10/03/2024
Victime et responsable
Ça fait longtemps que j'ai envie de témoigner de ce moment, de ce long, très long moment.
Ça fait longtemps, aussi que j'accompagne des personnes victimes de faits plus ou moins proches.
Sans doute que ma trajectoire dans cet enfer m'y a sensibiliser. J'y ai consacré quasiment 6 ans de ma vie.
Je le fais parce que ce soir après réflexion, je me dis que peut être, ça viendra parler a quelqu'un, même si c'est une personne, qu'elle se mettra en marche, peut être. Je le fais non parce que je veux être sauveur (je déteste ça), mais contributeur.
Il y a bientôt 15 ans, je prenais la direction d'un équipement social.
Une très grosse association avec de nombreuses missions allant de l'insertion sociale, l'animation de quartier, le handicap, la parentalité, la jeunesse, la formation professionnel, l’accès au droit, bref une sacrée usine.
Je suis arrivé en "chevalier blanc", vous savez celui qu'on recrute pour redresser les tords, repositionner tout le monde et surtout dire "non" là où personne n'avait jamais rien dit. Moi bravache, ça m'allait, à l'époque j'étais réputé directeur mission impossible, pompier en tout genre, après le commissaire Navaro il y avait le directeur Favaro (je dé***ne même pas).
La situation est simple, le président et une clique d’administrateur me pointe le coupable, le coordinateur du service formation.
"Celui là c'est un pervers narcissique, il faut le cadrer et à la moindre occasion vous le virez ! Vous comprenez il est en est à sa quatrième tête de directeur-rice".
Je sens un peu l’atmosphère, elle est tendue en effet, mais pas non plus incroyablement.
Je décide de me rapprocher de ce serial killer et de bo**er avec lui, de me positionner sur son domaine et de vérifier.
A l’époque je ne suis pas formé en psy ni en coaching ni en rien d'autres d'ailleurs qu'en gestionnaire de structure.
J'ai mis le pied dedans. Il ne faut jamais mettre le pied dedans. Je veux dire allez s'intéresser, échanger, tenter de comprendre et de contenir ce genre de personne.
Petite précision de taille. Ici je m'autorise a parler de pervers narcissique et je le fais en connaissance de cause ayant fait 4 ans de travail dessus et une formation en psychopathologie. On ne colle pas une étiquette sur une personne impunément et à la légère. Ce n'est pas parce qu'il y a manipulation et perversion (au sens stricte de la définition) qu'il y a pervers narcissique. C'est une forme de d'organisation de la psyché singulière et complexe. Fin de précision, merci de votre attention.
J'ai mis le pied dedans disais je. Les deux mêmes. Il n'a pas fallut longtemps pour que je sois pris sous l'influence. Nous sommes devenu très proche, comme des frères presque. Nous partagions beaucoup de choses, du moins je le croyais.
La monté en louange, ses efforts pour me hisser encore plus haut que je ne le pensais a duré 2 ans. Rien ni personne ne nous arrêtais, j'avais les bonnes grâce des barons locaux, j'ai même œuvrer à faire démissionner le président, celui là même qui m'avais recruté pour protéger la structure. Il avais gagné déjà, je ne le savais pas encore. On ne pactise pas avec le diable, le tribu est toujours trop lourd.
Un moment de lucidité peut être, un jour m'a fait regarder une situation sous un autre angle que le siens. Non je n'allais pas autoriser ce licenciement sous les prétextes fallacieux qu'il me servait, non cette fois-ci l'hypnose n'a pas fonctionné. Pourquoi, je ne sais pas.
Quoi qu'il en soit j'avais signé mon arrêt de mort.
Le diable m'avais "fait" j'allais voir, sentir au plus profond de mon être le pantin désarticulé que j'étais dans son jeu.
La descente en enfer à duré 6 ans. 6 longues années où chaque jour fut un supplice.
On ne se bat pas contre la folie, surtout celle d'un autre. Comprenez bien l'autre est un expert dans son monde et nous, nous ne sommes que des invités éjectables à volonté.
J'ai cru devenir fou, sérieusement. Comment comprendre que tout ce que vous faites, présentez aux partenaires et même au conseil d'administration est nul, NUL, alors qu'il y a 6 mois encore tout se passait très bien ? Comment comprendre que même les experts comptables et commissaire aux comptes de la boite qui sont là depuis 15 ans ne sont plus validés parce qu'ils corroborent vos analyses ?
Les détails hallucinants sont bien trop nombreux pour être écrits ici, et ce n'est pas mon propos.
Il y a eu bien sur tout l'arsenal, enquête de gendarmerie, plus de 50 protagonistes entendus, saisie du procureur, médecine et inspection du travail. Rien n'a changé le cours de l'histoire je me suis fait viré avec un motif économique. Il y avait bel et bien des problèmes économiques, mais tous déjà pointés depuis prés de trois an par mes rapports, tous ignorés. Alors évidement devant la justice le Maire, le président de la comcom, la présidente de la CAF, les directeurs et élus du cg et cr, et tous les autres partenaires financier dégage le fusible avant que ça explose, car pénalement ils sont responsables des lors qu'ils ont été informé et n'ont pas agit. ca devenait chaud pour les baronnies locales. Et pendant ce temps là mon diable de coordinateur tirait les ficelles.
J'ai connu la peur, la honte, la culpabilité, la méprise, l'humiliation, la trahison, le rejet, l'ignorance, la calomnie, la dépression.
Finalement :
Les prud'hommes ont suivi l'employeur (des élus y siegeaient, of course).
La cour social d’Angers à qualifié le dossier de harcèlement moral à 100% a tord de l'employeur
Appel de l'employeur, même sentance
Pourvoie en cassation de l'employeur, rejeté.
Même en justice il y aura eu harcèlement.
A l'époque, ce dossier de harcèlement moral sur un dirigeant par son employeur via un subalterne fut le premier du genre.
ALORS !
Alors j’arrête là le descriptif qui mériterait à lui seul un bouquin.
Pendant tout ce temps, j'ai été accompagné par mon psy, un très bon gestalt thérapeute. Sans lui je ne sais où je suis maintenant, alors ici spécial dédicace au moustachu 👏.
Lui, m'a accompagné au plus profond. Je pensais être victime et avoir connu l'enfer, j'allais en découvrir un autre, celui de ma responsabilité.
Comment suis je "tombé" dans ce piège ? Quelles parties de moi se sont activées ? Quels particularités de ma personnalités ont joués ?
J'ai cheminé avec lui main dans la main, yeux dans les yeux, a regarder mes ombres, mes failles, mes traits de personnalités, et pas les plus sympas croyez moi.
Sans ce chemin initiatique, sans cette reconnaissance de ma participation, certes involontaire, mais participation tout de même, j'aurai continuer à croire que je n'étais que victime.
J'aurai été la victime de moi même en projetant aux agresseurs leurs agissements, sans me rendre compte de mes propres agissements, illusionnés.
C'est difficile de se rendre compte que lorsque je suis "victime" j'ai toujours une part de responsabilité. Je sais bien que la responsabilité se découvre à l'occasion de cette agression et que nous ne sommes pas reprochables de ne pas avoir vu, avant.
Mais depuis, après... Le monde change.
J'ai personnellement beaucoup travaillé sur la perversion narcissique, et j'ai appris par mon corps, mes ressentis, a "détecter" plutôt que de comprendre et à couper le contact le plus rapidement possible. Ça n'a pas été facile, non, mais depuis j'ai appris et suis toujours vigilant à mes ressentis.
Si le monde a ses agresseurs, je ne suis pas coincé dans un statut de "victime" ni même potentiel pour autant.
J'ai à l'oeil l'autre, souvent, et moi toujours !
Avec toute mon affection
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