17/01/2024
Après des mois d’absence, je reprends mon clavier pour exprimer un coup de gu**le concernant l’annonce récente du gouvernement sur le remplacement du congé parental actuel par un congé de naissance (6 mois pour chacun des deux parents au lieu d’un an renouvelable trois fois), l’idée étant d’offrir un temps équivalent aux deux parents, mieux rémunéré (ça, c’est une bonne chose!), dans le but de relancer la natalité (on peut par contre se poser des questions sur cette nécessité au vue des enjeux écologiques existants), et au détriment malheureusement d’un accompagnement long de la petite enfance. Les parents qui ne souhaitent pas faire garder leur enfant dès 6 mois seront donc a priori contraints de démissionner, puisque l’objectif de cette mesure semble être, je cite, « de remettre les femmes sur le marché du travail au plus vite ».
Exit donc les besoins de l’enfant d’être majoritairement avec sa figure d’attachement pendant ses premières années de vie pour grandir sereinement, dans une relation de confiance avec le monde. Exit les études sur la théorie de l’attachement, l’impact positif de l’allaitement long, l’importance de prendre son temps pour grandir au mieux.
Ce gouvernement continue de privilégier une sociabilisation forcée à outrance, estimant qu’une prise en charge en masse des enfants par la collectivité est préférable à un investissement parental et familial de qualité, au nom de théories dépassées sur la petite enfance et/ou d’une conception très particulière de l’équilibre qui devrait exister entre les différentes sphères que sont la société et la cellule familiale. Pour preuve le sort catastrophique fait à l’instruction en famille, au mépris total des besoins des enfants et de leurs émotions exprimées, et basé uniquement sur une décision idéologique arrogante et totalement coupée de la réalité sur le terrain. Il en est de même de l’instruction obligatoire dès trois ans, avec des programmes pédagogiques en maternelle très chargés, trop chargés pour des enfants qui devraient encore passer la majorité de leur temps à jouer librement entre eux, sans contrainte autre que le respect d’autrui, dans un environnement certes riche de propositions et d’échanges intellectuels, mais sans coercition pédagogique. Bizarrement, on nous vante sans cesse les résultats PISA des pays scandinaves, mais on oublie totalement cette partie de l’équation qui est pourtant essentielle à la compréhension de la perception relativement positive d’un grand nombre d’enfants scandinaves de l’apprentissage : ils n’ont pas été gavés d’informations qui ne les intéressent, pour un certain nombre d’entre eux, pas encore, ils n’ont pas appris à rester assis sur une chaise pendant des moments dont la durée excède largement leurs besoins et même, souvent, leurs capacités. Ils ont au contraire passé des heures dehors à développer leur motricité globale et leur motricité fine, leur compréhension des enjeux sociaux ; ils ont eu le temps de grandir et d’être avant de devoir savoir et comprendre.
Encore une fois, la hiérarchie des valeurs me laisse sans voix. L’économie est privilégiée par rapport au bien-être, la liberté individuelle est bafouée au nom d’une soit-disant prise en charge bienveillante et sachante des institutions qui n’existe malheureusement généralement que sur le papier, rarement dans les faits. Et l’écologie est totalement passée à la trappe !
Bien sûr, il arrive parfois que la collectivité dès 6 mois soit un choix qui fasse sens pour la famille. Que ce soit ce qu’il y a de mieux pour parents et enfants. Ce n’est toutefois pas une généralité et ce n’est certainement pas une décision qui devrait être prise sous la contrainte, par peur de perdre son emploi. La conséquence, on la connaît : les familles qui pourront se le permettre, avec des moyens financiers adaptés, et qui partagent mes convictions, trouveront des solutions adaptées aux besoins de leurs enfants. Les autres feront comme elles peuvent, selon la théorie du moindre mal. Et le gouvernement ose encore nous parler d’égalité des chances, même après le couac de la nouvelle ministre de l’éducation.
Sous couvert de séparatisme, la chasse à la différence est en pleine extension. Le président rêve d’une société uniformisée, à l’école et dans la rue, qui lui ressemble. Originaux, créatifs, sensibles, libres penseurs et contre-courantistes, courez vous cacher ! Vos jours semblent comptés.