18/11/2025
J’ai longtemps hésité avant de prendre la parole sur ce sujet. Parce qu’avant de parler d’un tel procès, il faut du recul, de la pudeur, et surtout la justesse des mots.
Le procès de Mazan soulève des questions essentielles sur la manière dont on regarde les violences de l’intime. Ce qu’on choisit de voir, et ce qu’on continue à taire. Gisèle Pélicot est devenue, à juste titre, un symbole de courage et de libération de la parole des femmes victimes de VC. Demander la levée du huis clos lors du procès de ses agresseurs, c’était un acte d’une force rare. ✊
Ce choix a permis que le débat sorte du silence et qu’on regarde, enfin, ce qui se joue derrière les portes closes : la reconnaissance sociale et judiciaire du vi0l conjugal comme une forme aggravée de crime, la soumission chimique, et plus largement les violences s*xuelles dans le couple. Des réalités encore peu connues, rarement nommées et souvent minimisées. 🫠
Mais une part de cette histoire est restée dans le silence : les violences s*xuelles incestueuses subies par la fille du couple. Elle est aujourd’hui en procédure contre son père, mais ces faits n’ont jamais été entendus ni reconnus par sa mère. Parce que c’est sans doute inconcevable.
Et c’est là tout le paradoxe de cette affaire : même au cœur des violences, certaines réalités restent impossibles à penser. Comme s’il y avait des formes de violences plus “conceptualisables” que d’autres. Comme si l’inceste restait trop insoutenable pour être nommé. Ce mécanisme, celui du déni, traverse tout le dossier : le déni individuel, familial, mais aussi collectif. 😶🌫️
Parce que la réalité est parfois trop dure à concevoir et remet en cause ce que la société croit savoir sur la famille, le couple, la normalité.
L’affaire a été découverte en 2020 et pourtant, il a fallu attendre le procès pour que la société en parle. Ce décalage montre une forme de déni collectif, où l’on garde le silence tant que c’est intime, et où l’on s’indigne seulement quand c’est médiatisé.
Et comme j’aime souvent le rappeler : ce qui n’est pas dit n’existe pas. Et ce qui n’existe pas ne peut pas être pensé. C’est sans doute l’une des leçons les plus dures de cette affaire. 💔