07/04/2024
Vivez-vous sous la tyrannie de la positivité ? de la quête de perfection et de la performance ?
Telle est la question posée en introduction de la conférence de Bourgognon et Fabrice Midal« Surmonter le découragement » organisée par l’Institut de Cancérologie de Lorraine ce 4 avril.
J’ai trouvé très utile de démarrer le propos en suggérant que la souffrance du 21éme siècle était liée à la quête de perfection et de performance, à la véritable tyrannie que constitue la positivité.
Ce serait prétentieux et vain de vouloir ici résumer la conférence, mais c’est utile de suggérer, comme le fait Fabrice Midal que le Burn-out est la maladie de l’hyperformance et du manque de reconnaissance, c’est précieux d’éclairer sur le fait que si l’on ne supporte pas l’inconfort, on devient vite manipulable.
J’ai particulièrement apprécié cette invitation de Fabrice Midal à remettre en cause la façon dont on catégorise les émotions. Très souvent, une émotion est qualifiée de positive ou négative. Par exemple la colère est considérée comme négative. D’abord parce qu’elle est souvent confondue avec l’agressivité. Ensuite parce qu’on perd de vue que la colère a pour opposé la justice et que par conséquent, il y a souvent de très saines colères ! Donc une autre façon de catégoriser est souhaitable, selon leur justesse ou leur utilité pour nous et notre cheminement.
Je dis fréquemment lors de mes accompagnements ou ateliers que nos émotions sont à mettre en perspective avec nos besoins et valeurs : quand nous éprouvons une émotion telle que la colère c’est sans doute qu’une de nos valeurs autour de la justice a été percutée ! Accepter l’émotion permet cette exploration.
Pour autant, accepter ses émotions ne signifie pas les exprimer sans filtre, sans réflexion, sans prendre en compte le contexte. Ce qui m’amène à m’interroger sur une possible autre tyrannie : celle du ressenti… en substance « si je ressens c’est que c’est juste… donc j’exprime ! ». Accueillir ses émotions suppose de se connecter à ses ressentis, c’est indispensable mais non suffisant : pour être audible, il y a une manière de les communiquer où l’on tient compte de soi… et de l’autre ou des autres.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur cette conférence et les réflexions auxquelles ces deux-là invitent… mais je suggérerai juste la lecture de Nuances de François Bourgognon, que je viens de terminer. Une invitation à considérer que « Le monde est fait de nuances, et nous vivons à une époque qui semble l’avoir oublié. » Tout m’a intéressé, mais plus particulièrement les chapitres « l’acceptation n’est ni l’approbation ni la résignation » et « il n’est pas égoïste de prendre soin de soi »