22/10/2025
C'te claque.
Quel est mon niveau de responsabilité en tant que soignante ET ancienne victime qui connait parfaitement les rouages de la naturopathie face à un.e patiente qui est en train de /ou a déjà plongé dedans?
Un autre pro de santé, non victime, non conscient de l'amplitude abyssale des risques, et dont des actes sont remboursés par la sécurité sociale, aura probablement une attitude spontanément plus cool ou détachée face à l'info d'un.e patient.e qui pose un "le naturopathe m'a dit que....".
Si c'est balayé d'un revers de main, le patient n'osera peut-être plus en parler, mais comme, entre prise en charge CPAM et parcours de soin assez cadré, le pro reverra forcément son patient, il aura, je le souhaite, le TEMPS d'évaluer, de suivre les choses au long cours.
Moi, comment je me place?
Ni sauveuse, ni justicière, mais coupable de ne pas dire si je ne dis pas, et coupable de dire si je dis.
A ce stade, si vous avez envie de me faire un commentaire prescriptif, je vous laisse méditer sur cette question rhétorique et suspendre votre jugement qui risque bien d'être un yakafokon.
Il y a des situations où il y a de l'espace et du temps pour évoquer mon parcours et/ou l'intérêt de lecture critique d'articles scientifiques pour trier les informations, pas pour parler de moi mais pour dire qu il y a pleins de chemins et que certains, tous séduisants qu'ils paraissent, mènent dans les ornières.
Il arrive aussi parfois que, fatiguée, en atelier de dépistage, pressée par le temps et devant des gens que je sais que je ne reverrai jamais, je me dise qu'il est nécessaire de mettre en garde. Rapidement. Parfois trop rapidement.
Gnagnagna l'ETP ok, mais on voit COMBIEN de personnes réellement engagées dans des parcours ETP pluripro et longs, hyper qualitatifs certe, ou on aura PLEIN de temps sur des prises en charges (contrôlées par plus d'administratifs que de soignants impliqués ?)? Combien?
Autant sur une année que sur deux de ces ateliers (2 jours donc).
Donc quand le problème évoqué est de nature à risquer rien de moins qu'un problème cardiaque (vous savez ce truc qui concerne aussi les femmes et dont pas mal de monde se fiche) et qu'un "pharmacien naturopathe" lui a proposé un complément alimentaire au doigt mouillé, j'avoue que je n'ai pas réussi à être détachée et j'ai déroulé ma critique aussi sincère que motivée (sauveuse ET justicière).
Je ne sais pas si c'était la chose à faire pour elle. Et vous non plus. Seul le temps dira si l'information et son format lui a été utile. Bénéfice VS Risque. Info VS Réactance.
Je l'ai déjà écrit plusieurs fois, dit en conférence, personnellement, j'aurais voulu être protégée.
Et malheureusement, parfois, les gens dans les institutions (ARS, Facultés, Médias, Ministère,...) sous estiment vachement le risque et exposent clairement les gens à l'insu de leur plein gré, de leur flemme ou de leur incompétence.
Parfois, aussi, le temps qu'ils soient dans les dispositions pour écouter ceux qui sonnent l'alerte en interne, ils sont déjà en train de légitimiter les artisans du problème.
Prix spécial du Jury au grand "Summit" qui a récemment rassemblé de façon très officielle tout ce que les fausses alternatives font de plus WTF, avec des officiels et des assos de patients complètement largués et inconscients de légitimiter les problèmes tout en pensant contribuer aux solutions.
Ça plaidera la naïveté dans les journaux, sans doute.
Si les journalistes en recherche de "machins à dire" arrivent à faire leur travail (déontologie, toussa) sans être naïfs eux-même.
Toute ressemblance avec des faits qui se seraient produits depuis le début du mois et que j'aurais partagés ici ne serait pas fortuite.
J'ai mis 10 fois plus de temps à rédiger mon post que la durée de ce SHORT metacognitif.
Vous n'êtes pas à l'abri d'une grosse introspection après l'avoir écouté.
NOS BIAIS FACE AUX SUJETS SENSIBLES - MÉTA SHORT (capsule).
Que se passe-t-il dans notre tête lorsque l’on défend une cause qui nous est chère ? Laurent Puech, assistant social, nous explique comment les postures de sauveur et de justicier, si souvent présentes dans l’action militante, peuvent conduire à nier la dignité de la personne que l’on souhaite pourtant aider en toute bienveillance.
Nous interroger sur nos biais cognitifs et adopter une position métacognitive devient alors essentiel pour préserver l’autre de la violence que l’on combat.
Cette émission est disponible sur toutes les applis de podcast et en version vidéo, avec sous-titres et illustrations didactiques : https://youtu.be/fmZMmKSTCqQ !
Featuring classieux : l’animation vidéo a été réalisée par Chayka de la chaîne de vulgarisation scientifique Hacking Social !
Chayka Hackso