18/11/2025
💡 Mois des Lumières – Le vertige de l’infini : quand l’univers déclenche l’angoisse
Certaines personnes ressentent une angoisse vive lorsqu’elles imaginent l’univers : son immensité, son absence de centre, son vide. Ce « vertige cosmique » est connu en psychologie : c’est une réaction anxieuse face à une échelle qui dépasse nos capacités de représentation.
Le cerveau humain fonctionne avec des repères concrets et limités. Face à l’infini, ces repères se dissolvent, ce qui est interprété par le système d’alerte comme une menace. Cette perte de structure interne explique ce mélange de malaise, de vertige et d’impression de “décrochage”.
Sur le plan physiologique, les études montrent que les images de vide spatial activent des zones proches de celles impliquées dans la peur du vide ou de la chute. Il ne s’agit pas d’une peur “rationnelle”, mais d’une réaction corporelle à une perte de stabilité perceptive.
Psychologiquement, ce décentrage brutal expose l’être humain à une autre réalité : celle de sa finitude. C’est le point souligné par les auteurs existentialistes (Yalom, entre autres) : se confronter à un univers infini, c’est se confronter à notre propre non-centralité, à notre fragilité, et à l’idée que notre existence est limitée dans le temps.
Les recherches en psychologie sociale (Terror Management Theory) confirment que la seule représentation de l’infini peut réactiver l’anxiété liée à la mort, même sans y penser explicitement. Plus l’univers paraît vaste, plus notre existence semble minuscule – et plus l’angoisse se renforce.
Ce phénomène n’a rien de pathologique : il témoigne du conflit entre un organisme prévu pour comprendre le proche, le tangible, et un réel cosmique qui échappe à toute maîtrise.
En clinique, ce vertige s’accompagne souvent de sensations de dépersonnalisation légère ou d’irréalité. Le travail thérapeutique consiste à ramener le sujet dans le fini, dans ce qui est stable : le corps, les limites sensorielles, le temps humain, la présence des autres.
Face à l’infini, l’apaisement vient moins de comprendre que de retrouver un point d’ancrage.