24/04/2025
L’infidélité : ce vilain petit mot qui résiste à la modernité (et aux Google Calendar partagés)
Autrefois, l’infidélité se cachait dans les chambres d’hôtel, les soirées un peu trop arrosées ou les réunions de "boulot" prolongées. Aujourd’hui, elle se glisse aussi dans les DM, les likes un peu trop appuyés, et même dans les “conversations profondes” sur Telegram. Et pourtant, dans ce grand chamboulement du couple version 2.0, où l’on parle d’amour libre, de polyamour, d’exclusivité émotionnelle mais pas sexuelle (ou l’inverse, c’est selon), l’infidélité reste... une trahison. Ou du moins, une friction.
Les études sur le « nouveau couple » montrent que nous sommes à la fois plus ouverts... et plus exigeants. Nous voulons la liberté, mais aussi l’engagement. L’authenticité, mais la sécurité. La fusion, mais l’indépendance. Bref, on veut la passion d’un roman russe, avec la stabilité d’un prêt immobilier à taux fixe.
Et pourtant, même dans ce cadre élargi, l’infidélité pique. Pourquoi ? Parce qu’elle est souvent moins une affaire de sexe qu’une affaire de contrat invisible. Dans ce contrat, il y a parfois des clauses floues : "tu peux flirter, mais pas trop", "tu peux fantasmer, mais pas liker", "tu peux coucher avec quelqu’un d’autre, mais seulement si c’est prévu dans notre tableau Excel des libertés conjugales."
Les chercheurs montrent que ce n’est pas tant le passage à l’acte qui blesse, mais ce qu’il vient égratigner : l’ego, le sentiment d’unicité, cette conviction un peu narcissique (mais ô combien humaine) qu’on est le ou la seule capable de combler l’autre. L’infidélité fait vaciller cette image de soi comme pilier central du désir et de l’amour de l’autre. Elle nous confronte à notre remplaçabilité, à notre vulnérabilité, et parfois même à cette vérité dérangeante : l’amour n’annule pas le désir pour d’autres.
Mais alors, si l’infidélité est considérée comme honteuse, elle est d'une banalité courante, touchant jusqu'à 50 % de la population.
Peut-être l'occasion de faire de cette épreuve un moment de rebond pour le couple et/ou pour soi-même.