11/09/2022
Dimanche 21 août
Avec ton papa nous avons décidé de faire des sessions de 24h.
Chacun passe 24h avec toi et 24h avec ta sœur. On veut être présents pour toi mais aussi pour ta grande sœur qui commence à montrer que tout ça la perturbe beaucoup.
On nous a conseillé de penser à nous, à notre couple, mais clairement la priorité pour le moment c'est vous deux. Avec ton papa on se verra plus t**d, quand tout ira mieux.
Avec ton papa, sans même en discuter auparavant, on a toujours été sur la même position : nos enfants sont notre priorité. Le fait que tout soit fluide entre nous et que nos décisions soient logiques pour l'un comme pour l'autre est notre force. On sait ce que l'on veut, on sait dans quelle direction on va et on n'a pas besoin d'en discuter pour le savoir. On le sait c'est tout. Dans ce moment si compliqué, quel soulagement d'avoir un partenaire qui ait exactement la même vision des choses que l'autre.
Première "transition". Les échanges de bébés, on les a appelé comme ça. Première transition très compliquée pour moi. Je ne supporte pas de te voir si mal, de te voir ici, je ne supporte pas non plus de voir Alicia ici. L'hôpital ce n'est pas un lieu où l'on devrait y voir un enfant... je sais que nous ne sommes pas dans un monde idyllique mais quand même ... un enfant ne devrait jamais être impacté par la maladie.
Je le reconnais, je suis à fleur de peau, je suis très énervée, énervée contre tout le monde, je n'arrive pas à communiquer correctement. Je veux juste qu'on échange nos bébés, que nous passions nos 24h ensemble, tous les deux et qu'avec ta sœur, on se revoit dans 24h.
D'ailleurs depuis ton premier aller aux urgences je me rends compte que mon cerveau est vide. Je ne retiens rien, je ne comprends rien, j'ai littéralement l'impression d'être bête. Cette situation me perturbe beaucoup trop pour que mes facultés soient ordonnées.
Tu viens de prendre des corticoïdes et les premiers effets ne t**dent pas... mon pauvre petit prince... tu les supportes mal...
Je tiens véritablement à parler de ce point car j'ai eu besoin qu'on me rassure beaucoup sur ça.
Tu fais littéralement des crises d'hystérie. J'en parle beaucoup avec les infirmières qui viennent contrôler tes constantes chaque heure, les aides soignantes et les médecins qui m'expliquent que beaucoup de bébés réagissent très mal aux corticoïdes. Qu'il va falloir faire avec, que peut être qu'avec le temps les effets vont s'estomper.
Ton médecin me prévient : vos nuits vont être courtes.
Et là je repense à ton RGO qui t'embête depuis ta naissance, à tes nuits très difficiles depuis tous ces mois, à tes réveils toutes les 20 minutes sans exception jusqu'à tes 9 mois. Les nuits compliquées avec ton papa ça nous connaît, on sait qu'on est capable de les affronter. Et en même temps... On venait de passer de superbes vacances tous ensemble. Tu commençais à te réguler au niveau des nuits, tu n'allais pas t**der à marcher, tout allait dans le bon sens. Je suis tellement désolée pour toi mon petit prince... tellement désolée que depuis le début tu vives toutes ces déconvenues.
Je sais néanmoins que tu es fort, j'ai confiance en toi mon bébé, tu vas surmonter ça, tu vas te relever.
Nous passons 24h très difficiles, tu ne dors pas de la nuit. Tu ne te calme que très peu, tu sembles avoir mal. Tu es extrêmement énervé. Le médecin passe te voir, je lui explique que tu sembles avoir mal. Il me dit que cette maladie peut être douloureuse donc oui il est possible que tu souffres.... mon pauvre bébé en plus de tout ça, nous apprenons que tu as également des douleurs...
Cette nuit je doute, j'ai besoin de plus de réponses, tu ne dors, je ne dors pas, et je me lance dans des recherches sur ta maladie. En réalité je cherche des témoignages... Quelle erreur ! Je ne tombe que sur des choses qui m'angoissent...
Les plaques ont disparues. D'ailleurs elles sont parties assez vite.
Néanmoins tu es toujours aussi faible, ta fièvre est toujours là et tu es toujours autant en colère.
La colère est un des symptômes de Kawasaki.
Tu ne manges toujours pas, ou très très peu... tu es toujours perfusé pour t'apporter les nutriments nécessaires... Une bonne chose, tu bois de l'eau.
Ton papa et ta sœur arrivent, nous échangeons nos bébés.
Comme pour la première transition, la deuxième est difficile pour moi. Je parle mal, je suis énervée, stressée, tout se mélange dans mon cœur et ma tête.
Je te laisse le cœur très très lourd. Je n'ai pas envie de partir, de te laisser et en même temps j'ai envie de passer aussi du temps avec ta sœur.
A demain mes amours (toi et ton papa)...
Nous rentrons à la maison, heureusement ta sœur a encore besoin de faire des siestes. Je m'effondre de sommeil et nous faisons notre sieste toutes les deux. J'ai tellement besoin qu'elle reste près de moi... vous me manquez tellement ton papa et toi... notre vie à quatre... j'ai envie qu'on retrouve notre vie d'avant...