06/05/2024
Magnifique texte rédigé par le papa de mon ange...
Mille mercis encore pour ces mots, pour ce partage sur ton vécu de papa...
Le cataclysme
Ce jour-là, je me suis aperçu ce que voulait dire « avoir le ciel qui nous tombe sur la tête ».
Ce jour-là, comme tous les matins je partais travailler vers les 5h30 et la sensation était déjà bizarre. Ma femme me dit : « je ne le sens pas bouger ». Normal en fin de grossesse. On en reparle tout à l'heure après le taf.
Ce jour-là, la finalité aurait-elle été différente si on y avait été tout de suite on ne le saura jamais.
Ce jour-là, je n'ai pas travaillé pareil, ça me trottait dans la tête en permanence, « vite que je rentre et le sentir bouger ».
Ce jour-là, le retour fut rapide et la décision d'aller contrôler à la clinique pour se rassurer aussi.
Ce jour-là, le contrôle commence mais les yeux de la sage-femme m'ont brisé le moral et c'est à ce moment-là…
Ce jour-là, c'est le moment où le cataclysme tombe sur un père en apnée. Mon fils ne respire plus… La colère m'envahit au point de vouloir tout briser. J’en voulais à la terre entière. Mon fils tant attendu « NON ! » « NON ! », c’est un cauchemar je vais me réveiller et aller travailler !!! mais pourquoi tant de douleur dans les yeux de sa mère ? pourquoi nous ? pourquoi maintenant ? pourquoi ça ? Pas normal, je vais me réveiller !!! Ça fait une minute que la sage-femme a éteint l'écran et on a compris.
Ce jour-là, l'appel de la sage-femme au gynécologue résonne comme un coup de poignard dans ma poitrine. « Pourquoi ne vient-il pas sauver mon bébé ». La colère est telle que je ne me contrôle plus. Des centaines de sentiments, m'envahissent de plus en plus mais aucun de joyeux ou de bon comme ça devrait être après une échographie.
Ce jour-là la porte de sa future chambre est devenu un exutoire pour mon point, un trou, comme le vide laissé à ce moment-là.
Ce jour-là, sans la force et le calme de ma femme le gynécologue n'aurait pas compris ma douleur, il l’aurait malheureusement subi. Mais une fois de plus sa force m'a soutenu.
Ce jour-là, à la clinique, les yeux du personnel ne montraient pas des sentiments normaux. Oui on vient pour la naissance de mon fils. Et oui, pas une naissance normale, pas une naissance acceptable.
Ce jour-là, c'est à moi d'être fort pour la maman, parce que oui ce jour-là elle est devenue une mère forte et exceptionnelle. Faire naître un enfant est une épreuve difficile mais joyeuse. Mais faire naître un enfant sans vie n'est pas donné à une personne normale, qu’aux mères exceptionnelles.
Ce jour-là, j'ai été fort pour eux du mieux que j'ai pu. Mais on se sent si petit, impuissant en tant que père.
Ce jour-là nos vies ont changées. Et oui, depuis ce jour-là je ne veux plus de ces jours-là mais depuis je te parle en cachette, je t'imagine en secret mais depuis ce jour-là je t'aime comme un père.
A mon étoile du quotidien.