19/01/2025
Violences conjugales, jusqu’au crime…
Des chiffres alarmants
Les violences/crimes conjugaux semblent constituer un sujet particulièrement intéressant à explorer, car nous assistons à une explosion statistique de ces faits. A titre d’exemple, on estime qu’en occident une personne sur quatre a été victime, au moins une fois, d’un accès de violence de la part de son conjoint. Ou encore les dernières statistiques dans l’Hérault qui présentent près de 30% d’augmentation annuelle des violences conjugales.
D’autre part, ce sujet croise différents domaines, scientifiques, sociétaux, juridiques... et, il semble intéressant d’en comprendre, chez l’auteur, les processus, mouvements psychologiques, personnalité, et profil.
De plus, contrairement au crime que l’on peut observer dans d’autres contextes, tel que le meurtre élaboré ou le tueur en série, compulsif,… il s’agit ici plutôt d’un glissement par le biais de cycles répétitifs, ce qui va provoquer l’exacerbation du contrôle et de la violence sur l’autre, qu’elle soit franche ou insidieuse, physique ou morale, et qui peut parfois entraîner des conséquences dramatiques allant jusqu’au décès de la victime.
Enfin, une autre particularité intéressante de ce sujet est que 75 % des homicides interviennent dans un cadre conjugal.
Statistiques
Selon les pays, les chiffres concernant les violences conjugales peuvent varier. Aux États-Unis, par exemple, d’après le Bureau of Justice Statistics, environ 1,3 million de femmes et 835 000 hommes sont victimes chaque année de violences physiques de leur partenaire, soit 0,6% de la population, dont 61% de femmes et 39 % d’hommes. En France en 2022, les services de sécurité ont enregistré 244 000 victimes de violences commises par leur partenaire ou ex-partenaire, soit 0,36% de la population dont 87% de femmes et 13% d’hommes. Cela représente une augmentation de 15 % par rapport à 2021, proche du taux d’évolution annuel moyen.
Dans un contexte de libération de la parole et d’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les services de police et de gendarmerie, le nombre de victimes enregistrées a doublé depuis 2016. En effet, chaque année, 220 000 femmes déposent plainte, mais cela ne représente que la partie visible de l'iceberg. On observe que seulement une victime de violences conjugales sur quatre porte plainte. Si toutes les victimes de violence se manifestaient, on estime que ce chiffre pourrait ainsi atteindre près d'un million. La part de victimes rapportant des faits antérieurs à leur année d’enregistrement reste stable par rapport à 2021 (28 %).
Deux tiers de ces violences sont des violences physiques, 30 % des violences verbales ou psychologiques et 5 % des violences sexuelles. La grande majorité des victimes sont des femmes (87 %).
On observe que ces faits génèrent en moyenne 6 interventions par nuit, avec une durée moyenne de 45 minutes, et une garde à vue minimum toutes les nuits.
Les statistiques dans l’Hérault (zone gendarmerie) :
§ 2500 Victimes en 2021, soit 7 procédures chaque jour de l’année, dont 1650 femmes
Ce chiffre représente une augmentation de 23 % (1337 femmes en 2020) ;
§ 522 Victimes mineures en 2021. Ce chiffre représente une augmentation de 27 % (410 mineurs en 2020) ;
§ 2 Féminicides en 2021
En France, le nombre de femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint est suivi chaque année par le ministère de l'Intérieur qui publie régulièrement des rapports sur les homicides et les violences conjugales. En moyenne, plusieurs dizaines de femmes sont victimes de féminicides chaque année. En 2021, ce sont 113 femmes qui ont tragiquement perdu la vie des suites de la violence infligée par leur conjoint. Et ce chiffre est en constante augmentation.
Ces chiffres mettent en lumière l'ampleur du problème de la violence conjugale et soulignent la nécessité de mesures pour prévenir et combattre la violence conjugale.
Le mouvement " "
Lancé en 2017, cet évènement n'apporte pas un message totalement inédit, en revanche il s'est distingué par son ampleur. Il a libéré la parole de nombreuses femmes, et augmenté significativement le nombre de dépôt de plaintes.
L'expression "Me Too" symbolise le fait d'avoir vécu des violences sexuelles et/ou sexistes, et de les affirmer comme une expérience personnelle, tout en reconnaissant qu'elles sont partagées par de nombreuses autres personnes.
Ce mouvement continue encore aujourd’hui de prendre de l'ampleur sur les réseaux sociaux.
Déni des auteurs, des victimes souvent mises en doute
Même en présence de manifestations violentes de la part des hommes, les victimes ne sont pas toujours légitimées. On observe que ces actes violents sont souvent minimisés par les auteurs, avec fréquemment une tendance au déni, en attribuant par exemple la responsabilité à la femme, qui l’a « poussé à bout » ou en la qualifiant de « menteuse ».
Ce comportement s'est exacerbé depuis l'avènement du mouvement , car certains estiment que, de facto, la justice est abusivement en faveur des femmes : "Elles ont tous les droits...".
Profil des auteurs de violences
Caractéristiques communes des agresseurs
Contrairement à une idée répandue, ces agresseurs ne répondent pas nécessairement au stéréotype de l'alcoolique ignorant qui recourt à la violence physique. En réalité, ces comportements violents sont omniprésents dans toutes les strates de la société, qu'il s'agisse de P.D.G., d'ouvriers, de médecins, de chômeurs, etc. et la violence peut revêtir des formes psychologiques ou physiques. La perversion de l’auteur est un positionnement psychologique, et non un positionnement social. Les hommes violents peuvent être « Nos pères, nos frères, nos amis »[1], et souvent se présenter comme des individus bienveillants, arguant qu'ils n'ont jamais commis de meurtre. Toutefois, il existe un schéma de domination au sein de leur relation conjugale.
A noter que la violence féminine existe aussi, et elle est aussi dangereuse que la violence masculine. Elle peut laisser des graves séquelles psychologiques ou physiques identiques. Sachant qu’en plus l’homme va ressentir davantage d’humiliation, surtout dans notre société où les préjugés sont encore forts. Toutefois, dans la grande majorité des cas, il s’agit de l’homme qui est l’auteur des violences, et presque toujours dans le cas des homicides.
Les raisons pour lesquelles un homme peut devenir violent sont complexes et peuvent varier d'une personne à l'autre. Les signes d'un tel comportement chez un homme qu’il est important de reconnaitre peut inclure des tendances agressives, un contrôle excessif, des explosions de colère, des menaces ou des actes de violence physique ou verbale.
Certaines causes courantes incluent :
Modèles de comportement appris : Un homme peut avoir été témoin ou avoir été victime de violence dans son enfance, ce qui peut influencer son comportement plus t**d dans la vie. Les auteurs qui ont été victimes dans l’enfance de violences ont plus de risques de se montrer violent dans leur famille.
Problèmes de santé mentale : Certaines conditions telles que la dépression, les troubles de l'humeur, les troubles de la personnalité du comportement, ou les problèmes de maîtrise de la colère peuvent contribuer à des comportements violents.
Stress et pression : Le stress, les problèmes financiers, les conflits familiaux ou professionnels peuvent créer une tension accrue, ce qui peut parfois conduire à des comportements violents.
Consommation de substances : L'abus d'alcool ou de drogues peuvent altérer le jugement et diminuer les inhibitions, ce qui peut augmenter le risque de comportements violents.
Problèmes de communication et de gestion des émotions : Certains hommes peuvent avoir du mal à exprimer leurs émotions de manière saine, ou à résoudre les conflits de manière constructive, ce qui peut conduire à des explosions de colère ou à des comportements agressifs.
Il est important de noter que ces facteurs ne justifient en aucun cas la violence et que chaque individu est responsable de ses propres actions. De plus, de nombreuses personnes confrontées à des défis similaires ne deviennent pas violentes.
Selon le Docteur Roland Coutanceau, on distingue 3 profils :
· Le premier profil est un sujet immature, dans la normalité, où la domination masculine est présente.
· Le second profil concerne une grande part des auteurs de violence. Ce sont des sujets égocentrés présentant de multiples problématiques (difficultés à exprimer leurs émotions, difficulté d’autocritique …).
· Le troisième profil s’adresse aux auteurs présentant une dimension perverse (paranoïaque et mégalomaniaque). Ces personnalités sont aux prises avec des difficultés majeures pour vivre leur vie de façon autonome, tant la pression est présente dans le relationnel du quotidien. Dans ces cas de figure, la violence s’inscrit dans une conflictualité quotidienne.
Eric Macé, il y a une combinatoire des logiques d’action. Cette théorie examine les dynamiqsociales complexes qui sous-tendent les interactions humaines, en mettant l'accent sur trois concepts clés : les logiques relationnelles, les logiques conjoncturelles et la violence oppressive (elle est froide / organisée), offrant un cadre analytique pour comprendre comment les individus agissent et interagissent dans des contextes sociaux variés.
1. Logiques Relationnelles :
Selon Éric Macé, les individus agissent en fonction des attentes, des normes et des valeurs qui émergent des interactions avec les autres acteurs sociaux. Les logiques relationnelles démontrent l’incidence des liens sociaux sur les comportements.
2. Logiques Conjoncturelles :
La théorie souligne que les actions humaines sont souvent conditionnées par des facteurs contingents tels que le contexte économique, politique, culturel ou historique. Les logiques conjoncturelles mettent en relief la manière dont les événements et les situations particulières façonnent les choix et les comportements des individus, en les situant dans un cadre temporel et spatial précis.
3. Violence Oppressive :
La violence oppressive désigne les formes de domination et de contrainte exercées par certains individus ou groupes sur d'autres, souvent à travers des relations asymétriques de pouvoir. Éric Macé souligne que la violence oppressive peut prendre différentes formes, y compris la violence physique, psychologique, économique ou symbolique.
Dans cette théorie, ces différentes logiques interagissent et s'entrecroisent dans les pratiques sociales. Cette approche théorique offre un cadre analytique puissant pour étudier les dynamiques complexes des interactions sociales et les inégalités de pouvoir qui structurent les relations humaines. Ces analyses permettent de comprendre le ressort des formes des violences à la fois spécifiques et différenciées.
Moyens d’actions de l’auteur
Les conjoints violents sont souvent des hommes manipulateurs qui réussissent à garder le contrôle sur la victime, prêt à tout utiliser. Les débuts sont prometteurs, les hommes violents étant alors souvent très doux, passionnés, enclins à couvrir de cadeaux, expressifs de leur amour, romantiques... avant d’imposer leur emprise et progressivement entrer dans des cycles de violence :
Logique de contrôle : Les personnes violentes se montrent extrêmement contrôlantes, elles ont toujours le dernier mot, elles prennent toutes les décisions. Même celles qui concernent l’autre. Elles vont facilement s’emporter si les choses ne correspondent pas à leurs besoins, ou à leurs attentes.
L’isolement : Ce type de profil va s’assurer que leur conjoint n’ait plus de fréquentation extérieure (amis, famille...). Elles vont éloigner tout ce qui peut être considéré comme « personne ressource » pour la victime. Et à terme, elles vont ainsi pouvoir plus facilement passer à l’acte en toute impunité.
Glissement et processus : Avant la violence physique, il y a toujours de la violence verbale avec une atteinte à l’estime de soi. On voit aussi des reproches injustifiés sur des gestes du quotidien. Les personnes violentes ne respectent plus, elles n’aiment plus, dénigrent, minimisent ce que l’autre fait de bien. Il y a une rupture de repères et elles font penser que la victime a de la chance d’avoir dans sa vie une personne qui aime quelqu’un comme elle.
Déni : Il y a une notion de non-responsabilisation. La personne va avoir du mal à admettre qu’elle a eu tort, et rejeter la responsabilité sur les autres, leur faire porter la culpabilité, les blâmer de cette colère. Ce n’est pas de sa faute, « il a été poussé à bout ». Ces personnes vont justifier leurs comportements inadaptés et violents, par l’amour porté à la victime, en expliquant que si elle s’est emportée, c’est par passion et par la force de cet amour.
Manipulations : Menace, chantage, prise en otage des enfants, sécurité financière... En fait, la victime est devenue sa proie, sous emprise. L’auteur s’octroiera alors la possibilité d’aller un cran au-dessus.
Schéma sclérosé de domination, une vision rétrograde sociétale du couple
Les normes sociales associées à la masculinité sont souvent celles de l’image d’un homme viril, ne se laissant pas dominer, prêt à répondre par la force face à des insultes, à une humiliation ou en cas de mépris. Cette conception est également liée à l’éducation des garçons, des modèles standards de la virilité. Ces aspects du passé de l’individu peuvent l’influencer et poser problème en termes de réaction face à la domination, l’affirmation de soi et de fait, à la légitimité. Il peut également y avoir des aspects de la construction de l’identité masculine qui ont échoué.
Il y a des hommes qui regrettent les schémas des générations précédentes, où les femmes avaient un rôle plus défini, effacé. Ils peuvent se sentir menacés par des mouvements comme et plus généralement la libération de la parole concernant les violences. Cela engendre une situation où les rôles sont inversés, car les auteurs capables de violence sont ceux qui se disent menacés.
Le cycle de la violence
Glissement de la violence dans le couple : Il n’y a pas forcément un déclencheur, ni une perte de contrôle de soi-même. Ces violences peuvent être un glissement lancinant qui s’installe au quotidien et qui se joue dans un rapport de force, de domination, et peut conduire jusqu’au passage à l’acte.
Une situation découle fréquemment d’un sujet anodin, qui peut évoluer vers un conflit où l'enjeu devient celui de savoir qui aura le dernier mot, qui dominera l'autre, et qui détient le contrôle.
Le cycle de la violence, souvent associé à la violence domestique, décrit un schéma récurrent de comportement dans les relations abusives. Il se compose généralement de quatre phases :
1. Phase de tension : Les tensions et les conflits commencent à s'accumuler. Il peut y avoir des signes de colère, d'irritabilité et de tension croissante entre les partenaires.
2. Phase de crise ou d'explosion : La tension atteint son paroxysme et conduit à un acte de violence, qu'il soit physique, verbal, émotionnel ou sexuel. C'est souvent le moment où l'abus se produit.
3. Les justifications : L’auteur va se déresponsabiliser, se justifier, minimiser, renvoyer la faute sur des facteurs extérieurs ou sur la victime.
4. Phase de lune de miel : Après l'acte de violence, l'agresseur peut exprimer des remords, des excuses et un comportement attentionné envers la victime. Il peut s’engager à suivre des soins psychologiques et/ou faire un chantage au su***de. Cette phase peut donner l'impression que les choses s'améliorent.
Ce cycle peut se répéter de manière continue, devenant de plus en plus dangereux et potentiellement mortel pour la victime.
Le phénomène d’emprise
Sortir du cycle est très compliqué pour une femme amoureuse. Il est difficile de prédire la violence et même si la situation dégénère, certaines personnes sont incapables de mettre fin à la relation, il leur est impossible d’en reconnaître le caractère destructeur.
Dans le cycle de la violence, un processus insidieux s’installe, et piège la victime. Ainsi, elle se retrouve affaiblie par ces violences, dont la répétition peut laisser des traces indélébiles. Notamment au niveau neurologie, un stress permanent produit une libération de cortisol trop fréquente, ce qui aura un impact à la fois sur l’hippocampe (la base des souvenirs) pouvant entrainer entres autres, la perte de confiance en soi, et une vulnérabilité physique (maladie, épuisement, dépression…) affaiblissant la victime dans son état général. Ainsi, la personne va avoir du mal à réagir pour quitter la relation.
La victime s’enlise de fait, dans une relation à l’intérieur de laquelle elle va ressentir à la fois de la peur, du danger et en même temps elle ne se sera jamais sentie autant aimée. Nous comprenons donc que ce n’est pas un acte d’amour, mais une relation toxique.
Elle peut également accepter le cycle de violence espérant à chaque fois que celui-ci s’arrête. Il y a aussi l’espoir que la personne change, ce qui est très rare.
D’autres craindront des représailles, et de fait, car c’est suite à la rupture que le conjoint violent est le plus susceptible d’agir, avec un risque accru de subir des violences plus sévères, allant jusqu’à l’homicide. En effet, la volonté affichée par la victime de prendre son autonomie ou de rompre la relation de couple va générer chez les auteurs une frustration ou une intolérance qui va déclencher le passage à l'acte.
Profil d’une victime
En réalité, toute femme peut être potentiellement victime, quel que soit son profil ou positionnement social. Il est plus facile d’établir un profil pour l’auteur de violence que pour la victime. De même, que la perversion du côté de l’auteur, les victimes ont un positionnement psychologique, et non un positionnement social. La violence conjugale ne concerne pas uniquement les femmes issues de milieux défavorisés ou de culture machiste. Certaines études montrent qu’aucune femme n’est à l’abri des violences.
Néanmoins, les femmes vulnérables, marginalisées ou ayant une dépendance financière, sont le plus souvent celles abusées par leur conjoint. Elles sont socialement isolées, avec peu de soutien amical ou familial, une faible estime d’elles-mêmes, une dépendance émotionnelle à leur partenaire, présentant un seuil de tolérance élevé, ou ayant déjà été témoin de violences dans leur enfance.
C’est dans ce contexte que le soutien social, médical et juridique apparait comme essentiel.
vue juridique
La réglementation concernant les violences conjugales est régie par plusieurs lois et dispositifs, notamment les éléments ci-dessous :
Loi contre les violences conjugales. La loi n°2019-1480 du 28 décembre 2019 est une loi majeure qui renforce la lutte contre les violences au sein de la famille. Elle vise à mieux protéger les victimes de violences conjugales. Cette loi a introduit plusieurs mesures importantes, telles que la création de nouvelles infractions spécifiques, des mesures de protection renforcées pour les victimes, et des dispositifs pour faciliter le signalement et la prise en charge des situations de violence.
Dépôt de plainte. Les victimes de violences conjugales peuvent porter plainte en composant le 17 en cas d'urgence, ou dans un commissariat de police ou à la gendarmerie.
§ S’il y a des blessures apparentes, ou faits évidents, cela ouvrira une procédure de flagrance (D’ailleurs même si la victime ne veut pas porter plainte). La victime a intérêt également à consulter un médecin pour faire constater ses éventuelles blessures et obtenir un certificat médical, qui constituera une preuve dans son dossier.
§ S’il n’y a pas de trace physique, il y aura alors une ouverture de procédure et le parquet décidera des suites.
Ordonnance de protection
§ Avant le procès
Les victimes de violences conjugales peuvent demander une ordonnance de protection auprès du juge aux affaires familiales. Cette ordonnance peut imposer des mesures telles que l'éloignement du conjoint violent du domicile, l'interdiction de tout contact avec la victime, ou encore la remise des armes détenues par l'agresseur, jusqu’ à la mise en détention provisoire avant le procès, si le tribunal estime qu'il y a un risque de fuite ou de danger pour la victime. Il existe aussi des mesures telles que le téléphone grave danger (TGD), ou bracelet antirapprochement (BAR).
§ Apres condamnation
Après le procès, si l'agresseur est reconnu coupable, il peut être condamné à une peine de prison. En outre, des ordonnances de protection peuvent être émises pour empêcher l'agresseur de contacter la victime ou de s'approcher d'elle.
Sanctions pénales : Les violences conjugales sont sévèrement punies par des amendes, des peines d’emprisonnement allant jusqu’à la perpétuité (voir ci-dessous).
Dispositifs d'accueil et de soutien : En France des structures spécialisées sont disponibles pour accueillir et accompagner les victimes de violences conjugales, comme les centres d'accueil d'urgence, les associations d'aide aux victimes, et les lignes téléphoniques d'écoute et d'assistance.
Formation, sensibilisation et signalement : Les professionnels (policiers, gendarmes, magistrats, personnels de santé) sont formés à la détection et à la prise en charge des situations de violences conjugales. Toute autorité constituée, force publique ou fonctionnaire, dans l’exercice de ses fonctions, qui prend connaissance d’un fait ou délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur. Les médecins sont tenus également de dénoncer les violences subies, avec levée du secret médical. Des campagnes de sensibilisation sont également menées pour informer le public sur ce sujet et encourager le signalement des violences.
En cas de retrait de plainte :
Le cas d’un retrait de plainte est bien évidemment encadré pour écarter tout risque de rétractation sous pression du conjoint. D’abord il faut acter les motivations du retrait, puis définir une solution personnalisée. Un contrôle a lieu 48 heures après. Il peut y avoir une mise en relation avec ISG (intervenant social et gendarmerie) ainsi qu’une mise en relation avec un partenaire extérieur.
Nouveauté de la loi de 2020 : La saisie des armes présentes au domicile est rendue possible par cette loi. Cette démarche est initiée par l’OPJ (par lui-même ou sur décision du procureur). Cette loi introduit des circonstances aggravantes, pour une personne alcoolisée ou sous addiction, et également lorsque des enfants sont présents.
Peines encourues
Les peines encourues sont fixées par le cadre général donné par le code pénal, Article 222 13. 1 / article 222 14 3. Mais lorsque la violence est commise dans le cadre de liens affectifs (Mariage, PACS, concubinage…), l’infraction est considérée comme aggravée et causera un alourdissement de la peine encourue, notamment depuis la loi du 4 avril 2006. Et lorsque les violences sont répétées et habituelles, les peines sont encore plus importantes.
La peine retenue dépendra de la gravité des faits, de la récurrence des violences et des circonstances.
En général, les peines encourues sont une amende, une peine de prison et/ou une interdiction d’entrer en contact avec la victime.
En cas de décès de la victime
Il existe dans le cas d’un homicide des peines bien plus importantes, en fonction de l’intention de l’auteur des faits.
· S’il n’y avait pas d’intention de donner la mort, il risque jusqu’à 20 ans de prison en cas de violence exceptionnelle et 30 ans en cas de violences répétées.
· Si l’auteur des violences avait l’intention de tuer, il risque la perpétuité.
La peine pour homicide est fixée dans l’article 222-7 du code pénal :
« Article 222-7
Les violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sont punies de quinze ans de réclusion criminelle. »
En aggravation, l’article 222-8 introduit une peine de 20 ans lorsqu’il s’agit du conjoint :
« Article 222-8
L'infraction définie à l'article 222-7 est punie de vingt ans de réclusion criminelle lorsqu'elle est commise :
(…)
4° ter Sur le conjoint, les ascendants ou les descendants en ligne directe ou sur toute autre personne vivant habituellement au domicile des personnes mentionnées aux 4°, 4° bis A et 4° bis, en raison des fonctions exercées par ces dernières ;
6° Par le conjoint ou le concubin de la victime ou le partenaire lié à la victime par un pacte civil de solidarité ;»
Enfin, le meurtre (donc intentionnel) est sanctionné par l’article 221-4 à la réclusion criminelle à perpétuité :
« Article 221-4 : Le meurtre est puni de la réclusion criminelle à perpétuité lorsqu'il est commis :
(…)
4° ter Sur le conjoint, les ascendants ou les descendants en ligne directe ou sur toute autre personne vivant habituellement au domicile des personnes mentionnées aux 4° et 4° bis, en raison des fonctions exercées par ces dernières ; »
Pour conclure, afin de sortir du cycle de la violence, on peut confronter l’auteur face à ses responsabilités pénales, et/ou le confronter sur un plan moral (honte, atteinte à l’intégrité de son conjoint…) de manière à ce qu’il prenne conscience de la gravité de ses actes, hors pathologies mentales bien sûr. Sachant que, dans ce cas, il pourra se retrouver face à des conséquences telles que la dépression, voire l'hospitalisation. Quoi qu’il en soit, il devra entamer un processus de réflexion et de travail sur ses propres responsabilités à long terme.
Malgré la libération massive de la parole apportée par le mouvement sociétal en 2017, malgré les efforts du gouvernement et de nos institutions pour renforcer la prévention et les sanctions des violences conjugales, force est de constater que les statistiques montrent une aggravation chaque année, que ce soit pour les violences ou les homicides, faisant de ce sujet un problématique prégnante pour la criminalité en France.
Delphine AVRIL MAES
Psychothérapeute ARS, Psychotraumatologue, Victimologue, Criminologue