Association Gal'Hopin

Il faut savoir ce qu’est un service de chirurgie pédiatrique. C’est une société en miniature, véritable patchwork où toutes les cohabitations sont possibles entre enfants d’âge et de sexe différents (nous opérons de la naissance à 16 ans), de pathologies de gravité inégale, de niveaux sociaux et de confessions très disparates. Cette population hétérogène, pas toujours sectorisée pour des problèmes d’hôtellerie, implique des accompagnements adaptés et oblige le personnel soignant à développer des trésors d’ingéniosité pour combler les vides de la journée qui ne seront pas de même nature, c’est l’évidence même, pour un bambin ou un ado, un garçon ou fille, un ambulatoire qui rentre chez lui le soir après un geste bénin ou un pensionnaire scotché à son lit d’hôpital ad vitam aeternam. Car il faut savoir aussi ce qu’est la journée d’un enfant dans ce milieu hospitalier qui n’a pour lui d’hospitalier que le nom. C’est l’empilement d’une succession de vides, d’ennuis, d’attente d’évènements heureux ou angoissants, autant de sources d’inquiétude et d’anxiété : attente des parents, attente de la visite des médecins, de l’institutrice, attente d’une piqûre que l’on redoute ou d’un examen qui doit faire mal puisque le voisin de chambre qui a subi le même le lui a dit, attente du repas, de la sortie … GAL’HOPIN veut combler ces vides avec le grand A de son acrostiche.

A comme Animation sous toutes ses formes, et le jeu en priorité. Pourquoi le jeu ? Parce que c’est l’activité naturelle du tout-petit, au même titre que le rêve est l’activité naturelle du cerveau, peut-être même la première trace de l’activité poétique de l’être humain par la puissance de son pouvoir de créatrion. L’enfant qui joue est un poète qui crée. Par le jeu il crée sa propre bulle qui le protège de l’agitation et de l’inquiétude des adultes qui l’entourent. Ce jeu, l’enfant le prend très au sérieux et vouloir le supprimer sous le prétexte d’une parenthèse d’hospitalisation, serait une grave erreur. L’enfant doit pouvoir jouer malgrè ses perfusions, ses tubes, ses pansements, et c’est le monde des soignants qui doit s’adapter à cette exigence qui appartient à son moi profond, comme un vrai réflexe archaïque de l’espèce.

A comme Activités Artistiques. Pourquoi l’art ? Parce qu’il faut dépasser la dimension médicale de l’hospitalisation pour en faire aussi un moment privilégié de rencontre ou de découverte de toutes les formes d’expression auxquelles l’enfant n’a pas forcément accès de part sa condition sociale ou familiale. Chacun doit accepter cette dimension de l’art et de la culture dans une idée de soin global. L’enfant sortira grandi de l’épreuve parce qu‘en plus d’être soigné et guéri, il aura peut-être appris et découvert autre chose d’essentiel pour son avenir d’homme. Quelle fantastique reconnaissance a posteriori si un musicien ou un peintre célèbre avouait un jour avoir découvert sa voie à cause d’une appendicite ou d’un accident de bicyclette !

Et pourquoi la musique plus particulièrement ? Nous parlons ici de la vraie musique, la musique vivante jouée dans les chambres par des musiciennes et des musiciens qui arrivent avec des instruments souvent bizarres, les font manipuler par les enfants et nourrissent leur curiosité, fabriquent des comptines et les adaptent au fil des situations, des prénoms ... et non de la musique impersonnelle des CD et des baladeurs qui traîne partout. Parce ce qu’il faut bien aussi comprendre ce qu’implique une hospitalisation d’enfants en terme de plongée dans l’inconnu, de rupture avec les lieux et les visages familiers, d’angoisse de séparation. La musique adoucit les mœurs, dit-on. C’est particulièrement vraie quand elle fait irruption dans l’univers feutré et aseptisé d’une structure d’hôpital. Elle y crée l’étonnement, une note bienfaisante de désordre controlée et participe à la relation de confiance avec les familles en tendant un lien émotionnel très fort entre des populations qu’un événement toujours douloureux - la maladie, l‘accident - force brutalement à cohabiter bien malgré eux.

Cette action n’a pas de prix ... mais elle a un coût ! Elle nécessite bien sûr des moyens en personnel et en matériel. GAL’HOPIN est une structure « artisanale », gérée et animée par des professionnels et des bénévoles de l’enfance qui y consacrent ce qu’il leur reste de temps de liberté. Son budget est exclusivement constitué des dons de parents, d’associations ou d’entreprises, ainsi que de la recette des quelques évènements publics que nous arrivons à générer sous la forme de spectacles, tombolas, ventes aux enchères … Il n’y a pas de limite à l’imagination et à la générosité.

Ces sommes servent à financer l’activité musique confiée à des musiciennes et des musiciens professionnels pour des raisons de régularité des prestations, les stages de formation en animation du personnel soignant - les dames en rose - dont la présence permanente est le garant de la continuité de l’action des « intermittents » de l’association, et l’achat de matériel divers, vidéo-informatique en particulier.

L’activité musique est tellement prépondérante chez GAL’HOPIN que nous avons pris pour habitude de parler en années-musique, comme d’autres parlent en années-lumière, pour désigner l’état de nos finances. Tout geste en sa faveur nous apportera un peu plus de temps-musique et renforcera notre motivation à poursuivre la diversification de nos actions en faveur de l’enfance hospitalisée.

Professeur RB Galifer

Chef du service de chirurgie viscérale pédiatrique

Président de GAL’HOPIN

Septembre 2003

Président de GAL’HOPIN

Septembre 2003