23/07/2025
Une hormone sécrétée par les femmes allaitantes est capable de solidifier les os fragiles. Un espoir dans de nombreuses pathologies, allant de l'ostéoporose à la fracture de hanche, en passant par les cancers du sein traités par hormonothérapie.
Elle pourrait servir aux patients souffrants d’ostéoporose, aux femmes traitées pour un cancer du sein par hormonothérapie (chez qui les os sont plus fragiles) ou encore aux jeunes athlètes de haut niveau. Toutes les personnes dont les os, rendus fragiles, nécessitent d’être solidifiés. Cette toute nouvelle hormone, appelée CCN3, découverte chez les femmes qui allaitent, vient d’être décrite dans la r***e Nature.
Dans le monde, plus de 200 millions de personnes souffrent d’ostéoporose. Cette maladie entraîne une sévère fragilisation des os qui peut mener à des fractures fréquentes. Les femmes font partie des populations à risque après la ménopause, lorsque le taux d’œstrogènes décline dans l’organisme. C’est cette hormone sexuelle qui stimule la production d’os en temps normal.
Or le taux d’œstrogènes est également bas pendant l’allaitement. Et pourtant, l’ostéoporose et les fractures osseuses ne sont pas fréquentes chez les femmes allaitantes. Qu’est-ce qui, dans le corps, pouvait bien maintenir une bonne santé osseuse chez ces femmes ? C’est ce mystère scientifique qui a conduit une équipe de l’Université de Californie de San Diego sur la piste de CCN3.
En patch ou par injection
Fraîchement découverte, l'hormone garde encore une part de mystère. "Pour le moment, on en sait peu sur le mode d’action de CCN3. On sait qu’il stimule directement la formation d’os en activant les cellules souches osseuses. Ces cellules sont donc plus nombreuses et se différencient pour créer de l’os plus rapidement. Et enfin, la masse spongieuse de l’os augmente", explique le chercheur.
Mais un lien direct avec le calcium n’a pas encore été observé. "L’hormone n’est exprimée que dans les neurones de l’hypothalamus durant la lactation. Sa production s’arrête lorsque la demande en lait s’arrête. Mais comment cela se passe concrètement reste une énigme scientifique. Qu’est-ce qui l’active et qu’est-ce qui la désactive ? On sait que ça a un rapport avec les œstrogènes, mais la réponse est probablement bien plus complexe", complète le Pr Holly Ingraham, spécialisée en pharmacologie cellulaire et moléculaire et co-autrice de l'article.
Si elle recèle toujours des secrets, cette hormone a déjà fait ses preuves thérapeutiques. Pour supplémenter l’organisme en CCN3, l’équipe a mis un point un patch à base d’hydrogel, capable de délivrer la molécule directement au niveau des os. Il suffit pour cela de l’appliquer au niveau de la fracture, où la libération de CCN3 se fait progressivement durant deux semaines.
Le dispositif s’est montré convaincant sur les souris seniors, stimulant la production d’os au niveau de la fracture et contribuant à sa guérison. "On pourrait donc imaginer des stratégies de supplémentation ou d’injections en CCN3. Avant cela, il nous faut encore comprendre par quel mécanisme le cerveau déclenche sa production", suggère le Dr Ambrosi. Seulement alors de nouvelles approches thérapeutiques pourront être proposées aux patients.