Paris Sortilèges

22/06/2022

"Toi qui a passé les épreuves, tu entres désormais dans le domaine du rêve"

Eugène Atget, rue du Figuier, 1924.

14/06/2022

Le Paris aux couleurs des années 1950, à peine sorti de la grande guerre, dans l'objectif de Peter Cornelius

16/03/2022

"Adieu Paris, comme il nous semble,
Disent-elles toutes ensemble(...)
Adieu, puisqu’il faut qu’on le die,
Au Marais, notre rendez-vous,
Où souvent, avec cent filoux,
Nous avons joué notre rôle
À dépouiller un pauvre drôle,
Étranger ou provincial,
Où je ne m’acquitai pas mal(...)
Adieu promenades de Seine,
Chaillot, Saint-Cloud, Ruel, Surenne !
Ha ! que nous allons loin d’Issy,
De Vaugirard et de Passy !(...)
L’impureté sera bannie
Des plaisirs de la douce vie.
Tout ira comme il doit aller.
Mais il faut d’ici détaler,
Rebut du sexe, on vous l’ordonne ;
Sans vous la ville est belle et bonne(...)
Car bientôt, grace à la police,
Paris sera purgé de vice,
Et des vicieuses aussi(...)
Mais revenons à nos moutons ;
Faisons le triage et comptons
Combien sont nos brebis galeuses ;
Les listes sont assez nombreuses
Pour les envoyer en troupeau
Paître dans le monde nouveau(...)"

"Le Déroute et l'Adieu des filles de joie", 1660, pamphlet d'éradication urbaine des femmes errantes et "intraçables" de la ville de Paris sous le règne maudit de Louis XIV.

Étienne Jeaurat, Le transport des filles de joie de l'Hôpital, 1755.

03/03/2022

"À la question embarrassante :" quelle est l'essence d'un lieu?" Il faudrait souvent substituer une autre question:" qu'en peut-on rêver?"

La table de voyance de Madame Radya, voyante à Belleville
-une photographie de Robert Doisneau, 1953

14/01/2022

"Au fil des étages, on pénètre dans un décor et un confort surannés, dont les moindres détails, des faïences des WC jusqu’aux sonnettes, témoignent de l’esprit d’un temps lointain où les intérieurs parisiens, baignant dans une obscurité presque totale, dressaient le décor surchargé d’un cabinet de curiosités anachronique"

La maison hantée parisienne du 1 avenue Frochot:
https://paris-sortileges.fr/la-maison-hantee-de-lavenue-frochot/

L’avenue Frochot: à quelques pas de la place Pigalle, elle reste inaccessible aux passants. Fermée par une grande grille en fer, elle fait partie de ces quelques voies privées parisiennes tenues à l’écart des allers et des venues, réservées à la seule jouissance des résidents, lesquels ...

05/01/2022

À Paris, les rêves connaissent les différents degrés de fusion des métaux qui périssent et se survivent dans le creuset des alchimistes.

Certains, opaques comme la nuit, résistent encore à traverser la mort qui en voile le cristal, d'autres ont atteint le cœur vivant de leur mémoire et se sont fondus avec cette transparence qu'ils ont aimé.

Paris, les quais de la Seine, 1851, Charles N***e.

31/12/2021

"La fonction de Paris, c'est la dispersion de l'idée. Secouer sur le monde l'inépuisable poignée de vérités(...)
Paris est un semeur;
Où sème-t-il?
Dans les ténèbres.
Que sème-t-il?
Des étincelles"

Victor Hugo.

17/11/2021

Le "Pierrot de Montmartre"

Esquisse d'un costume pour un spectacle de pantomime du mime Marcel Marceau au théâtre Sarah Bernhardt en 1952, à Paris.

01/10/2021

Une jeune femme traverse la place de l'Opéra à Paris, captive de l'objectif de Nadar, en 1886.

30/09/2021

Le "Premier Ministre de la Mort"

C'était son surnom, il se l'était adjugé, lui, Constant Daléchamps, ancien cocher de fiacre reconverti en brocanteur rue Caulaincourt, à Montmartre.

De son ancien métier, ce passeur excentrique avait gardé le goût des attelages qui en jettent;
la devanture de sa boutique était digne des trains fantômes des fêtes foraines : bric et broc, objets volés et truandés, rachetés au petit matin aux chiffonniers, reliquaires éviscérés, talismans ayant déjà servi...

Daléchamps habitait dans une petite baraque du Maquis du vieux Montmartre qui devait ressembler aux masures en toc de la Zone pas très lointaine.
C'est là que le goût lui prit de collectionner choses trouvées, perdues et obsolètes: comme une terre d'asile aux rejetés, aux indésirables, aux pilonnés...à l'heure des décharges naissantes de la ville industrielle.

Il recréa sa Cour des Miracles des objets boiteux et de faux infirmes.

Les riverains devinrent ses amis: il leur promit de les représenter à la chambre des députés si jamais ils votaient pour lui.
Son programme électoral était des plus farfelus.
En sus, il avait une passion pour cette espèce si parisienne et méprisée: le pigeon.
Le soir, il les rameutait sur son toit et les faisait danser en faisant tournoyer le drapeau tricolore. Il en avait baptisé certains qu'il reconnaissait : il y avait "liberté", "on les aura" et "coup de rouge".

À mesure que le quartier de Montmartre s'embourgeoisa, il sombra dans une profonde mélancolie. Et il mourut.

16/06/2021

La Goulue, devenue "Madame Louise" à la fin de sa vie, posant devant sa baraque foraine, dans "la Zone", près des puces de St Ouen.

27/04/2021

Le Paris quotidien d'un prolétaire au début du XXème s: une salle à manger photographiée par Eugène Atget chez un ouvrier domicilié rue de Romainville (métro Télégraphe, XIXème arrondissement).

L'électricité manque à l'appartement: ce moyen d'éclairage n'est alors utilisé que depuis 10 ans et coûte cher. La grève des électriciens en 1906 ne provoquera pas la colère mais l'amusement : elle ne touchera que les riches.

05/04/2021

Que deviennent les cadavres des condamnés, des proscrits, des indésirables?

Entre tabou magique et misdirection politique: les cimetières parisiens des oubliés...et le tombeau de la Mémoire.

https://paris-sortileges.fr/lambivalence-magique-et-politique-des-depouilles-des-supplicies-les-cimetieres-parisiens-des-oublies/

Au Moyen-Âge et jusqu’au XVIIIème s, la question ne se pose pas: les cadavres des nombreux condamnés roués, pendus, décollés ou écartelés en place publique finissent par disparaître, soit qu’ils soient réduits en cendre en dernière instance (et ce, afin d’éviter que leur dépouille...

02/04/2021

"Se regarder passer": c'était la devise de Jean-Antoine Roucher, électron libre et poète.
Incarcéré dans les prisons parisiennes en pleine tourmente Révolutionnaire, il s'y lie d'amitié avec le poète André Chénier et le peintre Hubert Robert.

Ce dernier le représente ici, "se regardant passer" par la fenêtre de sa cellule à Sainte Pélagie...quelques jours avant son exécution.

C'est avec le premier, André Chénier, qu'il montera sur la charrette qui le conduira à la guillotine, installée place de la Nation: ils y auront le temps d'échanger quelques vers de Corneille. Ils monteront sur l'échafaud, en ayant préalablement pris soin d'écorner la page.

Ils seront guillotinés arbitrairement. Leurs cadavres, entassés sommairement dans une fosse commune à Picpus, reprennent le livre là où de leur vivant ils l'avait laissé: l'amitié fleurit dans les massacres et s'enracine dans le regard passé d'un seul...qui se savait passant.

-Jean-Antoine Roucher attendant son transfert de Sainte Pélagie à Saint Lazare quelques jours avant son exécution, Hubert Robert, 1794.

24/03/2021

Il avait le goût immodéré de l'affabulation et des boutades. À la taverne du Panthéon où il tenait siège, il sut conquérir un électorat bigarré d'étudiants et d'interlopes. Candidat perpétuel aux élections présidentielles, son programme prévoyait le prolongement de la rade de Brest jusqu'à Montmartre, la construction d'un pont géant pour loger exclus et SDF et la suppression du wagon de queue du métro.

Figure tutélaire de la Sorbonne, Lare du Quartier Latin, il créa le "Front Lopulaire". Ses disciples? "Lopettes", "Anti-lopes" et "Interlopes"se partageaient facétieusement les dramaturgies carnavalesques et politiques du Quartier Latin.

Ferdinand Lop, franc joueur et franc tireur:

https://paris-sortileges.fr/ferdinand-lop-limagination-au-pouvoir/

On l’aperçoit, spectre fugace à la traîne d’un cortège dispersé de manifestants, traverser la fin du film documentaire “le Joli Mai”, le chef d’œuvre de Chris Marker tourné en mai 1962 à Paris: pose impeccable, le profil d’un Prince anachronique de retour parmi ses ouailles dans ...

13/03/2021

Le "Cabaret du Père Lunette": repaire transfuge des initiés et des poivrots.
Oracle ivre...mirage...sortilège🌪

https://paris-sortileges.fr/le-cabaret-du-pere-lunette-oracle-ivre-transmutatoire-et-immortel/

C’est au cœur du quartier latin, entre la “Maube” et St Séverin, la survivance d’une devanture à l’enseigne d’une paire de lunette qui de prime abord force à méprise

07/03/2021

"Jehanette la commune
Thomasse la bourgeoise
Perrette la Villaine
Isabelle Lamye
Jehannette la Regnaulde
Michalette de Gisors
Jacquette de la Mare
Katerine lutine dite aux lardons
Gilette Du Vivier
Raouline la Chabotte
Alison l'Anglefesse
Margot Larivière"

Noms ineffables des femmes condamnées pour débauche au Moyen-Âge des registres du Grand-Châtelet à Paris.

02/03/2021

"Vues de Paris": précis de magie opérative à la destination du regard, de la mémoire et des fantômes🌙
https://paris-sortileges.fr/vues-de-paris/

“Il est des villes comme des rêves: tout ce qui est imaginable peut être rêvé mais le rêve le plus surprenant est un rébus(…)” (Italo Calvino, les Villes invisibles)