10/06/2025
« Réinventer la démocratie face à l’impasse : entre lucidité, fermeté et espoir »
Introduction :
Il fut un temps où croire en la démocratie allait de soi et j'y croyais fermement . Elle promettait la parole donnée à chacun, le respect de la loi, la coexistence pacifique dans une société pluraliste. Aujourd’hui, en France en Israël, comme ailleurs dans le monde, cette promesse vacille. Le vivre-ensemble est rongé par les tensions communautaires, l’autorité de l’État s’efface face à la violence, et l’idéal démocratique semble impuissant face à l’idéologie, au rejet de la loi commune, à la fragmentation identitaire. Est-ce l’échec d’un rêve ? Ou le signe qu’il faut le repenser de fond en comble ?
La démocratie en crise, pas de règles sans respect
On ne peut plus faire semblant : dans certains quartiers, la loi de la République n’est plus la norme. L’autorité n’y est ni respectée, ni légitime. Des minorités actives, parfois très politisées ou religieusement engagées, revendiquent un autre ordre, une autre morale, un autre pouvoir. La démocratie, dans sa forme classique, exige un accord tacite : nous respectons tous les règles du jeu. Quand cet accord est rompu, elle devient lettre morte.
L’erreur de lecture , ce n’est pas une question d’ignorance, mais de valeurs irréconciliables
La croyance que l’éducation suffira à “convertir” les esprits radicaux à la démocratie est, dans bien des cas, une illusion. Beaucoup sont déjà instruits. Leur rejet de la démocratie n’est pas dû à un déficit de savoir, mais à une adhésion profonde à une vision du monde incompatible avec elle : théocratique, autoritaire, communautaire, parfois violente. Il faut cesser de confondre humanisme et aveuglement.
Ma proposition : Réarmer la démocratie, restaurer l’autorité sans basculer dans la dictature
Il existe un entre-deux entre l’anarchie molle et la dictature dure. Une démocratie adulte est une démocratie qui punit les transgressions. Non pas pour humilier, mais pour rappeler que les lois ne sont pas des options. Dans l’espace public, celui de tous, le respect des lois doit être immédiat, visible, sanctionné. L’incivilité, l’occupation illégale, les menaces, les actes communautaristes doivent être réprimés sans hésitation. L’amende, la condamnation, l’expulsion, sont des outils démocratiques. Leur absence, elle, mène à l’autoritarisme, car les citoyens, las, finiront par le réclamer et c 'est ce qu'ils font actuellement dans plusieurs pays.
Fonder une nouvelle démocratie civique
Si la démocratie doit survivre, ce que j'espère fortement, elle doit se refonder non sur un droit abstrait, mais sur un devoir de citoyenneté. Le citoyen n’est pas un individu libre de faire ce qu’il veut, mais un gardien du bien commun. Cela impliquerait :
L’introduction d’un service civique obligatoire pour tous (jeunes et nouveaux arrivants).
Une charte républicaine de l’espace public, assortie de sanctions.
Un serment civique pour tout citoyen demandant la nationalité.
La valorisation des métiers de terrain : police, enseignants, magistrature, travailleurs sociaux.
Et si nous échouions comme le pensent les déçus fatalistes ? Le risque du régime autoritaire
Si la démocratie continue à s’affaiblir, si elle reste incapable de se faire respecter, elle sera remplacée. Pas par la révolution des philosophes, mais par la montée de leaders autoritaires, qui feront ce que les démocrates auront refusé de faire : rétablir l’ordre, fût-ce sans la liberté. Le désordre actuel n’est pas une alternative à la tyrannie : il en est la cause lente mais certaine.
Conclusion : L’humanisme, oui mais lucide et responsable
Le drame contemporain est de croire que l’humanisme exclut la fermeté. Or, l’humanisme sans ordre devient impuissance ; la fermeté sans humanisme devient tyrannie. C’est dans leur tension équilibrée que naît une démocratie vivante. À nous, maintenant, de réconcilier autorité et espoir.
Valérie Grumelin