
05/09/2025
IA et médecine : attention au copier-coller
En relisant récemment l’IRM prostatique d’un ami que je considérais comme non suspecte, j’ai utilisé une solution d’IA disponible sur le marché. Il existait en effet une discordance : le radiologue évoquait deux lésions de 25 mm et 13 mm, alors que l’examen me paraissait normal.
À ma grande surprise, le compte rendu du radiologue reprenait exactement la description générée par l’IA. Non pas un complément, ni une relecture critique, mais un simple copier-coller.
Le problème n’est pas tant l’éventuelle erreur de l’IA — tout outil peut se tromper — mais le fait que l’utilisation de cette solution n’était jamais mentionnée. J’ai dû fouiller dans les métadonnées de l’examen pour retrouver cette information.
Cette opacité soulève des questions éthiques majeures :
-Comment le patient peut-il accorder sa confiance si l’usage d’un outil tiers n’est pas signalé ?
-Comment le prescripteur peut-il évaluer la fiabilité d’un compte rendu s’il ignore qu’il est issu d’une analyse algorithmique ?
Un article récent dans Lancet Gastroenterology a d’ailleurs montré que l’utilisation non raisonnée de l’IA pouvait réduire la détection de certaines lésions. Les auteurs rappellent que l’IA doit rester un outil d’aide, intégré dans un processus de validation humaine et jamais un substitut au jugement clinique.
Il est donc indispensable que :
-Ll’usage d’une IA soit explicitement mentionné dans chaque compte rendu,
-Le patient et le prescripteur sachent si l’analyse repose sur un outil automatisé,
-Que l’IA reste un support enrichissant, validé et interprété par le radiologue.
L’IA ouvre des perspectives considérables pour la médecine, mais son usage doit rester raisonné, transparent et encadré par une expertise humaine.
Copier-coller n’est pas soigner.
Auteur : Eric Potiron