18/10/2025
“LES BÛCHERS N'ONT JAMAIS CESSE”.
On dit que c’est du passé,
que les flammes se sont éteintes,
que les cris se sont tus,
que les sorcières ne brûlent plus.
Mensonge.
Les bûchers n’ont jamais cessé.
Ils ont changé de forme,
ils brûlent dans les esprits,
dans les mots, dans les silences,
dans les regards qui jugent sans comprendre.
Avant, on accusait les femmes,
celles qui savaient trop,
celles qui soignaient sans prêtre,
qui parlaient aux arbres,
qui lisaient dans la lumière.
Elles dérangeaient.
Alors on les a appelées sorcières,
et on les a offertes aux flammes.
Aujourd’hui, c’est pareil.
Ceux qui pensent autrement,
ceux qui sentent trop fort,
ceux qui refusent le moule,
on les pointe du doigt,
on les efface,
on les brûle autrement.
Pas de feu, non.
Juste des mots.
Des rumeurs.
Des jugements déguisés en sagesse.
Des groupes fermés qui décident
qui est pur, qui est sale,
qui mérite la lumière,
et qui doit disparaître dans l’ombre.
Les nouveaux inquisiteurs portent des cravates,
des sourires polis,
des certitudes bien rangées dans des discours de vérité.
Mais leur feu est le même,
leur peur aussi.
Ils craignent la différence,
ils craignent la force du regard libre,
ils craignent celui qui ne baisse pas la tête.
Ils se disent éclairés,
mais leur lumière brûle au lieu d’éclairer.
Ils parlent d’amour,
mais c’est de contrôle qu’il s’agit.
Ils parlent de fraternité,
mais seulement entre eux.
Ils parlent de liberté,
mais condamnent ceux qui la vivent vraiment.
Alors dis-moi,
qu’est-ce qui a changé depuis les bûchers ?
Les flammes sont invisibles, voilà tout.
Le bois a été remplacé par la peur,
et la cendre, par le silence.
On continue d’éliminer ce qui dérange.
On continue de juger sans comprendre.
On continue de craindre ce qui échappe au contrôle.
Mais moi,
je suis l’enfant des sorcières qu’on n’a pas pu brûler.
J’ai dans les yeux les braises de leur révolte,
dans le cœur le souvenir de leur courage,
dans les mains la lumière qu’elles ont protégée.
Je refuse vos bûchers,
vos tribunaux invisibles,
vos hiérarchies de l’ombre.
Je refuse vos vérités uniques,
vos masques de sagesse,
vos loges d’hypocrisie.
Je suis libre.
Libre de penser,
libre de sentir,
libre de soigner,
libre d’exister hors de vos cercles.
Vous parlez de secrets,
mais la vérité n’a rien à cacher.
Vous parlez de lumière,
mais vous tremblez quand elle vous éclaire.
Vous parlez de justice,
mais vous jugez avant d’écouter.
Alors oui,
balayez devant vos portes !
Regardez vos propres flammes,
vos propres ombres,
vos propres bûchers intérieurs.
Parce qu’à force de chasser les sorcières,
vous avez oublié d’être humains.
Et moi je vous le dis :
les sorcières reviennent.
Pas avec des balais,
mais avec des mots.
Pas avec des potions,
mais avec des vérités.
Pas pour se venger,
mais pour guérir le monde que vous avez blessé.
Leurs voix se relèvent dans le vent,
leurs chants s’enflamment dans les consciences,
et leurs âmes murmurent dans chaque silence :
“Nous ne sommes pas mortes,
nous avons changé de forme.”
Alors faites brûler vos bûchers,
si ça vous rassure.
Nous, on marchera dans la lumière,
celle qui n’a pas besoin de secret.
Celle qui éclaire sans juger.
Celle qui ne s’éteint jamais.
Et quand le vent soufflera sur vos flammes,
vous verrez la vérité danser dans les cendres :
ce n’est pas la sorcière qui est maudite…
c’est votre peur de la liberté.
Daniel Namazu.