CTAH-Recherche

CTAH-Recherche L’objectif principal de l’association est d’informer sur les troubles de l’humeur (notamment les troubles bipolaires) et les troubles anxieux.
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20/02/2025

Pour ce nouvel épisode, je suis ravie d’accueillir la psychologue clinicienne Caline Majdalani. Spécialiste des troubles de l’humeur, elle est amenée à prendre en charge des personnes qui souffrent d’un rapport obsessionnel à leur apparence physique.
Pourquoi certaines personnes subissent davantage que d’autres les diktats beauté ? Comment entretenir une relation apaisée à son corps dans notre société où l’image règne en maîtresse absolue, à l’heure où les procédures de médecine et de chirurgie esthétique n’ont jamais été aussi accessibles ?
Bien sûr, y recourir peut permettre de se sentir mieux dans son corps, à condition de l’envisager à un moment propice de sa vie et de ne rien en attendre de magique.🎧😊


👉 pour écouter : https://li.sten.to/injbis







Dernier ouvrage paru : Traiter la dysmorphophobie, l’obsession de l’apparence (éd. Dunod)

28/01/2025

Retrouvez notre émission « Faut-il être beau pour réussir ? » avec Jean-François Amadieu, Jennifer Padjemi, Caline Majdalani, Christophe André et Marie-Laure Zonszain sur le site et l'appli Radio France !

Le cas de Mlle M. Partie 4 : Ce que j’ai entendu de la part des soignants au sujet de la bipolarité Depuis maintenant 1 ...
22/05/2024

Le cas de Mlle M. Partie 4 : Ce que j’ai entendu de la part des soignants au sujet de la bipolarité


Depuis maintenant 1 an, je suis suivie par une psychologue. Au bout de quelque mois de suivi, elle a pu m’être en lumière de son côté le mot « bipolarité ». Sans pouvoir aller plus loin.

En Février dernier (2023), j'ai fait une tentative de su***de par IMV avec des Anxiolytiques. Cela me semblais être une issue agréable car submergée par pleins d’événements, je n'avais plus la force de continuer. Des suites de cet incident, j'ai étais hospitalisé 3 semaines en clinique psychiatrique à la clinique du Dauphiné à Grenoble. Pendant cette hospitalisation, j'ai eu un suivi psychiatrique avec un médecin qui a mis en lumière le mot « cyclothymique », puis plus rien. Cette hospitalisation n'avait pas pour but de poser un quelconque diagnostique, mais visé à me reposer.

En septembre dernier, j'ai eu ce besoin de me retrouver dans un état second pour combler ce vide qui m'envahissait. J'ai avalé plusieurs plaquettes de Tramadol, dans l'espoir de me retrouver dans cet état et j'avais l'envie que cela pourrait peut-être causer ma perte. Je suis allé le lendemain au travail. Je ne voyais rien et m'endormais au volant. Presque arrivé au travail, je me suis endormie et j'ai pris le trottoir. Je commence à me rendre compte que mon comportement peut-être dangereux autant pour moi que pour les personnes qui m'entoure et cela m'effraie.

Ce que pensent les soignants de mon trouble ?

- Pendant ces deux dernières années, j'ai essayé de parler de tout ça à mon médecin traitant de l'époque qui m'a simplement dit « Je ne penses pas que vous être bipolaire. Et vous Mlle M., pourquoi est-ce que vous pensez que vous êtes bipolaire ? ». Je n'y connais rien en bipolarité, je ne pense pas être quoi que ce soit non plus.

- Un premier psychiatre m'a coupé dans mes explications au bout de 15 minutes de consultation vidéo pour me dire que je faisais « une simple dépression mais que ça ira mieux avec un antidépresseur et un anxiolytique » mais qu'il ne pouvait pas faire de suivi avec moi.

- Un autre médecin m'a dit « tout le monde est sujet aux variations d'humeur ».

- Une infirmière m'a dit « vous savez aujourd'hui tout le monde se dit bipolaire ».

- Lors d'un premier rdv avec une nouvelle psychiatre, je lui ai présenté mes besoins quant à avoir un suivi en vue de ce que deux professionnels ont pu me dire sur la bipolarité. Elle m'a dit qu'on allait commencé un suivi ensemble et « qu'elle me donnerait des médicaments ». J'ai tout même demandé à ce médecin si il ne fallait pas que je lui parle un peu de moi avant que l'on parte sur la bipolarité et une prise médicamenteuse. Elle m'a répondue « on commence par le traitement et on verra si ça marche » et que cela nous fixerai.

Enfin une séance avec un expert des troubles de l’humeur

Depuis Novembre 2023 je suis suivie par le Médecin psychiatre qui se présente comme expert des troubles de l’humeur. Elle a mis en place un traitement (Lamictal et Escitalopram). Avec une augmentation progressive du Lamictal (200mg) et une dose constante de l'antidépresseur (15mg). Depuis 3 semaines, j'ai repris le travail après avoir subi une opération chirurgicale du genou qui m'a contraint à être posé sans trop de mobilité chez moi pendant 4 mois. J'ai l'impression d'avoir constaté du mieux dans mon quotidien depuis ce traitement. J'ai eu beaucoup moins de variations d'humeurs et je suis passé par très peu d’extrêmes. L'effet bénéfique du traitement était aussi peu être complété par le fait que je ne pouvais physiquement pas m’activer et j'ai aussi était beaucoup freinait par mon conjoint qui m'a aidé à me « canaliser » lorsque je commencé à « partir » comme il dit.

De plus, j'avais réussi à m'imposer un rythme de vie régulier, sous les conseils de ma psychiatre, lorsque j'étais arrêt de travail. Néanmoins, depuis ce traitement je me sens très fatiguée et épuisée. J'ai du mal à voir des gens car cela me demande trop d'énergie. J'ai alors, depuis ces trois dernières semaines, arrêté de mon plein gré l'Escitalopram et je me sens déjà plus énergique. Ce pic d'énergie est aussi peut-être dû à ma reprise d'activité professionnelle il y a 3 semaines aussi. Mais depuis la reprise de mon poste, je me sens de plus en plus dépassée et submergée par des sauts d'humeurs fréquents et très extrêmes.. J'ai l’impression que le changement de rythme et l’augmentation des stimulus extérieur me bouleversent mon rythme. Beaucoup d'allers retours dans une même journée font surface. Je peux maintenant me rendre compte quand mes changements font surface et cela met difficile de me retrouver face à mes réactions sans avoir les outils nécessaires pour atténuer les choses.

Souffrance depuis l’âge de 11 ans et toujours à la recherche de l’identité de mon trouble

Je ne cherche pas à mettre un mot sur ce qu'il se passe, mais j'ai besoin de trouver des solutions afin d'atténuer la souffrance qui me traverse depuis maintenant plus de 10 ans. Mettre un mot peu aussi parfois aider à mieux comprendre ce qu'il se passe et à adapter le meilleur suivis, mais mon envie principale est d'avoir un suivi professionnel où je me sens écoutée et non jugée, où mes ressentis ne sont pas atténués afin d'avancer dans une direction qui me permettra de moins souffrir au quotidien. Aujourd’hui j'arrive à poser toutes ces choses, à avoir du recul pour déceler que le fonctionnement que j'ai pu avoir ou que j'ai encore sont à l'origine de mon épuisement général. Je perçois des schémas qui se répètent comme un cycle irrégulier, j'ai des fonctionnement qui fluctuent autant dans le temps que par l'intensité de leurs conséquences. J'ai le sentiment profond que quelque chose ne va pas depuis ces années au collège. J'ai besoin de trouver un équilibre à mes changements brusques d'humeurs. J'ai pu trouver du réconfort dans le personnage de la BD de Lou Lubi « goupil ou face » et dans des témoignages de personnes cyclothymiques. Je me retrouve énormément dans ces personnes. Ayant fait lire ce dernier à mon entourage, j'ai compris que tout le monde ne ressentait pas la vie de cette même manière que moi.

Avis Dr Hantouche

Parfois, la lecture d’un bon ouvrage et les témoignages de patients est plus aidante que les informations et remarques des soignants

Avant tout, un patient a besoin de savoir de quoi il souffre – donc la recherche de l’identité du trouble et son explication au patient est une étape cruciale avant le début du traitement. Le parcours médical de Mlle M. est marqué par des messages et des questions assez confus et déroutants de la part des médecins et psychologues consultés.

1- En premier à la question du médecin traitant : « pourquoi est-ce que vous pensez que vous êtes bipolaire ? », il est impossible pour le patient d’argumenter son diagnostic. C’est au médecin de réaliser un entretien ciblé sur le questionnement de la patiente au sujet de la bipolarité et de faire passer des questionnaires spécifiques de dépistage des épisodes de manie/hypomanie et de la cyclothymie (cf les images montrant les scores sur les indices de la bipolarité)

2- Après un entretien de 15 minutes, le psychiatre déclare le diagnostic « une simple dépression mais que ça ira mieux avec un antidépresseur et des anxiolytique » - c’est largement insuffisant que le diagnostic se limite à l’épisode actuel sans exploration de l’histoire complète où les éléments typiques de cyclothymie sont bien présents et décrits par Mlle M. De plus, l’instauration d’un AD chez un cyclothymique en phase dépressive l’expose à un ensemble de complications qu’on peut facilement éviter en obtenant le diagnostic précis avant de prescrire. En effet, Mlle M. a pris l’AD (paroxétine) pendant 2 mois et son état s’est aggravé avec ce traitement et amélioré après son arrêt.

3- Un autre médecin déclare que « tout le monde est sujet aux variations d'humeur » ; on peut se demander à quoi ça sert de livrer de tels commentaires à une personne qui souffre. Comme si on dit à un patient diabétique, que « tout le monde à une glycémie » ! ce qui compte ce n’est pas les variations d’humeur mais leur intensité, leur récurrence et surtout leur impact sur la santé et le fonctionnement

4- Au sujet de l’infirmière qui dit à Mlle M. : « vous savez aujourd'hui tout le monde se dit bipolaire », comme s’il s’agit d’un phénomène de mode ! on a le droit de se dire ou de penser qu’on est bipolaire et c’est au médecin, psychologue ou psychiatre de faire le bilan clinique pour s’assurer que le cas de Mlle M. répond ou pas aux critères de la bipolarité – En effet, sur le questionnaire du CTAH, Mlle M. a obtenu un score de 11/11 (seuil 7) sur MDQ et de 30/32 sur la CL Hypomanie (seuil 14) avec un score de 20/21 tempérament cyclothymique et 19/21 tempérament hyperthymique et un score de 41/50 sur le questionnaire cyclothymie / dépression à potentialité bipolaire (score seuil 25). Donc, aucun doute sur la nature bipolaire (forme cyclothymique) et les manifestations vécues par Mlle M. ne sont pas de simples variations physiologiques de l’humeur ! enfin, ce n’est pas tout le monde qui est bipolaire mais la fréquence du spectre bipolaire est évaluée entre 3 et 6% de la population et au moins la moitié des dépressions récurrentes et/ou résistantes

5- Enfin, concernant la psychiatre experte des troubles de l’humeur qui explique à Mlle M. « on commence par le traitement et on verra si ça marche » ; il s’agit du Lamictal avec un AD – une prescription basée après un entretien assez rapide qui a étonné Mlle M. et demandé au psychiatre s’il ne fallait pas qu’elle parle un peu d’elle. En effet, Mlle L. a raison de faire cette demande, car prendre un peu de temps de l’écouter permet une exploration de son tempérament affectif et de ses antécédents personnels. Celle-ci a permis d’identifier un profil particulier de la bipolarité de Mlle L caractérisé par des scores élevés de cyclothymie, d’hyperthymie et d’intensité affective. Ce profil est plutôt répondeur au lithium et prédictif d’une aggravation avec le Lamictal et notamment un AD prescrit avec. Le mélange de ces deux molécules est assez néfaste pour une personne avec un tempérament intense hyperthymique

En d’autres termes, le malade n'est pas juste « bipolaire ou pas bipolaire » mais a besoin d’avoir un diagnostic le plus précis de la configuration clinique et tempéramentale de sa bipolarité. Pour cela, la règle des « cinq E » est requise : Ecoute / Enquête – Exploration / Evaluations / Education (psycho) / Explication. Sinon, un diagnostic hâtif de bipolarité n’a aucune valeur et surtout l’effet du traitement prescrit de cette manière est assez aléatoire et souvent contre-productif.

Il n’est jamais recommandé de donner un traitement et dire qu’on verra après. On commence par dessiner le profil clinique et on adapte le traitement en fonction de ce profil en expliquant clairement au patient ce qu’on peut attendre du traitement.

Le cas de Mlle M. Partie 3 - Je suis dans une impasse car je ne sais pas non plus comment je vais agir demain.Planifier ...
21/05/2024

Le cas de Mlle M. Partie 3 - Je suis dans une impasse car je ne sais pas non plus comment je vais agir demain.

Planifier mon emploi du temps me permet d'avoir des choses de prévue et d’être dans l'activité permanente, mais cela m'angoisse aussi car je ne sais pas par quelles émotions je vais être traversées et j'ai peur d'annuler ce que j'ai prévu et que socialement cela soit incompris. En fait, je sens qu'au fond de moi il y a quelque chose d'instable, quelque chose qui à tout moment peut passer d'un côté à l'autre. J'ai beaucoup de mal à me concentrer sur ce que l'on me dit, je me disperse, je n'ai pas trop de mémoire et je me sens très agitée tout le temps. Faire la même tache trop longtemps met impossible c’est comme écouter quelqu’un, je décroche. En voiture seule, je divague, et j'en oublie que je suis en voiture. Trop souvent il m'arrivent d'atterrir. J'ai longtemps pensée que c'était de l'impatience mais à ça s'ajoute une agitation permanente en moi.

Quand un petit aléas (qualifié de petit aléas sans réel importance avec du recul ou qualifié de la sorte par les personnes avec qui j’interagis) fait surface je ne suis plus maître de rien, mon corps et mon esprit agit de manière automatique et aléatoire. Mais de manière presque inévitable je ressens les choses de manière multipliées. Cela fatigue mon entourage et je l'entend. Je suis moi-même épuisée par ces extremums face auxquels je n'arrivent pas à prendre du recul ni même à être plus légère. Je me sens rigide par ce comportement « pif paf ». je craque souvent, comme un bâton que l'on tape d'un côté ou de l'autre il finit par casser.

Physiquement je ne suis pas cassée comme le bâton, mais au fond de moi je me sens brisée et en dilemme permanent. Je suis confuse. Je suis hyper lucide par moment et par la suites j'ai les idées très confuses. J'ai pourtant essayé beaucoup de choses, la méditation, les respirations, les prises de recul, laisser les choses s'infuser et ne pas répondre à chaud, expliquer posément quand quelque chose ne va pas au lieu que ça créer une 3e guerre mondiale. Mais, mes sauts de phases euphorique et de dépressions me fatiguent au quotidien et à l'heure actuelle je n'arrive pas a trouver les outils nécessaires pour mettre un peu de légèreté dans ma vie. Je souffre de me retrouver dans cette instabilité permanente et mon entourage en souffre aussi.

Depuis tous ces événements, mes épisodes entre « bien » et « mal être », ne se sont pas atténués, voir se sont sûrement plus ancrés. J'en arrive à un stade où je veux simplement être en haut et ne pas redescendre. Mais j'ai conscience maintenant que cela me fatigue énormément et inévitablement je redescend, de manière plutôt violente. Je suis au quotidien dans la peur constante de redescendre de mes moments d’extrême joie car derrière se cache une déprime qui peut m'être fatale. Tout cela me pose des problèmes personnels et aussi au sein de mes relations, amicales, amoureuses et familiales.

Je suis OUI puis NON. Je suis le TOUT OU le RIEN. Je suis JOIE et puis COLERE. On a souvent pu me dire que mes réactions étaient très très théâtrales, mais je n'ai pas l'impression de jouer un rôle. Ou alors que mes réactions étaient disproportionnées, dans l'excès. Seulement, le problème étant que sur le moment, je ressens les choses avec une telle intensité que je n'ai pas cette impression de disproportion. Je vie les choses de manière si intense que quand je les exprime je sens qu'ils y a une incompréhension en face de moi. Mon conjoint, dans ces moments d’extrêmes, me dit avec bienveillance de « revenir ». Je cherche toujours à occuper mes temps de trous. A faire des choses, à voir des gens. Tout en ayant à l'esprit que j'aimerai avoir des temps morts, car l'intensité de mon quotidien me fatigue. Je suis face à un paradoxe. Entre ce besoin de voir pleins de gens et de prévoir beaucoup de choses. Et, l'envie de tout annuler à la dernière minute car être avec des personnes me demande trop d'énergie et de concentration pour tenir une conversation.

Ayant fait une très grosse déprime il y a deux ans, un psychiatre rencontré en visioconférence pendant 15 min m'a prescrit des anti-dépresseurs (Paroxétine). Une fois la prises médicamenteuse mise en place, je n'avais plus de suivi médical. Mon sentiment de tristesse, de vide et d'envies suicidaires n'ont fait que s'accroitre. Je ne ressentais pas les effets dit « bénéfiques » de l’anti-dépresseur qui aurait pu m'apporter une certaine stabilité dans mes changements d'humeur ou du moins aider à atténuer l'intensité avec laquelle je ressentais les choses. C’est plutôt l'effet inverse que j'ai pu constater. Je me sentais m'éteindre à petit feu. Au bout de deux mois, j'ai donc pris la décision d’arrêter ce traitement de mon propre chef. Un changement presque immédiat à fait surface. J'avais moins ces envies de mourir, la vie me paraissait beaucoup moins sombre et je percevais même des petits moments d'apaisement et d’éclaircissement.
Est-ce qu'il y a un rapport entre la prise et l’arrêt du traitement ?

L’indication d’un antidépresseur (AD) était-elle justifiée ?

Il existe plein de risques quand on expose un patient bipolaire aux AD. Voici les dix informations importantes à connaître sur les antidépresseurs quand on est bipolaire (référence)

1) Il y a peu de preuves en faveur de l’efficacité des antidépresseurs dans la dépression bipolaire.
2) Il existe un décalage énorme entre les preuves scientifiques et la prescription excessive des antidé-presseurs chez les patients bipolaires
3) Les cliniciens adoptent une fausse croyance : la dépression bipolaire doit être traitée comme les autres dépressions
4) Le vrai risque est l’absence de diagnostic de dépression bipolaire, souvent découverte après de longues périodes d’expositions aux antidépresseurs (en effet, on découvre une bipolarité dans plus de la moitié des dépressions résistantes aux AD)
5) Les complications liées à l’usage des antidépresseurs sont confirmées : virages, accélération des cycles, conduites suicidaires, formation d’états mixtes, aggravation de la dépression, résistance de la dépression
6) La confusion entre un virage hypomaniaque et une « excellente » réponse au traitement antidépres-seur, est assez fréquente ; ainsi, toute amélioration rapide et spectaculaire de la dépression doit être suspecte de couvrir une bipolarité cachée ou discrète
7) Si un antidépresseur est déjà prescrit, il convient d’éviter les arrêts brutaux, car risque de rebond et de sevrage capable d’induire des passages à l’acte, des rechutes rapides de la dépression et éventuel-lement des virages hypomaniaques
8) En cas où la prescription d’antidépresseur s’avère nécessaire (dépression sévère mélancolique), il faut toujours l’associer à un thymorégulateur
9) Idéalement, commencer par un thymorégulateur et ajouter l’antidépresseur en second temps. Dans la moitié des cas, la dépression bipolaire répond favorablement au thymorégulateur seul
10) Proscrire les antidépresseurs en cas d’instabilité persistante (traits cyclothymiques extrêmes), de cycles rapides (plus de 4 épisodes/an), de dépressions agitées et/ou mixtes, de dépressions juvéniles, de présence de traits de personnalité Borderline ou d’histoire familiale de su***de.

Référence = extrait du livre « Sommes-Nous Tous Bipolaires ? » E. Hantouche – J Lyon 2018.

Le cas de Mlle M.Partie 2Ces allers-retours entre ces moments d’extrême joie et de profonde tristesse ont animé mes anné...
18/05/2024

Le cas de Mlle M.
Partie 2

Ces allers-retours entre ces moments d’extrême joie et de profonde tristesse ont animé mes années de collège et du Lycée

A cette époque je ne pense pas que les gens ont remarqué mes périodes plus basses. J'avais très peur que mon image de petite fille souriante soit entachée. Alors j'ai comme souvenir que je prenais consentement sur moi devant les autres quand les choses se dégradées de mon côté. J'ai toujours eu peur de parler de ces variations auxquelles j'étais sujet. C’était tellement fluant, tellement intense, très sombre parfois, même démesuré par moments et aussi très paradoxale dans les émotions ressenties, que j'avais peur que les autres me prennent pour une f***e d'être une « malade mentale ». J'avais ce sentiment d'avoir « un problème » et que ça dysfonctionnait à certains endroits.

Ensuite sont arrivées les années de lycée. Ce même fonctionnement a persisté et c'est intensifié. Je passais plus facilement d'un extrême à l'autre et j'avais surtout de moins en moins la force de faire semblant que tout allait bien. Un simple aléas pouvait faire tout basculer et je me retrouvé face à un grand vide et ce seul besoin de mourir. Au summum de mon mal être c'était comme l'issu la plus agréable à envisagée. C'est alors que les mutilations, l'alcool, le tabac et la drogue étaient présent presque systématiquement dans mes périodes très sombres. Je ressens le besoin de consommer ces produits, pour pouvoir inhiber ce que je ressens. Au contraire, quand je ressortais de ce « passage de déprime », une euphorie sans limite et une énergie débordante m'envahissait. Je ne m’arrêtais plus, entre le sport, la fête et les projets de vie. Mes compagnons pendant ces périodes ont souvent pu me dire « qu'ils n'arrivaient pas à suivre mon rythme ». J'étais à mile à l'heure.

*J'ai eu beaucoup de phase très joyeuses suivis d'une inévitable phase plus basse. Ce n'est qu'avec le recul que je me rend compte de ces changements de phase et de l'intensité avec laquelle ces changements se font. Quand je sens que mon humeur remonte, c'est comme si un voile se dégagé. Je sens que les choses se dénouent. J'ai les idées qui fusent, j'ai des idées de grandeurs. des projets pleins la tête, une agitation s'installe et je me sens speed et très irritable aussi. C'est comme si je n'avais jamais étais fatiguée. Que d'un coup un shoot d'adrénaline m'avait était injecté en intraveineuse. Je ne dors plus que 2h par nuit. Mais cela me suffis, alors que je penses sincèrement avoir besoin de beaucoup de sommeil. Alors, je lance la machine, je ne m'arrête plus. J'ai besoin de plus de sensations, j'ai besoin de nouveautés tout de suite. Je me lace très vite et il faut qu'il y ai encore plus de plus. Comme si je devais monter encore plus haut pour que les sensations soient proportionnel à mon besoin du moment. Il met dur de rester dans un projet, j'ai besoin de changements radicaux. Je me passionne vite pour tout et rien. Cela dure quelques jours, puis voilà autres choses. Je m’engage dans des clubs de sports ou des associations, puis du jour au lendemain je n'y vais plus. J'ai aussi de mon côté beaucoup de projet et de bonne volonté. Mais je divague très vite, ne parviens souvent pas à aller au bout de ce projet. Je change constamment d'avis et peux aussi parfois avoir des discours contradictoires auquel néanmoins je crois sur le moment.

Au fond de moi je commence à me rendre compte que lorsque que je m’arrête, lorsque la machine à pris trop de vitesse, je fonce comme dans un mur au bout d'une semaine, ou de quelques jours,...

*Puis tout redescend. Je m'isole. J'essaie de faire semblant que ça va, mais je suis épuisée. J'annule tout ce que j'ai prévu. Puis dans les moments où je retombe très bas, je suis comme dans un gouffre ou je ne vois plus de lumière. Plus rien n'a de sens. Je veux tout plaquer. Parfois je plaque tout (ne donne plus de nouvelles, je ne vais plus à mes rdv, je pars de mes clubs, j'annule tous mes projets, je veux changer de travail et de toute manière je n'ai plus la force d'y aller, je repousse les gens car je ne vois pas comment leur expliquer ce qu'il se passe car même moi je suis dépassée..). Dans mes « bad mood », je ne fais plus de sport, je suis désorganisée, je n'ai plus de rythme, je ne veux voir plus personnes mais paradoxalement j'ai besoin de voir différents partenaires sexuels, je me sens partout et nul part à la fois. Il suffit d'un rien, d'un mot, d'un silence, d'un imprévu et tout chavire. Je me retrouve dans un chaos ou je ne vois plus les issues et d'un coup, c'est comme si je perdais tout goût de la vie. J'ai « envie de ne plus exister » ou « de mourir ». Ma propre existence m'est insupportable parfois. Je me sens très seule mais je rejette les personnes qui se montre là pour moi. Je n'ai plus goût à rien, mais pour autant je mange beaucoup et parfois plus du tout. Et quand tout s'arrête je tombe dans une sorte de « déprime ». Je me trouve hypersensible, parfois très susceptible, j'agis beaucoup sur le coup de l’impulsivité sans me questionner sur les conséquences, je sens que j'ai du mal à réguler mes émotions et elles s'expriment souvent par les extrême (très grosse colère ou forte tristesse) et peuvent prendre formes à n'importe quelle moment et changer très rapidement dans un même contexte. Je me sens seule, épuisée et vidée.

Ma perception des événement et l’interprétation que j'en fait varie du tout au tout et cela de manière très courante. Épuisée d'être dans un extrême à l'autre, de passer du rire aux larmes, de ne pas être comprise, de faire de très grosses crises de colère que je ne parviens pas à contrôler, de ne pas réussir à me canaliser quand un petit rien se passe. J'ai l’impression d'être éclatée en plein de morceaux. Je suis comme un yoyo qui fait consentement des allers retours entre le haut et le bas, mais je ne contrôle rien, les choses arrivent comme elles viennent, je ne calcule rien et je ne peux rien systématiser car c'est tout le temps différent d'une situation à l'autre.
J'épuise les gens qui m'entoure car il ne me comprennent pas, ne comprennent pas que d'un coup tout ce qui allait très bien ne va finalement plus. Mes proches parlent « d’inconsistance ». Ils n'arrivent pas à me suivre. J'ai envie de rester dans ces moments où je suis débordante d'énergie, je me sens si bien, mais maintenant j'ai l'impression que plus je m'active plus derrière cela me fatigue. Souvent mes proches me disent qu'ils prennent des pincettes pour parler ou agir avec moi, car ils ne savent pas comment me prendre, comment m'aborder ou mes dire certaines choses car ils ont peur de comment je vais réagir.

Avez-vous plus de précisions sur le diagnostic ? S’agit-il d’un tempérament ou trouble cyclothy-mique ?

Ps = ce post transcrit in texto l’écrit de Mlle M. qu’elle a apporté le premier jour de sa consultation au CTAH

L’image de ce post est extraite de la BD de Lou Lubie « Goupil ou Face » - un excellent livre
d’illustration de la cyclothymie
https://pourquoipasautrement.wordpress.com/2017/10/31/bordertruc-et-cyclomachin-errance-diagnostique-3e-volet/

Le cas de Mlle M.Partie 1Souffrance depuis l’âge de 11 ans et toujours à la recherche de l’identité de mon troubleMlle M...
17/05/2024

Le cas de Mlle M.
Partie 1

Souffrance depuis l’âge de 11 ans et toujours à la recherche de l’identité de mon trouble

Mlle M. consulte cette semaine le CTAH. Elle a 21 ans

Cela fait maintenant 2 ans que je cherche un psychiatre pour avoir un suivi et être aidée. Je suis à la recherche d'un suivi qui pourra m'aider à poser un diagnostic ou justement à évincer un diagnostic.

J'ai l'impression que j'ai des « changements plutôt extrêmes d'humeurs » et cela m'épuise. Il n'y a pas de régularité, ni de stabilité dans ces changements. Je constate simplement que mon humeur varie très vite d'un extrême à l'autre dans une même journée (l'élément déclencheur est pour la majeur partie du temps un événement peu grave après avoir pris du recul) et je sens que ça me demande de l’énergie de passer dans ces états.

-Je me sens dépassée par certains événements et certaines de mes réactions. Souvent j'ai comme l'impression de ne plus rien contrôler, je me sens en dissociation avec mon corps et mon esprit.
-Je peux faire des très grosses crises de colères et le regretter juste après et ne plus du tout avoir de colère, dire d'une personnes que je l'aime et juste après dire que c'est la pire des personnes.
-Faire des dépenses qui me mettent dans des situations compliquées mais sur le moment je me raisonne et trouve toujours une bonne raison à ces dépenses (par exemple je me dis que j'ai besoin de changer toute ma garde-robe pour me sentir être une personne nouvelle, signe d'un renouveau qui me ferra rebondir, cela arrive plutôt quand je ne vais pas bien et qu'il faille que je remplisse un vide).
-La plus part du temps je m'investis avec une motivation sans limite dans pleins de projets à la fois, je me trouve des nouvelles passions et puis j'abandonne du jour au lendemain et de nouveaux projets m'animent. Je n'arrive pas à tenir un cap que ce soit dans des clubs de sport ou autre.
-Je dis tout et son contraire, je suis souvent très agitée, irritable, impatiente, joviale et parfois j'ai parfois un débit de parole qui ne cesse. Je m'ennuie très vite dans une conversation et j'ai du mal à tenir le fil, je divague très souvent, je m'intéresse à des personne et je me désintéresse aussi vite. J'ai un peu ce sentiment d'être d'un coup tout et la minute d'après plus rien. Ces états font souvent surface en une même journée, parfois je ressens différentes émotion s en même temps (joie et irritabilité, agitation et extrême fatigue..) et je suis souvent épuisée et très énergique dans une même journée.
-J'ai une forte sensation de vide qui fait irruption de manière hasardeuse et qui alimente en moi des envies suicidaires de plus en plus accrues au quotidien.
-D'une semaine à l'autre je peux dormir très peu car animée par une hyperactivité débordante (j'ai les idées qui fusent), je ne ressens aucune fatigue mais à cela s’ensuit une fatigue soudaine, accablante. Je ne fais que dormir et je m'isole du reste du monde, j'annule tous mes plans et ne veux voir personnes. Je n'ai alors plus le goût à rien, souvent j'en arrive à la conclusion que mourir serait ma dernière option, car être dans cet état de noirceur me met dans une réelle détresse.
-Lorsque on me demande comment s'est passée ma journée, je suis dans l'incapacité de lui raconter tellement d'émotions m'ont traversée au cour de la journée et tellement d'état mon traversés. J'ai comme l'impression de vivre plusieurs journées en une. Je dis souvent « ça dépend a quel moment de ma journée ». Ma psychiatre m'a dit qu'il fallait qu'on arrive à travailler ensemble pour qu'une stabilité s'installe et que je n'ai plus à dire « ça dépend ».
-J'ai constaté que j'ai de plus en plus de mal à retenir ce qu'on me dit, ce que je dis et ce que j'ai fait ? J'ai oubliée des grosses périodes de ma vie et je ne me rappelle plus les discussions récentes que j'ai pu avoir avec des personnes et je me retrouve à réinventer des faits et à en être persuadée. Ça met très difficile de distinguer le vrai du faux et cela me pose des problèmes relationnelle et personnelle. Je n'arriverai pas à faire une corrélation entre le traitement et le début de ces « amnésies partielles ». Mais je crois que ce sont des choses qui ont fait leur apparitions au collège, mais il y a eu une intensité de ce phénomène depuis peu.
-J'ai souvent eu ce sentiment de ne pas être légitime de parler de mes moments de déprimes. Aux moments les plus bas, je n'arrive pas à ressortir la tête de l'eau, je suis sous l'emprise d'envies très sombre. Et parfois dans cette même période, tout vas bien , sans qu'il y ai de raison particulière, comme si j'avais un pic de bonheur. Je rayonne, je déborde d'énergie, j'en oublie même que je n'allais pas bien. D'un coup je me met dans une sorte de déni. Il y a tout d'un coup une petite voie qui me dit « mais tout va bien , tu n'as pas de problème, pourquoi aller voir un professionnel ? ». Alors on me voit mal, puis super bien. On a souvent pu me dire « à mais, tu vas bien en fait ».
-Je peux m'endormir avec un fort sentiment de bonheur et me réveiller avec l'envie de mourir.
-J’épuise les gens qui m’entoure, parce que je ne fais pas preuve de cohérence dans mes propos
-Je peux très vite m'emballer, ne pas me rendre compte des conséquences des choses que j’entreprends, on a souvent pu me dire j'étais « un peu extrême » dans mes manière de réagir, que j'étais trop optimiste dans la gestion de mon emploi du temps (trop de choses prévues dans un laps de temps restreint), que j'étais hyperactive, qu'on arrivait pas à me suivre.
-Souvent je fais des achats compulsifs et me retrouve à dépenser des sommes énormes alors que je n'en ai pas les moyens.

Dès le collège, j'ai senti que j'étais susceptible aux changements d'humeur très variable et plutôt extrêmes. A cette époque, je pouvais me sentir invincible et au centre de l'attention, avec une confiance en moi qui me donnée des ailes pour tout affronter. Mais souvent, après cette phase d’hyper sociabilisation, je vivais comme une sorte de chute libre qui me faisait descendre au plus bas. Phase où je ne voulais voir plus personnes, je rejeté tous mon entourage et le simple fait d’être en vie m'étais insupportable. Je ne penses pas en avoir eu conscience ces années-là, c'est maintenant avec le recul que je peux me rendre compte de cette dualité.

Avec ces éléments, avez-vous une idée sur la nature de son trouble ?

La suite à venir dans d’autres posts

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