
02/04/2025
Prévoir, anticiper… une « nécessité » pour faire face à l’avenir ? On en parle ?
« J’aime tout prévoir, ça me rassure… ». « C’est sûr, j’aurais dû anticiper cette rupture… ». « Il fallait bien s’y préparer à ce licenciement ... ». « Mais qu’est ce qui va nous arriver ..? ». « Je suis fatigué de penser à tout ce qui peut se passer… ». Lors des consultations, les patients évoquent très souvent ces deux notions, convoquées à la fois pour ce qu’elles les rassurent, les inquiètent mais les épuisent aussi.
Mais alors : anticiper et prévoir est-ce la même chose ?
Eh bien non, pas exactement.
L’anticipation permet de nous préparer à la survenue d’un événement et à agir en accord avec. Elle dépend donc de la prédiction du futur immédiat et consiste en un ensemble de processus qui nous permettent à la fois de prévoir et de nous préparer à un événement à venir. Le tout va conduire à la mise en place d’une adaptation, face à cet évènement supposé à venir. C’est une façon de se préparer pour éviter d’être mis en danger, de se retrouver dans une situation douloureuse, inconfortable, menaçante.
Prédiction et anticipation ne sont donc pas synonymes.
La prédiction est la représentation spécifique d’un événement qui va survenir, alors que l’anticipation prépare et programme l’action fondée sur une prédiction.
Mais nous l’aurons compris aussi, la prédiction comme l’anticipation sont deux notions intimement liées à la notion de temps.
Comment définir alors le présent pour ensuite définir le futur ? Fichtre, nous y voilà…
Edmund Husserl (1905), surement un des grands analystes du temps, a qualifié le « présent psychologique » comme cette zone du temps dans laquelle deux éléments successifs sont perçus comme simultanés. Savez-vous d’ailleurs à combien les scientifiques ont évalués ce moment ? Bravo, à effectivement environ 20 millisecondes !
Le présent ainsi posé a ensuite permis de ménager deux espaces temporels ; situés de part et d’autre : à savoir le passé immédiat et le futur immédiat.
Lorsque l’avenir est particulièrement incertain, certains peuvent nourrir l’idée qu’il faut s’y préparer et que pour s’y préparer, il faut le prévoir et l’anticiper.
Toutefois, face à l’incertitude, prévoir nous oblige à envisager une multitude de scénarios, de futurs possibles… Et plus l’incertitude est grande, plus les possibilités à envisager se multiplient et plus les actions à mettre en face pour s’y préparer augmentent.
Cet effort que nous demandons à notre esprit peut alors nous donner le sentiment de tourner en rond, de buter, de ruminer… Et de nous épuiser. Il peut aussi nous donner l’impression de nous y perdre, sans possibilité de retour.
Rappelons-le, nous avons besoin de sens. Nous avons besoin de comprendre et tant que ni le sens, ni la compréhension ne sont au rendez-vous, alors notre esprit carbure…
Alors on fait quoi, on s’épuise doucement ?
Et bien non… Parfois, il est important de revenir à une certaine réalité pour y raccrocher notre esprit, nous rassurer, nous tranquilliser, nous apaiser.
Le « maintenant » est une notion un peu différente du « présent ». Il correspondrait à une sorte de présent plus étendu.
Et notre seule réalité, la seule qui vaille pour nous, n’est-elle pas dans ce que nous vivons « ici et maintenant » ?
Alors anticiper, prévoir oui, évidemment ! Mais probablement faudrait-il ne jamais oublier d’abord de vivre et de ressentir, ici et maintenant.