21/11/2025
"Je ne réduirai plus jamais ma lumière pour protéger ceux qui préfèrent l’obscurité. "
Parole de femme qui ne rentre plus dans les cages construites par les autres.
Ils lui ont dit :
« Reste discrète. Reste douce. Reste dans le cadre.
Ne fais pas de bruit. Ne dérange pas.
Ne brille pas trop. Ne parle pas trop.
Ne rêve pas trop grand.
Ne marche pas trop fort.
Ne vis pas trop libre. »
Ils lui ont dit cela comme on récite un sort.
Comme on tente de remettre un animal sauvage dans une boîte trop étroite.
Comme on parle aux femmes depuis des siècles :
avec cette vieille habitude de croire que leur éclat doit être contenu pour ne pas éblouir ceux qui refusent d’ouvrir les yeux.
Mais elle, elle a senti la vérité remonter comme une braise dans sa poitrine :
réduire son âme n’a jamais sauvé personne.
Cela n’a fait que la blesser, elle.
Alors elle a répondu — calmement, mais avec une puissance que les murs ont entendue avant les humains :
« Je ne réduis pas l’éclat de mon âme
pour rassurer ceux qui redoutent la lumière. »
Parce qu’elle a compris ceci :
les gens qui demandent aux femmes de “rester discrètes” ne veulent pas leur bien.
Ils veulent leur confort.
Ce n’est pas ta lumière qu’ils craignent :
c’est ce qu’elle révèle.
Ta clarté dévoile leurs ombres.
Ton intégrité révèle leurs incohérences.
Ta voix dérange leurs silences.
Ta puissance expose leur manque de courage.
Ils te veulent lumineuse… mais à faible intensité.
Ils te veulent présente… mais pas trop vibrante.
Ils te veulent sage… mais pas libre.
Ils te veulent vivante… mais malléable.
Toi ?
Tu n’es pas venue ici pour confirmer le monde.
Tu es venue pour le traverser.
Une femme qui se souvient de son âme
devient impossible à éteindre.
Elle a traversé la honte,
le rejet,
le doute,
les violences silencieuses,
les trahisons bien emballées,
les conseils déguisés en contrôle,
les mains qui la poussaient vers le bas
quand elle tentait de respirer autrement.
Elle a connu les nuits où l’on perd son propre nom, où le monde entier semble plus fort qu’elle.
Elle a connu les chambres où l’on pleure dans sa propre ombre pour ne pas déranger les autres.
Elle a connu le prix de la discrétion forcée.
Et puis un jour, quelque chose s’est ouvert.
Une lucidité ancienne.
Une voix intérieure, bien plus ancienne que son propre corps, qui lui a murmuré :
« Tu n’es pas née pour te minimiser. Tu es née pour rayonner. »
Et c’est là qu’elle a cessé d’être docile.
Elle a cessé de demander la permission d’exister.
Elle a cessé de camoufler son feu pour protéger ceux qui refusent de se réchauffer.
Elle a compris que sa lumière n’était pas une offense.
C’était une offrande.
Et que ceux que cela dérange
ne sont pas ceux à qui elle doit sa présence.
La lumière authentique ne cherche pas à rassurer.
Elle cherche à révéler.
À libérer.
À ouvrir des portes là où d’autres veulent des cadenas.
Alors elle marche avec le front haut, les épaules libres, le cœur vaste.
Elle entre dans une pièce comme on entre dans un temple.
Elle parle comme on invoque.
Elle existe comme on bénit.
Elle ne demande plus :
« Est-ce que ça va si je… ? »
Elle dit :
« Voilà qui je suis. Et je n’éteindrai rien pour que tu te sentes moins petit. »
Les femmes comme elle ne sont pas arrogantes.
Elles sont réveillées.
Elles ont compris que se cacher
n’a jamais protégé personne.
Que s’excuser pour sa lumière
était une forme de trahison de soi.
Que la vraie humilité
n’est pas de se diminuer,
mais de servir le monde
sans se renier.
Elles avancent avec vérité,
sans chercher à plaire,
sans s’expliquer,
sans se justifier.
Elles savent que leur lumière ne menace que ceux
qui refusent de rencontrer la leur.
Alors au nom de toutes celles qu’on a voulues discrètes,
au nom de toutes celles qu’on a minimisées,
au nom de toutes celles qu’on a jugées trop…
trop brillantes,
trop intenses,
trop vraies,
trop libres,
trop conscientes —
voici la proclamation :
Nous ne réduirons plus notre lumière pour soutenir les ombres des autres.
Nous ne parlerons plus en chuchotant pour ne déranger personne.
Nous ne rapetisserons plus pour rassurer les insécures.
Nous sommes ici pour illuminer ce monde et le faire rayonner, pas pour nous excuser d’exister.
Et si notre lumière dérange ?
Qu’elle dérange.
Qu’elle brûle ce qui doit être brûlé.
Qu’elle éclaire ce qui doit être vu.
Parce qu’une femme qui assume pleinement sa lumière change tout ce qu’elle traverse.
Corinne De Leenheer