11/05/2019
Nous avons tous des défenses psychologiques. Elles servent à nous protéger de ce que nous ne pouvons pas assumer. De même que le corps perd conscience lorsqu'il souffre d'un traumatisme afin de se protéger d'une souffrance excessive, de même nous élevons des défenses pour nous protéger des souffrances morales accablantes. L'abus de défenses devient tôt ou t**d affectivement létal. Le recours aux défenses crée à la longue une dépendance qui, comme toutes les drogues, t'empêches de rester en contact avec la réalité. Que sont ces défenses ? Les plus courantes sont la négation du réel, la répression de sentiments, le rejet de responsabilités sur des facteurs extérieurs, la justification abusive et l'intellectualisation. Elles te permettent d'expliquer des comportements que tu refuses de remettre en cause. Elles t'aident à sauver la face vis-à-vis de toi même comme vis-à-vis des autres, quand tu es incapable de voir ou d'accepter les choses telles qu'elles sont. Elles tendent à masquer la vie et à fournir des excuses pour te montrer désagréable dans tes pensées, tes sentiments ou tes comportements. Tu fais appel à tes défenses quand tu refuses de remédier à tes imperfections ou à celles des gens que tu aimes. Elles te servent à nier que la vie est pénible, que la mort existe, que nous possédons tous un mauvais côté qui nous déplaît. Tu as recours à tes défenses quand tu es acculé(e) à reconnaître que tu n'es pas parfait(e), que la vie est injuste, que tu te sens faible et sans ressource. Les défenses sont une drogue : elles ne t**dent pas à prendre le contrôle de ta personnalité et tu t'aperçois bientôt que tu ne peux plus te passer d'elles. Elles deviennent une habitude inconsciente.
Comment cesser de les utiliser, alors que tu n'es pas toujours conscient(e) de t'en servir ? D'abord, prends tes responsabilités : acceptes le fait que tu es humain(e) et que tu ne saurais être parfait(e); il t'arrive de faire des erreurs, tu as de mauvais côtés, des ombres qui te hantent. Tu fais parfois des choses mal, des choses bêtes et des choses qui font mal. Nous en sommes tous là. Une des grandes ironies de la vie, c'est que les gens qui te connaissent le mieux sont conscients de tes limites et percent à jour tes défenses. Une autre ironie, c'est que, une fois que tu reconnais l'existence de ton mauvais côté, celui-ci perd la plus grande partie de son empire sur toi. Te prendre en charge, c'est une façon de reconnaître qu'il t'arrives de commettre des fautes.
Comme tes défenses fonctionnent pour t'éviter les souffrances de la réalité, la deuxième façon de te passer d'elles consiste à accepter la souffrance. Il est inutile de nier, de réprimer ou de justifier abusivement quelque chose que tu admets et que tu acceptes. L'acceptation fournit la force nécessaire pour surmonter la souffrance. Il faut beaucoup moins d'énergie pour reconnaître que tu souffres et pour affronter la souffrance que pour nier celle-ci ou intellectualiser ce que tu ressens. Ce n'est pas de la faiblesse que de ressentir la souffrance : c'est humain.
Une fois que tu t'assumes et reconnais que tu ressens de la douleur, tu te libères des exigences imposées par tes défenses. Les mécanismes de défenses ne fonctionnent bien que dans la mesure où tu n'en es pas pleinement conscient(e). Pour qui s'assume et assume ses comportements, point n'est besoin de défenses. En reconnaissant tes faiblesses et en acceptant le caractère faillible de la nature humaine, tu te donnes la possibilité de renoncer à ses défenses. Tu cesses d'en avoir besoin pour te protéger. Tu deviens assez fort(e) pour assumer ta souffrance. Devenir conscient(e) de ce que tu fais et de la façon dont tu édifies des défenses, fait partie de ta propre estime. Et l'estime de soi, c'est te défaire de tout ce qui entrave la connaissance de toi-même. Par exempte, tes défenses.
Photo : Fabio Maimone