19/07/2025
Le monde ne s'écrit pas toujours dans la force. En effet, la vie ne se résume pas uniquement à la domination ou à l'imposition de notre volonté sur les autres ou même sur nous-mêmes. Nous ne sommes pas toujours dans l'obligation, nous ne devons pas nécessairement recourir à la force brute pour avancer. Au contraire, il existe une alternative essentielle, celle de pouvoir nous connecter à notre douceur intérieure, à cette délicatesse qui se cache bien souvent en chacun de nous. Cette douceur est un aspect fondamental de notre humanité, souvent négligé au profit de comportements plus agressifs ou compétitifs. La force qui anime notre société moderne s'est beaucoup construite, au fil des générations, sur des pensées, des croyances et des expériences qui remontent à notre plus jeune enfance. Nous avons appris, dès notre plus jeune âge, que parfois, il fallait « casser pour mieux se réveiller », ou encore « violenter pour mieux réussir ».
Il est vrai que nous avons souvent été conditionnés à croire que l’écrasement de l’autre et la domination des situations sont des prérequis pour réussir. Ce que je propose fréquemment aux patients que j’accompagne, c'est d'observer cette force avec un regard critique. Peut-être qu'en scrutant cette force, nous pouvons découvrir qu'il existe une manière alternative de nous rapprocher de nous-mêmes et de défaire certaines constructions érigées sur des bases de violence ou de domination. Effectivement, la force, dans son essence, implique aussi l’idée de destruction. Mais détruire, cela signifie également la possibilité de réparer. Malheureusement, il arrive que nous ne puissions pas toujours réparer ce que nous avons brisé, qu'il s'agisse de relations humaines, de nos propres émotions ou de notre bien-être intérieur. À l'inverse, la douceur est un processus qui demande plus de temps et d’investissement.
Construire notre douceur prend un certain temps et se fait avec légèreté et observation. Ce cheminement exige patience et engagement, car être dans la douceur nécessite que notre approche envers les autres soit beaucoup plus précise, remplie de sensibilité et de distance appropriée. C'est un équilibre délicat que de laisser un espace dans nos interactions que nous pouvons remplir, non pas avec force, mais avec des gestes pleins de douceur. Être doux, c'est aussi être bienveillant envers soi-même tout en établissant une connexion authentique avec autrui. Cela implique de savoir choisir nos mots avec soin, de poser les bons mots au bon moment. En vérité, tout cela s'apprend. Cela prend du temps; ce n'est pas quelque chose qui se produit instantanément. Cette notion de temps est cruciale et, d'une certaine manière, incompressible.
Quand nous pensons à la conception d'un enfant, par exemple, nous réalisons que ce processus naturel prend neuf mois. Cette période de gestation ne peut être abrégée sans conséquences graves sur le développement de l'enfant. De même, le temps nécessaire à notre propre maturation émotionnelle et spirituelle ne peut être réduit. En prenant en compte le rythme des saisons, nous pouvons également en tirer des leçons. Chaque arbre qui pousse, comme le pommier, produira ses fruits, mais cela se fera à l'automne, généralement en septembre. Même lorsque les feuilles tombent, en octobre, l'arbre continue de croître, mais en sous-sol, en prenant soin de compléter ses cycles avant de donner des fruits.
Nous avons beaucoup à apprendre de ces simples vérités de la nature, mais souvent, nous les avons perdues de vue. Nous ne les observons plus, nous ne prenons plus le temps de les apprécier. Au lieu de cela, nous sommes souvent bloqués dans le rythme frénétique de la productivité et de la force. Alors que, paradoxalement, la nature nous ramène à quelque chose de plus subtil, de plus doux et de plus apaisant. Si l’on prend le temps de s’asseoir dans un environnement naturel, que ce soit sur une plage, en montagne ou sur une île, peu importe la saison, nous nous rendons compte qu'il en émane une sagesse silencieuse.
De nos jours, nous disposons d’outils technologiques fascinants comme le drone, qui nous offre un nouvel angle de vue. Ce petit appareil volant semble nous extirper de notre point de vue habituel, en nous donnant une perspective élargie et, en quelque sorte, plus élevée. Cela nous permet d’explorer en nous cette partie qui aspire à une vision plus ample. Que voyons-nous réellement de nous-mêmes si nous prenons de la distance, si nous plongeons notre regard au-delà de notre cadre habituel ? Cela nous invite à examiner nos émotions, nos structures internes, mais aussi notre parcours de vie.
Il est aussi fondamental de prendre conscience des choix que nous avons pu faire tout au long de notre existence, mais que nous n’avons pas toujours pu concrétiser. Parfois, nous avons des parts de nous-mêmes qui seraient prêtes à s'exprimer, mais qui, pour des raisons diverses, sont restées muettes. Nous avons tendance à nous focaliser sur ces non-dits, sur ce qui a été perdu, en oubliant que tout cela n’est pas nécessairement la vérité ultime. En effet, la vérité pourrait bien se trouver ailleurs, dans un espace que nous avons encore à explorer. Là où, justement, la vision du drone pourrait ne pas capter nos réalités les plus intimes. En tournant cet appareil, en changeant notre point de vue, nous avons la possibilité d'accéder à un tout autre monde. C’est peut-être ce monde là que nous devons apprendre à découvrir et à embrasser, un monde qui résonne avec notre essence la plus douce et authentique.