16/11/2025
À 21 ans, Simone de Beauvoir a décroché la deuxième place au concours de l'agrégation de philosophie, un examen réputé pour sa difficulté extrême, en 1929. Jean-Paul Sartre, qui a terminé premier, ne lui a pas proposé le mariage, mais quelque chose de plus radical : un partenariat égalitaire, un "pacte d'amour essentiel" sans possession, sans tradition, sans autres règles que la sincérité. À une époque où les femmes étaient définies par leurs maris, Beauvoir a choisi de se définir elle-même.
Ils sont devenus le couple intellectuel le plus célèbre du XXe siècle, mais leur histoire n'a jamais été simple. Ils s'aimaient, se blessaient, se donnaient mutuellement la liberté et en payaient le prix. Si Sartre est devenu le visage public de l'existentialisme, Beauvoir a écrit ses vérités les plus durables.
En 1949, elle publie "Le Deuxième Sexe", un livre qui bouleverse le monde. Il commence par neuf mots qui ont changé la donne : "On ne naît pas femme, on le devient." Elle y soutient que la féminité n'est ni biologique ni un destin : c'est une performance, une construction, une cage déguisée en nature. Ce livre a été immédiatement censuré par l'Église catholique et critiqué par des hommes comme étant amer et hystérique, mais les femmes l'ont lu en secret, en soulignant chaque page et en ressentant pour la première fois qu'on mettait des mots sur ce qu'elles avaient toujours su mais n'avaient jamais pu exprimer.
Beauvoir n'a pas cherché la facilité. Elle a vécu dans les contradictions, les erreurs et la solitude de celle qui voit ce que les autres refusent de voir. Sa relation avec Sartre a été passionnée, honnête, un rejet des contes de fées.
En 1980, Sartre meurt, et Beauvoir ne romantise pas leurs décennies passées ensemble. Elle écrit "Adieux : Un adieu à Sartre", un mémoire dépouillé de sentiment, rempli de vérité. Six ans plus t**d, elle décède en avril 1986.
Des milliers de femmes ont suivi son cortège funèbre à Paris, portant des copies usées de "Le Deuxième Sexe" et marchant derrière son cercueil comme des porteuses de torches, continuant d'illuminer le chemin qu'elle avait tracé pour elles.
Simone de Beauvoir n'a pas été enterrée à côté de Sartre parce qu'elle lui appartenait, mais parce qu'elle l'avait choisi. Même dans la mort, elle a fait ses propres choix.
Son héritage ne réside pas dans la perfection, mais dans la permission qu'elle a donnée aux femmes de penser sans s'excuser, d'aimer sans se soumettre, de créer sans demander de permission et de vivre sans attendre l'approbation du monde. Elle n'a pas seulement posé la question : pourquoi les femmes sont-elles définies comme "l'Autre" ? Elle y a répondu en devenant son propre sujet—pleinement, sans peur, enfin. Et en faisant cela, elle a offert à chaque femme qui viendrait après elle un simple et révolutionnaire cadeau : le droit de devenir elle-même.