"Vint un temps où le risque de rester à l'étroit dans le bourgeon était plus douloureux que le risque d'éclore". Anaïs Nin
Mal-être, tristesse, angoisses, obsessions, inhibitions, dépendances, hypocondrie, problèmes de sommeil, alimentaires, sexuels, amoureux. Séparation, deuil. Souffrance au travail ou dans ses rapports aux autres. Quelque chose de négatif se répétant dans sa vie (échecs, excès, mauvais partenaire etc.). Un évènement que l'on ne parvient pas à surmonter. Perte de désir, de motivation. Sentiment de handicap, d'impuissance, de culpabilité, de se trouver sur une voie sans issue. Agression contre soi ou autrui...
Presque toute personne (voir conditions requises) qui souffre et veut en connaître la cause peut en passer par une analyse.
Se décider à consulter est déjà un premier grand pas sur le chemin de la résolution de vos conflits et de retrouvailles avec vous-même et votre désir. Et contrairement aux idées toutes faites et donc généralistes, consulter est loin d'être honteux car c’est un acte qui demande du courage. Pour la psychanalyse, chaque être, du fait de son histoire, de ses traumatismes refoulés au fin fond de son inconscient, est unique. Aussi est-il normal de souffrir là où d'autres ne souffriraient pas et parmi les êtres qui souffrent, il y a ceux qui veulent en savoir quelque chose des causes à cette souffrance, à leurs impasses, à ce qui se répète et ceux qui n'en veulent rien savoir.
CONDITIONS REQUISES
La psychanalyse est une chose sérieuse, à prendre au sérieux. Le processus, visant à ce que la personne cède sur sa jouissance morbide et s’achemine vers une autonomie, ne peut donc s'engager qu'avec une personne en souffrance et consentante :
- Elle doit venir d'elle-même.
- Elle doit avoir le désir de savoir, de vouloir aller mieux et la capacité de se remettre en question.
- Pour ce faire, elle doit consentir à s'engager dans le processus et donc à en payer le prix : venir à ses rendez-vous, les payer avec son propre argent et parler sans restriction même de ce qui lui paraît incongru, voire honteux ou stupide.
De ce fait, un contrat moral est passé entre les deux parties.
QU’EST-CE QUE LA PSYCHANALYSE ? Notions de base :
La psychanalyse est une pratique élaborée par S. Freud et le français J. Lacan. En raison des dérives vers l'Ego psychology, Lacan dut appeler à un “Retour” aux enseignements de Freud et les approfondit au travers de ses séminaires. De plus, il enrichit la théorie de nouveaux concepts liés à l'évolution de la société vers le déclin de la fonction paternelle. Cette pratique traite avec l'inconscient et donc le réel, aussi n'a-t-elle rien à voir avec toutes les thérapies s'intéressant au corporel ou au renforcement du Moi (Moi = Ego, soit le conscient qui est du registre de l'imaginaire).
DÉCOUVERTE DE FREUD : Dès la fin du 19ème siècle, dans le but de comprendre pourquoi leurs maux n'avaient pas d'origine physique, Freud sut écouter ce que ses patientes avaient à lui en apprendre. Il découvrit ainsi que notre psychisme (et par conséquent un grand nombre de nos comportements et de nos choix fondamentaux) est dépendant de sa partie enfouie, refoulée : l'inconscient. Nous ne sommes pas maîtres de nos vies mais déterminés et téléguidés par notre inconscient, plus exactement par ce qui y a été refoulé et y bouillonne à l'état pulsionnel car court-circuité au lieu d'être placé sur le fluide circuit de la chaîne symbolique, celle du discours.
Ce qui a été refoulé et nous conditionne, c'est l'insupportable, l'horreur (le Réel pour Lacan), ce qui ne put être verbalisé et donc symbolisé : des mots, des désignations, des secrets de famille, du vécu, des images, des ressentis... Mais profondément enfoui dans l'inconscient, ce refoulé qui tue parce qu'il est tu, ne se présente jamais spontanément à la conscience car censuré par l'instance morale : le Surmoi. Pulsionnel, il va tout de même pointer, mais de manière furtive et déguisée, sous forme de symptômes (ce qui se répète), de lapsus, rêves, actes manqués. Freud nous dit : "Nous ne le connaissons que comme conscient, une fois qu'il a subi une transposition ou traduction en conscient". Pour ôter la charge pathogène de ce pulsionnel, le libérer de la charge négative de la pulsion de mort, et le recharger en positif de la pulsion de vie, il faut donc opérer un travail de traduction et ce, par la voie du langage, c'est-à-dire par l'analyse.
L'analyse consiste à remettre dans le circuit vivant de la chaîne symbolique (le discours), ce qui fut court-circuité. C'est donc une pratique de la parole, aussi implique-t-elle pour le patient de parler : une verbalisation libre, spontanée de ses souvenirs, rêves, associations d'idées ou d'images. De son côté, l'analyste, par sa présence, son écoute, ses interventions, soutient le questionnement, aide l'analysant à comprendre les ressorts de ses conflits psychiques et ainsi à les dénouer. Tous deux vont travailler "main dans la main". Par ce moyen, l'analysant arrachera peu à peu, à soi-même et pour lui-même, une part de sa propre vérité, cernera et déduira son réel (le traumatisme). En soulevant enfin les choses à l'aide ses mots, en verbalisant l'indicible, ce qui fut tu et continua de tuer, il les allègera de leur charge morbide et pourra progressivement renaître à lui-même, mener une vie en accord avec ses désirs.
LA PSYCHANALYSE a affaire à l'inconscient et donc au réel qui y est logé. Le réel (le traumatisme, le symptôme) étant imprescriptible, inaliénable, il s'agit d'en ôter la charge pathogène, morbide pour le faire vivre du côté de la pulsion de vie et donc du désir. La faille, la discordance, ce que l'on a de plus singulier en nous, une fois décomposé par la parole et reconstruit, deviendra pour le reste de la vie, le ressort fondamental de l'existence, son soutien. De ce fait, la psychanalyse respecte l'individu, sa singularité, son exception, sa norme. Elle permet de desserrer les identifications imaginaires, l’étau des impératifs de l’Autre, de retrouver sa place, son désir, d'être enfin en phase avec lui, de faire ses propres choix, de se respecter, d'utiliser sa singularité, son altérité au sein de la société. Elle est la clinique du désir, moteur de la vie.
Il s'agit de retrouver son désir, de céder À son désir et non plus de "céder SUR son désir". (Lacan J. Le Séminaire - Livre VII - L'éthique de la psychanalyse, leçon du 6 juillet 1960, Paris, Le Seuil, 1986).
DÉSIR // OU JOUISSANCE :
Céder sur son désir étant le fait de se trahir en cédant à la jouissance, laquelle est répétition, excès, non consentement au manque, masochisme et donc habitée par la pulsion de mort.
Le désir, lui, est issu du manque, chez un sujet qui a consenti à en payer le prix pour y accéder : Il a accepté de céder "la livre de chair", (Ibid), soit accepté une castration.
CONCLUSION Dans un monde vorace à la norme inhumaine marquée du Trop (accélération, compétitivité, performance, avidité), dans un monde devenu fou parce que niant l'inconscient, la psychanalyse offre un lieu et un temps à soi, car de liberté : liberté de parole, de pensée, de sentiments. Elle vous permet de questionner le discours dominant - sociétal et familial - afin de retrouver ce qui fait impasse, ce qui vous a fait renoncer à votre désir et à être ce que vous êtes, ce qui vous déchire entre vos désirs et vos devoirs / vos désirs et vos excès. Elle est le lieu où l'inconscient peut se manifester dans la plus grande liberté de dire et vous offre, pour la première fois de votre existence, la possibilité d'être entendu dans votre singulière, propre vérité. C'est une pratique de la parole, un discours encourageant la personne à produire sa singularité, à reconnaître sa propre norme, à trouver sa propre solution pour faire avec son Réel et ainsi "aboutir à la récupération de ses facultés d'agir et de j***r de l'existence". (La méthode psychanalytique de Freud in La technique psychanalytique. P.U.F. 1977. p. 6)
L’ANALYSTE
La psychanalyse étant une pratique, il n’existe aucun diplôme de psychanalyste. Afin de soutenir le désir et le questionnement, de se trouver dans une écoute neutre, sans jugement, l'analyste a lui-même fait l'expérience de la cure, en a traversé le cycle et l'a menée au point de vider ses propres représentations fantasmatiques. Il a de plus étudié la théorie de la psychanalyse apportée par Sigmund Freud et Jacques Lacan, en suivant cours, séminaires, conférences, stages de formation théorique, boussole à sa pratique. Il entretient et perfectionne constamment ses connaissances.
Sa formation pratique et théorique lui permet de repérer dans le discours les points à partir desquels peuvent s'amorcer d'autres chemins pour rejoindre la grand-route. Il interroge ce qui se dit à mi-dire, à demi-mot et par ses actes vise à désactiver le mécanisme de répétition d'un sujet bloqué par des impératifs inconscients. De ce fait, le psychanalyste, tout à son écoute neutre et bienveillante (sans jugement), va agir, au sein d’un cadre, vers un éveil du sujet. Toute personne étant unique de par son histoire personnelle, aucune analyse ne ressemble à une autre.
Ni gourou, ni coach de vie, un psychanalyste ne met pas dans la tête de son patient des idées qui ne sont pas les siennes mais souligne ses dires, ses plaintes afin qu’il y prête enfin attention. Un analyste ne travaille donc pas à étouffer le symptôme pour "adapter" une personne, la "programmer" en objet soumis au discours du maître, la rendre conforme aux goûts des autres, à la norme qui n'est pas la sienne et moins encore à en faire un rebelle impuissant ou un associable. Il travaille au contraire à faire advenir du sujet, un sujet qui a changé de vision et qui, dès lors "suit avec d'autant plus de détermination sa voie propre". (S. Freud De la psychogenèse d'un cas d'homosexualité féminine, 1920 in Oeuvres complètes vol XV, PUF Paris 1996 pp. 233-262) -
LES SÉANCES
(durée, coût)
PREMIÈRE SÉANCE Gratuite. C'est le moment de la rencontre entre le patient et l'analyste à l'issue de laquelle ils conviendront de se retrouver ou pas. Cette séance se passe sous la forme d'un entretien informatif, d'un échange sur les attentes et le cadre. Les motifs qui emmènent à consulter sont évoqués ainsi que le cadre analytique permettant l'élaboration psychique.
LE CADRE ANALYTIQUE :
NOMBRE DE SÉANCES HEBDOMADAIRES
Une à plusieurs par semaine, cela est fixé au cas par cas, selon la nécessité psychique
DÉROULÉ DES SÉANCES
Elles consistent au préalable en entretiens préliminaires face à face. Ces entretiens permettent à la personne de s’engager peu à peu ou pas, dans le processus analytique.
DURÉE D’UNE SÉANCE
Au sein de ce cadre la durée moyenne d'une séance est d'une demie-heure. Pourquoi durée moyenne ? En raison de la singularité de chacun, les séances ne sauraient être standardisées. Elles peuvent être plus longues ou plus courtes parce que le cadre de l'analyse est en constante adaptation à ce qui se passe pour la personne à un moment précis de sa séance. Ce moment important mais éphémère, une fois relevé, ne doit pas être recouvert par d'autres paroles qui le noieront, le dissoudront. La ponctuation (du discours, de la séance) sur certains mots signifiants est une pratique lacanienne. Elle a pour fonction d’en signifier leur importance, de souligner ce qui fait écho dans l'histoire du sujet, ce qui le renvoie à son désir propre, de le confronter à l’avènement d’un bout de vérité. Elle a pour effet de fixer le sens, de relancer l'éclosion du désir inconscient.
COÛT
En fonction des revenus. L'acte, visant à produire un sujet de sa vie et de son désir, un sujet responsable de ses actes, demande un engagement personnel et donc a un coût, celui d’un sacrifice de temps et d’argent prélevé à la jouissance.
Mais c’est un investissement... et le seul qui vaille car il est pour sa propre vie... et la vie n’a pas de prix.
"L'avenir m'intéresse parce que je vais y passer le reste de ma vie." Woody Allen.
DURÉE D’UNE ANALYSE
Ôter les faux-plis nécessite de passer et repasser encore et encore. Retrouver la grand-route de son désir demande tout un travail d'exploration, de découvertes et d'assimilation de celles-ci........
Assimilation longue car elle nécessite un dépouillement du moi, du narcissisme lequel est imaginaire.
De plus, il faut d'une part, du temps au Moi pour verbaliser un symptôme, le constituer et découvrir quel en est le circuit pulsionnel. Et d'autre part, le symptôme étant un substitut de satisfaction pulsionnelle et donc perverse, le sujet en jouit : il tire inconsciemment un plaisir du déplaisir... car la jouissance est d'essence masochiste. Identifier cela et l'accepter, demande au sujet d'y être prêt et donc du temps. C’est pourquoi nous l’appelons le patient.
RÉSISTANCES Enfin, de ce fait (la jouissance du symptôme) et du fait d'une fixation à la jouissance, il manifestera des résistances au traitement. "Tout ce qui détruit la continuation du travail est une résistance". Freud, Les écrits techniques.
Seuls le temps et les coupures opérées par l’analyste permettent au PATIENT d’avancer peu à peu dans son travail.