17/05/2024
NUTRITION : notre santé mise à mal par l’agro industrie
« Que ton aliment soit ta seule médecine »
La nutrition, englobant au sens large l’alimentation, la corpulence et l’activité physique,est aujourd’hui reconnue comme un des principaux facteurs modifiables intervenant dans le déterminisme des maladies les plus répandues dans le monde industrialisé : obésité, cancers, maladies cardiovasculaires, diabète…
l'importance de l'alimentation dans le maintien de la santé et la prévention des maladies. L'alimentation est bien plus qu'une simple nécessité biologique, c'est un pilier fondamental de notre bien-être physique et mental. Chaque bouchée que nous prenons influe sur notre santé de manière profonde et durable.
[…] Aujourd’hui l’alimentation transformée représente 30% de notre consommation alors qu’elle ne devrait pas dépasser 15%…
Un lien indéniable entre l’alimentation et le risque de maladies
Mathilde Touvier, directrice de recherche à l'INSERM et investigatrice principale de l’étude NutriNet-Santé, a toujours voulu être "chercheuse en santé humaine"… « Cette approche de la santé publique appliquée à notre alimentation et au risque de maladie m’a vraiment intéressé. »Aujourd’hui, elle dirige une équipe d'épidémiologistes nutritionnels à l’INSERM : « On met en place des études sur de grandes populations pour regarder ce que les personnes consomment, leur alimentation, leur activité physique, leur statut pondéral, leur anthropométrique et le risque, au fil du temps, de développer des maladies comme des cancers, des maladies cardiovasculaires, du diabète, mais aussi des maladies mentales, ostéo articulaires ou encore respiratoires. »
[…] Avec l'étude nutrition de santé, on a pu montrer que lorsque la part d'aliments ultratransformés augmente dans le régime, cela est associé à une augmentation de risque de cancers, de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2. »
Il reste aujourd’hui difficile pour beaucoup d’entre nous de faire le lien entre alimentation et santé. Or, en moyenne au vous d’une vie, nous ingérons 30 tonnes d’aliments et 50 000 litres de boisson.
[…] Historiquement, les épidémiologistes nutritionnels s’intéressaient à la question du gras et du sucre. Puis, on s’est aperçu qu'il y avait d'autres caractéristiques de nos aliments qui pouvaient jouer, notamment la manière dont on les transforme, c’est ce qu’on appelle les aliments ultratransformés. Ce sont ceux, par exemple, qui sont soit chauffés à très haute température, issue de procédés qui modifient vraiment de manière importante les matrices alimentaires…[…]
La dimension de plaisir reste bien sûr importante avec la notion d’alimentation.
« Bien manger » ou « manger équilibré » signifie ces 3 dimensions :
⁃ pas trop de sucre
⁃ ni trop de gras et les bonnes graisses au bon moment, avec un bon niveau de fibres…
⁃ et c’est forcément des aliments le moins transformés possible (et surtout pas ultra transformés), et pas trop contaminés (résidus de pesticides)
Et puis pour éviter les risques de cancer colorectal c’est 500 gr de viande rouge par semaine, la charcuterie est comprise dans cette approche.
Au delà du sucre et du gras, les additifs, les édulcorants (Aspartam…) et les procédés d’ultra transformation qui modifient la matrice alimentaire sont néfastes pour notre microbiote, le métabolisme et donc notre santé : maladies cardiovasculaires, cancers, diabète de type 2, obésité sont révélés par plus de 75 études dans le monde …
« La maladie du soda » (la N.A.S.H. ou stéatose hépatique) atteint 6 millions de français qui consomment 4 fois plus que conseillé. Heureusement seulement 20% vont évoluer vers une cirrhose ou un cancer du foie…
Le soda participe donc des dangers d’une alimentation trop sucrée
L’industrie de la charcuterie en France cherche à « faire mieux que nos voisins » avec 40% de nitrites de sodium (additifs) en moins : c’est très bien mais pas assez pour réduire l’exposition aux risques du cancer colorectal.
Les sucres ajoutés dans les aliments industriels sont aussi problématiques notamment les sucres cachés dans les aliments salés (!). Les petits pois sans sucre c’est normal et meilleur pour la santé !
L’évolution des pratiques d’élevage (intensifs, intrants, pesticides) pose aussi des questions sur la perte en qualité nutritionnelle des aliments. Selon la provenance des aliments cultivés, il est possible de se demander si nous nous faisons encore du bien en mangeant des fruits et des légumes. Il convient donc d’être vigilant sur la provenance, le fait de consommer des produits de saison et récemment cueillis
Le rythme de nos repas - plus ou moins anarchique - a aussi un impact sur la prise de poids et la santé (repas tardifs présente des risques)
Tous les sucres et glucides ne sont pas à bannir : les sucres des fruits par exemple. Et tous les gras ne sont pas à jeter : les matières grasses végétales (huiles d’olive, colza, noix) sont des acides gras importants pour la prévention des maladies cardiovasculaires.
En conclusion une nourriture pas chère, c’est 2 fois plus cher : nous le payons sur notre santé et notre environnement.
Si notre santé passe par la prise en compte de l’Homme dans son environnement (épi génétique), l’alimentation est indéniablement l’un des 4 piliers de notre bonne santé.
Émission France Inter Radio France
Quelles interactions entre la nutrition et la santé ? De nombreuses études épidémiologiques, expérimentales et cliniques ces dernières années ont permis d’en savoir plus sur l’impact de l’alimentation, notamment industrielle, sur notre santé.