21/05/2024
Un détour par le Japon...
Jeudi dernier, mon épouse Laurence et moi-même avons eu la chance de découvrir en avant-première, à la galerie Clavé Fine Art, l’exposition « Retour du Japon » consacrée à l’artiste espagnol Antoni Clavé.
Depuis les débuts de la jeune galerie créée en 2021 par Antoine Clavé, arrière-petit-fils du peintre et fils de nos amis Emmanuel et Delphine, nous suivons de près l’évolution de cette belle aventure entrepreneuriale et artistique. Depuis trois ans, des expositions collectives permettent aux œuvres de nombreux plasticiens de dialoguer au sein du sublime espace de l’ancien atelier de César, redessiné par l’architecte japonais Kengo Kuma.
Mais cette exposition centrée sur le travail d’Antoni Clavé – la première en galerie à Paris depuis le décès du peintre en 2005 – permet de prendre la mesure de l’immensité de l’artiste né en 1913 à Barcelone, qui traversa le 20e siècle et son lot de tragédies, en même temps que tant de frontières : celle entre l’Espagne et la France en 1939, forcé de quitter son pays natal ; celle plus t**d de l’Europe pour aller « de l’autre côté du miroir », avec la découverte du Japon et de l’art de prendre les empreintes du temps ; celles entre l’architecture et la sculpture, la décoration et la peinture, le dessin et la calligraphie, la lithographie et l’assemblage, en artisan amoureux de la matière qui défie toute velléité de l’enfermer dans un style.
Comme un condensé de cet élan artistique inclassable, l’exposition qui vient de s’ouvrir à la galerie Clavé Fine Art sous le commissariat d’Antoine Clavé et d’ Aude Hendgen, responsable des Archives Antoni Clavé, s’intéresse à la série Retour du Japon : une vingtaine d’œuvres réalisées en 1986 et 1987, au retour en France de l’artiste après un nouveau séjour au pays du soleil levant, quatorze ans après le premier. Ce voyage est un choc esthétique, et marque profondément la manière de travailler d’Antoni Clavé en lui inspirant de nouvelles approches. La modernité du Japon qui le fascine, autant que ses savoir-faire ancestraux (la calligraphie, l’ukiyo-e, l’usage très graphique des sceaux), nourrissent l’imaginaire du peintre, qui décide d’associer l’encre de Chine à ses pratiques fétiches du collage et de l’huile sur toile.
À travers cette série de haut vol artistique, on assiste à la métamorphose de l’espace du tableau de Clavé, où les vides viennent tutoyer les pleins, le silence la parole, l’invisible le visible. Peuvent alors prospérer sur la toile les empreintes au hanko du nom japonisé de Clavé, comme les signes joyeux d’une identité mouvante par-delà les frontières.
Je ne peux que vous recommander chaudement d’y aller ! L’exposition est présentée jusqu’au 20 juillet 2024.