Ce matin j’ai lu cet article très intéressant, il confirme notre choix d’habiter dans la campagne.
L’intelligence du corps au temps du Covid - De l'absurdité corporelle d'hiverner au printemps
📷
Eve Berger-Grosjean
Présidente fondatrice de ViaCorpo - Coach - Docteure en Sciences de l'éducation
Quand je questionne mes clients ou mes proches sur la manière dont ils vivent la période, je suis souvent surprise de leur difficulté à la définir clairement. Les mots semblent leur manquer pour décrire leur état, trop étrange ou trop nouveau pour être nommé simplement ; ou alors leurs sensations, émotions, sentiments, pensées, sont tellement multiples et contrastés qu’ils ont du mal à les démêler et à les distinguer.
En fait, notre corps est paumé, et nous avec.
C’est que nous vivons une forme d’« absurdité corporelle » inédite.
D’ordinaire au printemps, notre corps sort de sa torpeur, se réveille, se redresse dans l’énergie du renouvellement, bourgeonne d’élans et de projets, a envie de sortir de l’introspection de l’hiver pour danser la vie au-dehors et participer avec la nature, dont il est partie intégrante, à la grande fête du renouveau !
Sauf que là… c’est l’heure, c’est le moment, le soleil brille, les arbres sont verts et les fleurs explosent, mais nos pays et le monde entier sont à l’arrêt, et nos corps contraints au repli.
Que nous soyons au chômage partiel, en fermeture administrative, au bord de la faillite ou en suractivité de gestion de crise, nous vivons tous cette contradiction fondamentale entre la chape de plomb qui pèse sur le monde et impacte notre activité professionnelle sous différentes formes, et le mouvement du vivant universel qui pousse et chante à l’intérieur.
Cette contradiction agit en nous, que nous ayons le temps de l’écouter ou pas, que nous soyons confinés en ville ou par chance à la campagne. Car elle contradiction est avant tout corporelle. Cellulaire. Préverbale. Et c’est pour cela que les mots nous manquent. Nous nous sentons dé-boussolés, au sens propre du terme, parce que nos corps le sont. Comme ces oiseaux migrateurs perturbés dans leur boussole interne par le réchauffement climatique, qui ne savent plus où aller, ni quand, ni comment.
C’est pourquoi il ne sert à rien de vouloir saisir, nommer, « comprendre » notre état de la façon habituelle. Il s’agit plutôt, en ce moment, d’accepter de nous laisser aller à cette contradiction, c’est le meilleur moyen de la transformer en paradoxe. La différence entre les deux ? La contradiction est stérile, le paradoxe est créateur.
Les polarités apparemment opposées, certes, se heurtent en nous, s’entrechoquent et nous bousculent. Mais si elles trouvent dans notre corps, dans notre intériorité, dans notre être, un lieu de rencontre et de dialogue, elles vont pouvoir se féconder mutuellement et ainsi créer quelque chose de neuf : un positionnement, une forme d’action, des idées, que nous ne connaissons pas.
Imaginez : nous sommes potentiellement en gestation d’états d’être fantastiques qui n’ont jamais existé.
En tout cas ça me plaît de nourrir cette possibilité chez moi-même et chez mes clients, autant dans la vision de l’esprit que dans l’état du corps. Pour cela, à mon sens, une seule attitude : dans la mesure autorisée par les circonstances, accorder à notre corps tout ce dont il a besoin au moment où il en a besoin – marcher, méditer, chanter, danser dans le salon, prendre une do**he, se parfumer, ne pas se laver, faire l’amour, rester dans l’immobilité, bien manger, jeûner… – et la même chose pour l’esprit – se laisser penser, rêver, divaguer, imaginer, errer, être dans la lune, se cultiver, faire des plans sur la comète, construire des châteaux en Espagne…
Ça va finir par produire quelque chose.
------------------------------------------------------------------------
*L’hivernation est différente de l’hibernation, état de léthargie avancé où la température du corps de l’animal se réduit à presque 0° et où seules les zones de son cerveau qui commandent les actions vitales restent actives. Dans l’hivernation, l’animal somnole simplement et la température de son corps reste stable. Son cerveau reste très réactif et il peut parfaitement se réveiller.