05/08/2025
Vodoun et Bo : ce que nos anciens savaient
Dans beaucoup de familles, au Bénin et ailleurs, on ne parle plus. On ne transmet plus. On ne prend plus le temps d’expliquer aux jeunes ce que c’est que le Vodoun. On se contente de dire que c’est “dangereux”, que c’est “le diable”, ou qu’il faut prier pour ne pas “tomber dedans”. Résultat ? Beaucoup grandissent dans l’ignorance, jusqu’au jour où ils tombent… et tombent mal.
Auteur: FERMI OSÉ PROD'
Mais si tu t’arrêtes un instant pour écouter les anciens, pour marcher avec eux jusqu’aux temples, pour t’asseoir près des arbres sacrés, tu comprendras vite : le Vodoun n’est pas ce que les rumeurs en ont fait. Ce n’est pas du fétichisme, ce n’est pas de la sorcellerie, ce n’est pas une menace. C’est une science de la vie, une organisation du monde, une relation sacrée entre l’invisible et le visible, entre les vivants et les morts, entre les éléments et notre propre souffle.
Chaque Vodoun est une force. Sakpata, c’est la terre et la guérison. Dan, c’est le lien et la richesse. Hêviosso, c’est la justice et la foudre. Ogoun, c’est le travail, le fer et la guerre. Legba, c’est par là que tous les vodouns passent . Le lègba représentent aussi les carrefours, les chemins, la sexualité, les portes. Le Vodoun, ce sont des énergies anciennes, précises, équilibrées. Pas des "idoles", mais des présences actives, des alliés si tu les respectes, des maîtres si tu t’égares.
Et puis il y a le Bo.
On entend de tout à son sujet. Certains le redoutent, d’autres le recherchent comme une solution miracle. Mais combien comprennent réellement ce que c’est ? Le Bo, ce n’est pas un gri-gri qu’on achète à la sauvette sur Instagram. Ce n’est pas une poudre jetée sur quelqu’un par vengeance. Le vrai Bo, c’est un savoir profond, une alchimie entre les plantes, les mots, le sang, les pactes, les symboles, et surtout la connaissance du moment juste.
Un Bo ne marche pas parce que tu y crois. Il marche parce qu’il est né d’un Fa bien tiré, d’un esprit bien invoqué, d’une recette bien gardée. Le Bo, ce n’est pas un raccourci pour forcer le destin. C’est un levier pour l’accompagner, le corriger, parfois le prévenir.
Mais attention : tout Bo a un prix, pas seulement en argent. Il y a un prix en énergie, en conséquence, en responsabilité. Un Bo fait dans la colère revient souvent avec la colère. Un Bo qui sert l’égo finit par nourrir le vide. Un Bo pour nuire devient tôt ou t**d un piège pour celui qui l’a posé.
Nos anciens le savaient. Ils disaient : « Si ton cœur n’est pas pur, même le plus fort des Bo te refusera sa force. » Ils savaient que le Bo, sans Vodoun, c’est comme une machette sans main sûre : dangereux pour tous. Et que le Vodoun, sans Fa, sans orientation, peut devenir un labyrinthe.
Aujourd’hui, certains jeunes veulent la gloire sans l’apprentissage. Ils veulent dominer sans discipline. Ils veulent “ouvrir les chemins” sans consulter le Fa, sans purifier leur nom, sans même comprendre que parfois, le problème ce n’est pas ton destin, c’est toi-même.
Et donc ils tombent dans le piège des vendeurs de miracles : "Bo pour avoir de l’argent en 7 jours", "Bo pour forcer l’amour", "Bo pour détruire un rival"... Et ils ne se rendent pas compte qu’ils sont en train de signer avec des forces qu’ils ne maîtrisent pas, de se lier à des entités qui, une fois réveillées, ne retournent plus dormir.
Le vrai initié ne se vante pas. Il ne publie pas ses secrets sur les réseaux. Il marche en silence, il écoute le vent, il prend le temps, parce qu’il sait que dans ce domaine, tout est affaire de patience, de respect et d’équilibre.
Alors, si tu t’intéresses au Vodoun, approche avec humilité. Cherche un maître digne, pas un marchand de mysticisme. Approche avec des questions vraies : Qui suis-je ? D’où viennent mes blocages ? Quel est mon signe Fa ? De quel Vodoun suis-je proche ? Suis-je prêt à apprendre, à observer les interdits, à entrer dans une alliance sacrée avec l’invisible ?
Et si tu ressens l’appel du Bo, demande-toi d’abord : est-ce que je veux agir ou fuir ? Est-ce que je cherche à grandir ou à tricher ? Car le Bo ne sauve pas les lâches, et il ne récompense pas les impatients.
Ce que tu dois retenir, c’est que le Vodoun est une école de vérité. Le Bo, un outil de transformation. Et le Fa, la boussole. Ne les prends pas à la légère. Ce ne sont pas des jouets, ce ne sont pas des décorations. Ce sont des forces anciennes, vivantes, exactes.
Et elles ne répondent qu’à ceux qui sont prêts à marcher dans la vérité, même quand elle fait mal.
