07/08/2025
"Le Paysan
Celui qui tient le pays et qui est tenu par le pays.
Cette étymologie a ma préférence parmi d’autres, car elle met en évidence un lien de réciprocité correspondant bien à la réalité. Ce lien suggère l’image des trapézistes dont les mains doivent se saisir mutuellement avec vigueur pour se prémunir des dangereuses conséquences d’un éternel mouvement périlleux. Cependant dans cette configuration, le paysan représente le partenaire suspendu la tête dans le vide et par conséquent celui qui dans le balancement du temps et des saisons prend le plus de risques. La glèbe dont il dépend pour survivre s’ancre par contre dans les millénaires qui l’ont patiemment fait advenir. Comme chacun de nous, un jour le paysan se détache de l’arbre de la vie comme un fruit, prématurément ou à l’apogée de son… destin. Mais contrairement aux autres humains, l’homme de la terre a longtemps perduré, à la fois multiple et unique gardien de la source-mère de la survie de tous, intendant opiniâtre et patient, des biens les plus indispensables, qu’il pérennise, transmet selon le processus ininterrompu de la vie. Sans paysan, aucun pays n’aurait pu être. (...)
Aujourd’hui à la terre des peuples nantis, il est davantage demandé de produire de la « bouffe » malsaine sans saveur et sans âme pour grossir le capital financier que de la nourriture longtemps l’ambassadrice de tout ce qu’il y a de subtilité dans la « réalité ? » qui nous héberge. Cette transgression se traduit et se traduira de plus en plus dans notre propre corps par des maux inconnus, ceux -là mêmes infligés par notre obscurantisme à la terre nourricière. La terre, bien commun indispensable, doit devenir l’affaire de tous les citoyens. Janvier 2002
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