06/02/2025
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Le Bonheur en 10 exercices...
( Encore un article de plus, décevant, qui promet des trucs qu'on peut pas atteindre. Bonheur, exercice, développement personnel toussa toussa (fatigue) ).
Je dis ça parce que les gens quand ils viennent me voir, c'est ce qu'ils cherchent au fond. Ils espèrent en idéal pour eux même. Le bonheur. On cherchent tous la même chose. On le dit. On l'entend, beaucoup.
J'ai jamais rencontré quelqu'un qui m'ai dit : "Moi dans la vie, je voudrais vivre dans une cave sans eau, ni lumière, ni matelas et me fouetter quotidiennement avec des clous." Alors soit beaucoup de gens mentent et kiffent en secret, un secret projet de malheur, soit j'ai pas encore rencontrer ce genre personnes qui ont une conception, disons, très personnelle du bonheur.
Bref. Donc, le bonheur. Déjà est ce que tu es sur que tu cherche le bonheur? Ensuite est ce que tu pense que "chercher" et "bonheur" sont des termes qui vont ensemble?
C'est déjà pas mal de définir un peu les termes.
La plupart d'entre nous on se fait avoir par une confusion dans les termes. La joie, ton corps la traduit où que tu sois, quoi que tu fasse. Quand tu ressens de la joie, il y a comme une petite lumière très vive qui s'allume le temps d'un flash. Quelque chose nous saisit, nous dresse, s'éclaircit en nous. On passe du sombre au claire. Et il y a comme une cohérence et une congruence qui se fait en toi. C'est assez simple et évident.
La jouissance aussi c'est quelque chose qui saisit le corps. Mais la jouissance est d'une autre nature que la joie. Il ne faut pas les confondre. La jouissance génère un relâchement des tensions, elle nous rabat dans l'avoir, le pouvoir, quelque chose de prédatif, d'égoïste, alors que la joie invite spontanément au partage. Généralement on ne retient pas sa joie, même si on l'exprime de manière retenue, on a envie de la partager. Alors qu'une jouissance nous rend radin, cupide. On en veut plus et que pour nous. La distinction est subtile et je vous invite à le vérifier par l'expérience, par la pensée. Mais la joie et la jouissance sont également différente du bonheur.
On me dira, oui mais il y a pleins de cas où la joie et la jouissance se présentent ensemble. Et c'est très vrai. C'est pour ça d'ailleurs qu'on les confonds. Mais c'est deux choses différentes. La joie relève d'une exaltation de l'être. Tu ES joyeux. Alors que la jouissance relève des possessions, de l'avoir et donc du contrôle. Tu AS jouis. La première renvoie à la gratitude d'exister. La seconde renvoie, au monde du "faire", du contrôle de soi, de sa vie. La jouissance se construit, s'administre se prépare, et se heurte à la frustration. Alors que la joie ne s'oppose qu'à la tristesse. Et confondre les deux risquent fort de vous mettre en dissonance cognitive et de vous exposer aux injonctions paradoxale. "Sois joyeux" ne veux rien dire, ça n'a pas de sens. Se fatiguer à vouloir rester dans la joie, comme le clame un certain discours "new age", s'est à la longue s'enfoncer dans un constat d'impuissance et saper petit à petit son estime de soi. Parce que la joie, c'est de l'être, ça ne se prépare pas, ça ne se provoque pas. Alors que la jouissance, ça se prépare, on y travaille, on s'y use même. Cela ne veut pas dire c'est toujours gagné à la fin du processus. Y a tout un tas de fois où malgré tous les préparatifs qu'on entreprend, à la fin on ne jouit pas. Il y a des jouissance ratées, comme on rate une pâte à crêpe.
En vrai on espère atteindre la joie à travers la jouissance. C'est pas toujours un bon pari. C'est souvent comme ça qu'on est déçu. Et pire encore, on tente de trouver le bonheur par la jouissance. C'est une stratégie bancale, mais on le fait tous. Il y a de la joie et de la jouissance dans le bonheur, mais pas que. Cela peut aider. On peut se donner l'illusion du bonheur avec ça. Mais ça ne se confond pas. C'est différent déjà en terme de durée. Les joies et les jouissances passent. On est dans le temps cours. Alors qu'on suppose que le bonheur perdure un peu plus, qu'il est lié à une trame invisible.
Très souvent le bonheur se confond avec un soupir de satisfaction narcissique et d'accomplissement social. "L'heur" en ancien français signifie la chasse. Si bien que le mot bonheur est synonyme de bonne chasse et par métonymie de bonne chance. Donc le "bon" de "bonheur" a quelque chose de comptable, d'un étalage de ses conquêtes sociales. En gros, le bonheur ça pourrais être "Tu te la pète". Voilà. C'est une injonction social à la compète. Ce serais de la jouissance comparative, sociale. Le bonheur serait donc toujours bourgeois. Ce serais un rapport de domination sociale. Cela à l'air assez juste. Mais c'est trompeur. Parce que personne ne se satisfait complètement de ça. On en connait tous des gens qui étalent, à la vu de tous, leur propriétés, leur bijoux, leurs maisons, leurs grosses bagnole et puis quand on gratte un peu, on s'aperçoit vite que tous le monde est malheureux là dedans. Tous le monde est en compétition avec tous le monde dans la même famille, tous le monde cherche à écraser l'autre. Personne ne se parle, personne ne s'écoute. On s'ennuie beaucoup.
Donc le bonheur ce serait en partie ça, d'avoir un toit sur sa tête, à manger dans son assiette, le nécessaire pour éviter les souffrances les plus immédiate, mais si on va jusqu'au bout de ce projet d'accumulation on se plante. Il y a donc autre chose.
Il y a autre chose, parce que le bonheur n'est pas externe, mais interne. Ce n'est pas variable en fonction de ce que l'on possède mais de l'attitude que l'on a. Beaucoup de gens possèdent beaucoup de chose, un travail, une maison, un couple et des enfants et malgré ça ils ne sont pas heureux. Vous en connaissez certainement. Et à l'inverse il y a des personnes qui ont très peu de choses et qui témoignent d'un profond bonheur. C'est ce que nous enseigne Diogène de Sinope, le philosophe grec, de l'école des cyniques. Lui, il nous dit, soi libre, jusqu'au bout. Quitte à vivre comme un clodo. Ne retient pas ta langue. N'épargne personne. Soit dur au mal, aux flatteries. Moque toi des mondanités et des mondains. Ne laisse personne t'empêcher d'être ce que tu es au fond de toi.
La bonheur est donc peut être plus à rechercher du côté de l'attitude. C'est un rapport au monde, aux autres et à soi. Si on est optimiste dans son rapport au monde, qu'on trouve que malgré tout il y a du bon dans les autres, qu'on trouve que soi-même, malgré tout ce qu'on peut se reprocher, on est un bonne personne, alors il y a de grande chance qu'on puisse accéder au bonheur. C'est un exercice qu'on peut essayer de pratiquer un peu tous les jours, de méditer sur le monde, les autres et soi et d'y remarquer le beau et le bon, surtout là où on l'attend le moins. C'est le principe de la nature morte.
Si tu regarde bien, si tu y prête attention, tu trouvera certainement des gens autour de toi qui sont très critiques, tous le temps, pour tout et pour tous le monde. C'est peut être toi d'ailleurs. L'esprit critique, c'est très bien, il faut le défendre. Cela évite de prendre pour argent comptant tout et n'importe quoi. Mais si à la moindre proposition tu démolit tout, tu vas pas être heureux. Si tu trouve que les autres, c'est des cons, que le monde c'est de la m***e et que tu es nulle (en secret au fond de toi même ou à voix haute), ben... comment dire... tu vas pas être heureux. Tu pourras aligner la "rolux", le SUV, la villa au soleil, tu seras pas heureux, t'en profitera pas, parce que ton esprit critique va ronger comme un rat tout ce qu'il voit, tout ce qu'il touche. Ce seras toujours trop ou pas assez. Si quand tu vois une fleur qui sent bon ton esprit critique trouve que ça fait désordre et qu'il faut la tondre, que c'est un sentimentalisme débile de s'att**der là dessus et que... ben tu vas pas être heureux. Si la voix critique dans ta tête est toujours en train de t'engueuler pour tout, tous le temps, quoi que tu fasse, si tu es infecte avec toi même, être un grand gagnant de la compétition sociale ne va pas te rendre heureux et non seulement tu seras pas heureux et mais tu vas aussi rendre malheureux tous le monde autour de toi et surtout les gens que tu aimes.
Donc croire que le bonheur est une quantité, une accumulation de biens et de signes et qu'il en faut toujours plus, ce serait laisser croire que le bonheur est une chose que l'on peut maitriser, contrôler, construire, ce qui est trompeur. Quoi que l'on fasse, nos vies, à toutes et à tous sont exposé aux aléas, aux déterminismes, à une certaine forme de fatalité. Tous ce que nous pouvons croire posséder nous pouvons le perdre. L'amour de notre vie, la vie de nos enfants, notre santé, notre travail, notre maison, notre vie, nous pouvons les perdre. Et nous les perdrons. Cela peut nous tomber dessus sans que nous n'y puissions rien. Nous sommes vulnérable, exposé à la souffrance, morale et physique. Nous en sommes tous au même point. Tous. Nous ne faisons que ce que nous pouvons avec ce que nous avons, pour temps donné impossible prévoir. Et c'est juste, sain, d'exprimer notre peine, notre colère, notre peur, notre tristesse, quand nous sommes confronté à l'adversité de la vie terrestre. Dans ces cas là le bonheur est lointain, même si on peut cultiver sa capacité à y accéder en partie.
Le bonheur ce serait donc ce qui reste malgré la tempête, malgré les ténèbres. Ce qui perdure. Ce serait donc la fondation, le roc, sur quoi nous tenons. Notre équilibre. Ce serait cette boite de sardine qui traine et qu'on déguste quand le placard est vide. Ou ce paysage qu'on regarde peut être pour la dernière fois parce que demain on rentre à l'hosto pour une chimio. Sucré salé, aigre doux, le bonheur. Ce n'est pas que des couleurs franches, solaires, éclatantes. C'est aussi du clair obscur. Y a aussi de la tristesse, de la peur, de l'effort dans le bonheur. Ce n'est pas qu'une paix étalle, calme, tranquille.
C'est là qu'un autre aspect du bonheur peut apparaitre, c'est son côté évanescent, grave, contrasté. Le bonheur est aussi une harmonie, un agencement, un instant. Le stéréotype du coucher de soleil permet de comprendre ceci. Il s'agit d'une certaine harmonie à un instant, dont il faut s'imprégner dans l'instant présent. Si bien que de ce côté là le bonheur est au sens d'Epicure, quelque chose qui se cueille. Il s'agit des petits bonheurs. Tout simple. Que l'on cueille au moment où ils se présentent et à la rencontre des quels il faut aller.
L'autre exercice qui en découle, c'est d'exercer sa conscience, son attention à ces petits moments, à défocaliser ce que l'on cherche de grand, d'immense, pour porter attention à ce qui est à notre porté, à proximité de soi. L'aptitude au bonheur c'est aussi cultiver sa présence au monde, à soi, aux autres et donc de lutter contre cette tendance qu'on peut avoir à toujours chercher le bonheur ailleurs, plus loin etc. Il faut renoncer à son impérialisme jouisseur.
Voilà, voilà.
Cela fait déjà deux petits exercices sur dix, c'est déjà pas mal. C'est moins décevant qu'annoncer. Je casse le suspens, on ira pas jusqu'à dix.
Donc, je récapitule.
1 Marque un temps, un silence, pour remarquer, constater le beau, le bon, chez les autres, dans le monde, en toi, un petit peu tous les jours et de plus en plus.
2 Coupe ton planificateur interne et profite du moment présent dans sa simplicité. On appel ça la gratitude. C'est pas totalement déconnant. Il y a des études en psycho qui montrent que la gratitude est lié au bonheur.
Mais... un petit point bonus... en général quand on parle de bonheur, c'est qu'on se situe implicitement dans le malheur. Quand on cherche le bonheur, le nez baissé sur le malheur, on ne reconnait ni l'un, ni l'autre. On se retrouve coincé dans une dialectique dont on ne sort pas. Le sentiment du malheur, est consubstantiel, au fait d'être humain. C'est le sentiment du manque. Il faut accepter ses sentiments pour s'en défaire. C'est parce qu'on accepte qu'on peut le dépasser, et retrouver de la puissance d'agir.
Ca sert à rien de se battre contre ses sentiments. Cela peut paraitre abstrait, mais accepter est un acte psychique ou mental qui permet de libérer la capacité d'agir. Tant que n'accepte pas, tant que tu vas au contradictoire avec toi même, tu te crispe et tu te fige.
Voilà.
C'est pas mal. Trois exercices sur dix. Que tu feras probablement pas parce que tu vas zapper. Je te connais, je fais pareil.
Parce qu'il y a une chose que tu sais déjà et que tu fais déjà, c'est que tu t'en fous des posts facebook que tu lis, parce que tu sais que c'est pas là que tu vas trouver ton bonheur mais tu le fais quand même parce que tous le monde le fait et qu'on sais jamais, des fois que... Tu vas te faire mal à chercher le bonheur à tous prix et un jour tu craqueras et peut être que tu viendras me voir avec tes espérance de bonheur déçu et moi je vais essayer de te soigner de cette quête un peu f***e du bonheur qui nous contamine tous pour que tu vive tout simplement.
Là où il y a un droit au bonheur, on trouve un devoir d'être heureux.
Le bonheur est un truc qu'on trouve parce qu'on le cherche pas.
Voilà maintenant tu peu scroller et passez au prochain post, ou a prochaine vidéo.