 1553 le siège de Metz est levé après trois mois d'intenses combats. La levée du siège est moins due au succès des armes qu'aux épidémies de typhus et de dysenterie qui sévissent depuis des semaines dans les troupes de Charles Quint : elles ont fait plus de 50.000 morts dans une armée qui comptait initialement près de 80.000 hommes.
Le soulagement de la population messine est de courte durée. La fin de l'isolement permet l'entrée des maladies infectieuses de l'assiégeant dans la ville et les épidémies se succèdent à rythme infernal. Même si à l'époque on n'a aucune idée des causes des maladies, leur caractère contagieux est parfaitement connu. Faute de locaux suffisamment vastes et de personnel susceptibles de prendre en charge les malades, les autorités militaires et civiles sont incapables de mettre en place les mesures d'isolement qui s'imposent et la mortalité est effroyable dans une population fragilisée par la dénutrition liée au siège.
Ce n'est que vingt-huit ans plus t**d, le 18 avril 1581, qu'une décision conjointe du conseil de la ville et des responsables militaires, aboutit à la création d'une structure d'accueil mixte pour les contagieux civils et militaires.
Dans un souci d'obtenir le meilleur isolement, le site choisi est la pointe de l'île de Chambière sur la Moselle.
Une métairie appelée la Cornue Géline (la Cour aux Poules en ancien patois mosellan) est achetée à un certain Nicolas Mangin et sommairement aménagée en lazaret.
Rapidement saturée, elle est peu à peu complétée par des baraquements en bois pour un total d'environ 150 lits.
L'HOPITAL DU FORT MOSELLE
En 1653, Michel Le Tellier, marquis de Louvois, est chargé par Mazarin de réorganiser les armées royales. Le but est de disposer enfin d'une armée permanente et structurée, s'appuyant sur des places fortes ceinturant le royaume. En 1656, Michel Le Tellier fait transférer par Louis XIV, sa charge à son fils François-Michel, âgé de 15 ans. L'un puis l'autre renforcent considérablement la place de Metz. L'armée voit ses effectifs passer de quelques milliers à plusieurs dizaines de milliers d'hommes. Vauban, alors ingénieur ordinaire du roi, élabore les plans très détaillés d'un hôpital militaire susceptible d'accueillir dans de meilleures conditions qu'à la Cornue Géline, les malades et les blessés. Un devis est établi. Mais à la fin du règne de Louis XIV la France est exsangue et les finances de l'Etat sont au plus bas. Le projet est donc abandonné.
Dans les années 1720, la fortification nord-ouest de la place de Metz, bordée par la Moselle, est reliée à l'extérieur par deux ponts : le Pontyffroy et le pont des Morts qui débouchent directement en pleine campagne. Il s'agit d'un point très vulnérable, difficile à défendre en l'état. Un projet de renforcer les ouvrages existants par une imposante construction arciforme bastionnée doublée d'un hôpital militaire, est présenté à Louis XV par Charles Louis Auguste Fouquet de Belle-Isle (1684-1761), maréchal de France. Le projet est accepté et financé sur les fonds du royaume et non sur ceux de la ville comme la Cornue Géline. Le marquis d'Asfeld, lieutenant général, directeur général des fortifications, confie la maîtrise d'œuvre à Louis de Cormontaigne (1697-1752), ingénieur militaire disciple de Vauban.
L'intégration de l'hôpital militaire dans le système de fortifications présente plusieurs avantages : la proximité de la zone potentielle des combats, la proximité de la Moselle permettant un accès facile à l'eau indispensable aux services généraux, l'éloignement du centre ville avec ses " miasmes " réputés à l'origine des infections des plaies.
Le maréchal de Belle-Isle pose la première pierre en 1728. Le Fort de la Double Couronne, que les messins finiront par baptiser Fort Moselle en raison de sa proximité du fleuve, et l'hôpital sont achevés en 1732. La Cornue Géline, abandonnée par le service de santé, est convertie en blanchisserie de la garnison.
La capacité d'accueil est de 912 malades ou blessés, capacité pouvant être portée à 2000 malades ou blessés en temps de guerre au prix de l'utilisation de lits superposés ou en mettant plusieurs malades par lit.
Il s'agit d'un superbe édifice auquel on accède par un portail monumental débouchant sur deux cours spacieuses plantées d'arbres et bordées de bâtisses couvrant 6000m2 (soit moins de 3m2 par malade, mais on utilise volontiers les lits superposés et les lits à plusieurs places). Les salles communes reçoivent chacune entre 100 et 200 malades. De grandes fenêtres ont été aménagées pour permettre d'aérer et de chasser les miasmes (elles poseront quelques problèmes de chauffage en hiver…).
On trouve en outre une pharmacie, des locaux techniques et administratifs, les services généraux et une chapelle. Le magasin général permet de stocker le matériel et les médicaments pour alimenter 30 hôpitaux et de campagne et soutenir une armée de 100 000 hommes. Un jardin botanique et un cimetière sont adjoints à l'hôpital.
En dépit de son dimensionnement, l'hôpital aura du mal à faire face à l'afflux de blessés de l'armée d'Allemagne évacués vers Metz en 1734.
Dans la nuit du 4 février 1774, le feu prend dans les réserves de couvertures et de linge. On est en plein hiver et la Moselle est gelée. Il est impossible de puiser de l'eau pour éteindre l'incendie. Bien que certains sauveteurs préfèrent s'att**der à piller les réserves d'alcool de la pharmacie plutôt qu'à combattre le feu, les malades sont tous évacués à temps et répartis dans les hospices de la ville, et dans des collèges mis à disposition par le cardinal de Montmorency-Laval, évêque de Metz. Si aucune victime n'est à déplorer, les deux tiers des bâtiments sont malgré tout détruits.
Soutenu par une volonté forte des édiles et des autorités militaires, Gardeur Lebrun, architecte de la ville et professeur à l'école royale d'artillerie est chargé de la reconstruction. Une semaine plus t**d il présente plusieurs projets. L'un d'eux consiste en la construction d'un nouvel hôpital sur la place de France. Le coût en est jugé prohibitif et c'est finalement l'option d'une reconstruction sur l'ancien site qui est retenue. Le projet de Lebrun est néanmoins très novateur. Il prévoit d'agrandir les locaux, de les réaménager pour accueillir une véritable école de médecine avec salles de cours, locaux de dissection, cabinet anatomique, laboratoire de chimie, bibliothèque… Quatre pompes, deux dans chaque cour, sont prévues pour assurer la distribution de l'eau dans tout l'établissement.
La reconstruction et la rénovation des bâtiments ayant résisté à l'incendie sont réalisées l'année suivante. L'hôpital restera, dans ses grandes lignes, en l'état jusqu'en 1912.
La renommée de l'hôpital et son caractère novateur pour l'époque sont tels qu'en 1777, au retour d'une visite à sa sœur Marie-Antoinette, l'empereur d'Autriche Joseph II visite l'établissement. Dans les années qui suivent, il fera construire à Vienne l'Académie Médicale Joséphine, largement inspirée de l'hôpital amphithéâtre de Metz.
En novembre et décembre 1813, le reflux de la grande armée amène à Metz par charrettes et par bateaux plus de 20000 blessés et malades du typhus et de la dysenterie. L'hôpital du Fort Moselle est rapidement submergé. Aussi le lycée, le séminaire, le péristyle de la mairie, les églises sont-ils tous transformés en hôpitaux de fortune. On y adjoint tentes, huttes et baraquements de fortune. L'hôpital de Bon Secours est converti temporairement en hôpital militaire. Aux milliers de morts militaires viennent bientôt s'ajouter les civils victimes des maladies infectieuses apportées par les troupes.
Le 19 août 1870 le blocus de Metz enferme dans l'espace clos de la ville plus de 170000 soldats avec leurs chevaux et leur matériel, plus de 20000 paysans réfugiés des environs. La situation sanitaire est rapidement effroyable avec des épidémies meurtrières de variole (les Français sont peu ou pas vaccinés contrairement aux Allemands), de typhus et de dysenterie. Au pic de la morbidité l'hôpital militaire du Fort Moselle et l'hôpital catholique Notre Dame du Bon Secours sont de nouveau débordés par près de 22000 blessés et malades. Une fois de plus on convertit en hôpitaux de fortune casernes, édifices et bâtiments publiques. On dresse des tentes sur la place Royale, sur la place du jardin Fabert, du Saulcy. Les wagons de la compagnie de l'Est sont installés sur la grande place face à la caserne Ney.
En dépit du marasme, les officiers de l'hôpital du Fort Moselle font preuve d'une remarquable imagination. Jeannel, pharmacien en chef de la garde et Papillon, médecin aide-major, construisent dans les greniers de l'hôpital deux ballons libres. Le 6 septembre 1870, ils sont gonflés avec de l'hydrogène produit par les pharmaciens de l'hôpital et emportent du courrier. C'est le premier pas de la poste aérienne dans le monde ! Quatorze ballons seront lancés au total par les officiers du service de santé, emportant trois mille lettres sur papier pelure. Au moins sept ballons franchiront les lignes ennemies et permettront l'acheminement du courrier. C'est ainsi qu'Alphonse Laveran fera parvenir à ses parents deux mots comportant seulement le texte laconique : " Je me porte bien ".
L'état de santé effroyable tant des troupes que de la population, conduira irrémédiablement à la capitulation le 27 octobre 1870.
L'hôpital continue à assurer les soins de la garnison française jusqu'en 1871. Lors de l'annexion, il passe sous l'autorité de l'armée allemande et devient l'hôpital n°1. L'effectif des armées est tel dans la région messine, qu'il se révèle tout à fait insuffisant et un second établissement, l'hôpital n°2 est construit en 1895 en plein centre ville.
Ces deux formations ne suffisent toutefois pas à assurer le soutien médical de ce qui est, à l'époque, la plus importante garnison jamais rassemblée au monde.
Par ailleurs, ces hôpitaux sont assez éloignés de la nouvelle gare et leur conception monolithique ne correspond plus aux exigences de l'époque en terme d'hygiène qui prône le déserrement des bâtiments pour limiter les risques infectieux.
En 1912, alors que l'hôpital du Fort Moselle est toujours en activité,la construction d'un nouvel hôpital sur le site de la forêt de Plantières est décidé.
L'HOPITAL MILITAIRE DE LA FORET DE PLANTIERES
L'hôpital militaire du Fort Moselle continue à recevoir des patients, tandis qu'en 1912 commencent les travaux du nouvel hôpital sur le site de la forêt et des jardins de Plantières.
L'emplacement est idéal : un vaste espace disponible, la proximité de la gare qui facilite le transport des blessés.
Les travaux ne sont pas totalement achevés au moment de l'Armistice en 1918 lorsqu'il passe aux mains des Français qui achèveront la construction en 1919.
L'hôpital du Fort Moselle est abandonné. On donne au nouvel établissement le nom de Legouest, inspecteur général du service de santé, né à Metz. L'ensemble s'étend sur 8 hectares et demi et se compose de 17 bâtiments dont 8 d'hospitalisation plus une villa de fonction.
Les bâtiments hospitaliers sont reliés entre eux et à la gare par des galeries souterraines. L'accès en est strictement réservé aux militaires. L'hospitalisation se fait en chambres de 15-20 lits.
A l'époque de sa construction l'hôpital n'a pas de chapelle mais seulement une salle de prière destinée à la fois au culte catholique et protestant. Elle est située au premier étage d'un bâtiment central (bâtiment 06). En 1922 l'aumônier, l'abbé Barlier, obtient que la salle de prière soit descendue au rez-de-chaussée du même bâtiment. Dotée d'une entrée propre elle est d'accès plus commode pour les malades. Un artiste peintre hospitalisé décore les fenêtres de scènes religieuses. L'aumônier obtient également que soit transféré du Fort Moselle vers le nouvel hôpital, un tableau de Gengembre donné par l'empereur Napoléon III. Il s'agit d'une représentation de Saint Martin tendant à un pauvre un pan de son manteau. Quelques statues dues à la générosité des fidèles complètent le décor de ce petit sanctuaire qui prend naturellement le nom de chapelle Saint Martin. S'il s'avère suffisant pour le quotidien, il est notoirement insuffisant pour les enterrements et les fêtes votives.
A quelques aménagements mineurs près, l'hôpital reste en l'état entre 1920 et 1930.
Entre 1930 et 1935 la construction de la ligne Maginot s'accompagne d'une augmentation considérable des effectifs dans la région et l'hôpital a du mal à répondre aux besoins. La totalité des surfaces d'hospitalisation est mise en service. On récupère même la chapelle Saint Martin qui devient une salle commune de 20 lits !
L'abbé Bouvet en charge du culte entreprend alors une série de négociations pour construire une vraie chapelle.
Le ministre de la guerre approuve finalement un projet soumis par l'architecte parisien Jacques Duvaux. Les crédits nécessaires sont votés en 1935 et la première pierre est bénie le 12 mai 1936 par l'abbé Bouvet. Sept mois plus t**d, la construction est achevée.
Le 16 décembre 1936 Monseigneur Pelt, consacre solennellement la chapelle en présence du gouverneur militaire, le général Giraud, et du maire de Metz, M. Vauterin.
En 1940 l'hôpital est occupé par les Allemands puis, à la libération, pendant une dizaine de mois, par les Américains. En 1945, le département de la Moselle est l'un des plus sinistré de France. Rapatriés, réfugiés, sinistrés, apatrides sont logés en baraquements dans des conditions déplorables d'hygiène et de promiscuité. La situation sanitaire est catastrophique : outre les maladies infectieuses habituelles qui explosent sur un mode endémo-épidémique, les hôpitaux ont à faire face à une recrudescence considérable de la tuberculose, de maladies sexuellement transmissibles, d'état de malnutrition chez les enfants. La poliomyélite prend un caractère épidémique imposant la mise en place de structures lourdes de réanimation respiratoire.
Parallèlement, la capacité hospitalière civile messine est réduite à 370 lits et pratiquement aucun établissement de convalescence n'est en état de dispenser des soins de suite. On assiste donc à un engorgement des hospices civils qui prend, en 1946, l'allure d'une véritable crise sanitaire. Au cours d'une séance du Conseil général de la Moselle, une délégation de médecins émet le vœu que l'hôpital Legouest puisse accueillir des civils. Le Dr Burger, membre de cette délégation, développe des arguments tout à fait pertinents : " Nous avons à Metz et dans certains centres du département de grands hôpitaux militaires qui ne sont plus occupés. Ainsi, à l'hôpital Legouest qui abrite normalement 800 malades, seuls 400 lits étaient occupés au cœur de l'hiver. Or la ville contient une quantité de malades et de blessés que nous ne pouvons faire hospitaliser. Les villes manquent d'hôpitaux tandis que les militaires ont trop de place. "
Il n'est pas donné suite à cette requête. Les esprits ne sont probablement pas mûrs à l'époque pour une telle mutation. Par ailleurs, au-delà du simple aspect quantitatif du nombre de places théoriquement disponibles, il faut reconnaître que l'hôpital est très dégradé par les années de guerre et que nombre de locaux sont inoccupables.
L'hôpital prend successivement la qualification d'hôpital des armées, puis, en 1980, d'hôpital régional des armées et, en 1986, de centre hospitalier des armées. En décembre 1989 sont lancés de grands travaux d'infrastructure qui commencent par la construction d'un bloc technique (bloc opératoire, service d'accueil des urgences, réanimation, imagerie médicale). L'ensemble est terminé en juin 1991. Parallèlement, en août 1990, commencent les travaux de construction de la clinique de psychiatrie dont l'ouverture est rendue nécessaire par la disparition du centre hospitalier Sédillot de Nancy. En octobre 1991, le bâtiment est mis en service. En 1992, l'hôpital accède au titre d'Hôpital d'Instruction des Armées. Des travaux d'amélioration de l'infrastructure, des jardins et de la voirie se poursuivent sans interruption jusqu'à fin 2004 pour donner l'hôpital actuel, remarquable réussite esthétique et fonctionnelle.
Venant-Antoine-Léon LEGOUEST
L. Legouest, chirurgien militaire français (1820/1889), diplômé à Paris en 1845, sert en Algérie, en Crimée et en Italie. Professeur de clinique chirurgicale en 1867 au Val-de-Grâce, il devient médecin du 1er corps durant la guerre de 1870. En 1874, il est président du conseil de santé et obtient l'autonomie du corps de santé de l'armée de terre.
Il publie en 1863 son " Traité de chirurgie d’Armée ".
L'ECOLE DE MEDECINE DU FORT MOSELLE
Dès sa création en 1732 au Fort Moselle, l'hôpital a vocation d'école. Il forme médecins, chirurgiens et apothicaires.
La renommée de l'école de médecine s'accroît rapidement et prend une dimension nationale. Ainsi en août 1744, alors que Louis XV est gravement malade, François Chicoyneau, son premier médecin, et La Peyronie, son premier chirurgien, appellent en consultation deux médecins de l'école de Metz, Casteras et Mangin !
En 1766, Richard, baron de Haute Sierck, protecteur attentif de l'hôpital, lance la publication du "Recueil d'observations de médecine des hôpitaux militaires", premier périodique médical français.
En 1775 l'enseignement dans les hôpitaux militaires est entièrement réformé. Il ne reste plus que trois centres : Metz, Strasbourg et Lille qui sont élevés au rang d'hôpitaux amphithéâtres. La sélection à l'entrée est rigoureuse puisque préalablement à l'admission, il faut justifier d'un apprentissage chez un maître chirurgien ou apothicaire. Les études durent trois ans, associant cours magistraux (anatomie, physiologie, pathologie interne et médecine opératoire) et pratique (dissection, pratique opératoire et médicale). Pour répondre aux besoins, un bâtiment est construit en annexe de l'hôpital avec des salles de cours, des amphithéâtres anatomiques où se font les dissections de cadavres, un cabinet de pièces anatomiques, une bibliothèque, les bureaux des professeurs et divers locaux techniques.
A côté des élèves médecins militaires proprement dits l'école accueille des surnuméraires, non soldés. A l'issue de leurs trois ans d'études, ces derniers peuvent soit servir dans les armées soit opter pour la pratique civile.
Malheureusement, en 1780, des restrictions budgétaires obligent les trois écoles à baisser leurs prétentions en termes de professeurs, de moyens et de recrutement. La renommée de l'école de Metz est cependant telle que, grâce à des dons et legs, elle réussit à maintenir à la fois un corps professoral et un niveau de recrutement élevé.
De l'école sortiront d'illustres élèves : Dehorne, réputé dans la France entière pour ses travaux sur l'utilisation du mercure dans le traitement de la syphilis, Antoine Louis, père de la médecine légale, Pilâtre de Rozier, qui suivra à Metz, successivement des études de chirurgie puis de pharmacie.
Vient la Révolution et les années incertaines qui lui font suite. La loi du 7 août 1793 réorganise les hôpitaux militaires et la formation des médecins et chirurgiens des armées. L'hôpital et l'école de Metz sont de nouveau retenus aux côtés de Lille, Strasbourg et Toulon. Cette organisation est confirmée le 5 vendémiaire an V (26 septembre 1897) par un règlement de la République française.
En 1806, à son apogée, l'école comporte entre 60 et 100 élèves (à titre de comparaison il y a seulement une vingtaine d'étudiants à l'Ecole de médecine de Nancy…) encadrés par près de 60 officiers qui exercent à la fois des fonctions d'enseignement et des fonctions de soin. La plupart ont par ailleurs des activités de recherche (parfois assez éloignées de la médecine, comme la météorologie, l'astronomie ou la physique…). Pour les trois corps (médecin, chirurgien, apothicaire) on distingue deux niveaux hiérarchiques universitaires (premier professeur, professeur ordinaire) et trois niveaux hiérarchiques hospitaliers (chef de service, major, aide-major). Les officiers perçoivent logiquement d'une part une solde afférente à leur grade d'officier et leur fonction de soin, et d'autre part une rétribution afférente à leur fonction d'enseignement. Les vacances de chaires sont mises au concours à Paris et ouvertes aux candidats titulaires d'un grade universitaire d'une faculté (en pratique Paris, Strasbourg et Montpellier).
A cette époque comme dans les siècles passés, des médecins et chirurgiens illustres seront formés ou enseigneront à l'école de Metz : Louis Laveran père d'Alphonse Laveran, professeur d'épidémiologie, Louis Jacques Bégin (1792-1859), chirurgien de l'Empire, Charles Emmanuel Sédillot (1804-1883) fervent soutien de la théorie des "microbes", Clément Maillot (1804-1894), promoteur de l'utilisation de la quinine dans le paludisme, Michel Levy (1809-1872), hygiéniste…
Les gazettes locales fourmillent d'épisodes qui démontrent que les élèves et les professeurs de l'école sont résolument engagés dans des actions de propagande républicaine. Ils organisent des réunions pour l'instauration du suffrage universel, puis, lorsque celui-ci est voté, conduisent les soldats aux urnes et les font voter. Cette agitation indispose le Prince Président Louis Napoléon Bonaparte qui prononce la dissolution de l'école le 23 avril 1850. Elle ferme définitivement le 1er mai de la même année.
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