13/07/2021
LE SOLEIL!
Enfin. Le printemps est venu et nous a apporté ce petit supplément d’être qui ré-ouvre les yeux vers l’extérieur et le cœur vers le ciel. Maintenant c’est l’été et le soleil est là et bien là. Fidèle au poste. Il revient chaque année, comme il revient chaque matin. Il est fidèle à son devoir, à sa parole et à ses engagements.
C’est le mythe d’Hélios, dont la chaude lumière, réchauffe le cœur et éclaire les engagements. Dans la Mythologie gréco-romaine, sa lumière juste éclairait les contrats et évitait ainsi toutes les zones d’ombre, propices au mensonge et à la tricherie. En cela Hélios était l’un des dieux du commerce. Notre besoin de soleil n’est peut être donc pas seulement un besoin de chaleur et de lumière, physiquement ressentis. C’est sans doute aussi un besoin profond de rectitude et de verticalité, de confiance accordée au « père », c'est-à-dire à celui qui détient l’autorité et la responsabilité.
Justifiée, cette confiance rassure, tout en impliquant le droit à l’erreur du référent, parce que l’on sait qu’il assumera si besoin est. C’est sans doute la faillite de cela qui nous a le plus inconsciemment blessés et continue à le faire. Elle a même pu instiller en nous un certain sentiment de culpabilité de s’être trompé en accordant une confiance finalement mal placée dans ces référents (politiques, scientifiques, médiatiques, etc.). La crise que nous vivons révèle cette faille, cette blessure, de façon brutale, voire même violente pour certains, car la mise en lumière n’est pas solaire, dans le sens porté par Hélios. Elle est celle de l’Ange déchu, dont le nom, Lucifer, signifie « porteur de lumière ». C’est une lumière chirurgicale qui taille dans les chairs et les cœurs.
Cette lumière crue éclaire nos zones d’ombres, que nous sommes parfois si prompts à fuir dans l’agitation des comportements et des impostures. Alors, oui c’est désagréable, et pourtant c’est nécessaire car c’est ce qui révèle l’opportunité. Lorsque les décombres sont là, il ne reste qu’une seule issue, reconstruire. Lorsqu’une plaie est ouverte, il ne reste qu’une chose à faire, cicatriser. Ce n’est ni un choix ni une alternative. C’est une évidence non négociable. Il nous faut l’entendre et l’accepter. Il nous faut l’accueillir avec le cœur et dire à la tête de « se taire » un peu, avec toutes ses peurs et ses besoins de certitudes. C’est de vie dont il s’agit, et non d’existence. Il s’agit d’avenir et de futur. Nous le devons à la vie, à nos enfants, à nos parents. C’est un horizon, un chemin, une destinée et un devoir.
La clé de notre cicatrisation des plaies ouvertes par la crise, s’appelle résilience, c'est-à-dire transformation. Elle n’est possible que si nous ACCEPTONS, dans son sens le plus large, au risque sinon d’un insupportable glissement vers les fonds les plus nauséabonds et cloaqueux. Il m’arrive fréquemment de dire à des patients que « un vécu, une expérience ou une épreuve, n’ont de sens que dans ce que l’on en fait et comprend ». Nous pouvons constater chaque jour comment cela se décline. Et dieu sait si la ligne est fine entre le « paradis et l’enfer ».
C’est l’intention, qui en toute chose, détermine « de quel coté on bascule ». Or l’intention est un champ qui nous appartient totalement. C’est elle qui, en nous, détermine les forces pour reconstruire ou au contraire entretenir la brèche. Cette voie est étroite et exigeante, sensible voire douloureuse, puisque c’est celle qui dépasse le pardon pour aller à la capacité résiliente qui consiste à tourner la page. Saurons-nous le faire? Notre immunité en dépend.
Redressons la tête, accueillons le soleil et regardons devant. Le reste n’est que lutte et perpétuation d’une bataille qu’il nous faut quitter. Pensons (pansons?) nous ainsi, pensons les nôtres et tous ceux que l’on aime ainsi. Il n’y a pas de contamination plus vertueuse que celle qui redonne envie de croire. Et la période actuelle, avec tous ses nuages sombres et celle qui se profile ne rendent pas cela facile. Les murs se multiplient et les comportements se désagrègent sous le joug de la servile complicité. Revoyons ce film puissant qui s’appelle la « La vie est belle ». C’est une question de vie…