06/05/2025
Voyez-vous cette femme ? Elle a été moquée, insultée, humiliée, critiquée – simplement parce qu’elle est née FEMME. Son nom était Grazia. Grazia Deledda. Jeune fille de Sardaigne, élevée parmi les montagnes de Nuoro, dans une terre où les petites filles étaient censées coudre, pas rêver. À l’âge de neuf ans, elle a dû quitter l’école : l’instruction, pour une fille, était jugée inutile. Mais Grazia n’a pas abandonné. En secret, elle a poursuivi son apprentissage, nourrissant son esprit de livres et son âme de mots.
Adolescente, lorsque sa première histoire a été publiée dans un magazine, son cœur s’est empli d’une joie immense. Mais autour d’elle, c’était le scandale. Écrire ? Pour une femme ? Quelle honte ! Les voisins chuchotaient, le prêtre secouait la tête, même sa propre famille la regardait avec désapprobation. Une femme était censée tenir la maison, pas remplir les pages de romans.
Mais Grazia était obstinée. Elle a refusé de plier. Alors que la maison dormait, elle écrivait en silence, tissant ses nuits solitaires en pages vibrantes de vie.
Devenue adulte, elle a quitté son île pour Rome, aux côtés d’un homme qui croyait en elle plus que quiconque : Palmiro Madesani. Ce n’était pas une histoire d’amour ordinaire : Palmiro ne se contentait pas de l’épouser, il était son premier protecteur, son allié, son encouragement discret à poursuivre ses rêves sans honte. Et lorsque le monde riait d’eux – d’elle, la femme écrivain ; de lui, l’homme qui la soutenait – ils répondaient par ce silence serein de ceux qui savent où ils vont.
Grazia a continué à écrire, parlant de femmes fortes et fragiles, d’hommes égarés, de ces terres dures comme son propre cœur. Et un jour, après des années d’efforts silencieux, le monde a enfin tourné les yeux vers elle.
C’était en 1926. Grazia Deledda, la « petite Sarde » à peine instruite, a reçu le Prix Nobel de littérature.
Lorsqu’elle est montée sur scène, elle n’était pas seule. À ses côtés, main dans la main, se tenait Palmiro – celui qui savait l’aimer sans craindre de la perdre.
Car aimer, vraiment, c’est cela : rester quand tout vous dit de partir.
Et à toi, Grazia, je veux dire merci. Merci de nous avoir appris qu’être née femme n’est pas un fardeau : c’est une force qui illumine le monde.