11/07/2025
RENOUER AVEC LE CORPS • FERTILISER. •
Certains te diront « c’est dans ta tête », alors qu’en fait c’est dans ton corps.
Les événements traumatiques que nous avons vécus avant l’apparition du langage se sont inscrits dans le corps, faute d’avoir pu être conceptualisés, verbalisés, ou articulés par la raison. De la même manière, ceux survenus à une époque où nos parents n’étaient pas encore perçus comme des individus distincts de nous, mais comme l’univers entier, viennent modifier en profondeur notre perception du lien.
Comme teintées dans la masse, ces expériences, antérieures à toute capacité d’articulation ou d’appréhension conceptuelle de la réalité, possèdent une portée traumatique qui dépasse l’intellect. Elles échappent à toute tentative de rationnalisation ou de relativisme, car elles ont fait leur nid dans une strate archaïque du soi, antérieure au moi conscient, individué.
Ces événements ne sont pas nécessairement graves, violents ou ponctuels. Il s’agit parfois de climats relationnels subtilement insécurisants, perçus par l’enfant que nous étions à travers le corps, l’énergie, l’ambiance – bien au-delà des mots.
Et parce qu’ils se sont imprimés à une prodondeur de l’être inaccessible par le langage, ils continuent souvent d’agir en silence, sous la forme de schémas, symptômes, addictions, mémoires, comportements. C’est pourquoi la guérison de ces blessures précoces ne peut advenir uniquement par la compréhension : elle demande une métabolisation profonde, une présence incarnée, une exploration qui transcende le langage, par le corps et le lien, là, où tout a commencé.
Alors on voudrait traiter à la racine une plante qui ne donne pas de fruit. En oubliant facilement que sans un terreau fertile, avec du soleil, de l’eau et de l’air purs, rien ne peut pousser.
Stephan Schillinger