06/10/2024
🌍 8e colloque international sur le TDAH, francophone
PERSPECTIVES CROISÉES SUR LA PROXIMITÉ ET L’HÉTÉROGÉNÉITÉ DU TDAH ET DU TSA, POUR UNE PRISE EN CHARGE ADAPTÉE
🎤 Tdah Âge Adulte Lucile Hertzog, cheffe de projet TDAH et formation au centre d’excellence des troubles du neurodéveloppement iMIND, autrice du site tdah-age-adulte.fr
✅ Hétérogénéité dans l’autisme : niveau de sévérité, QI, visibilité, expression verbale, troubles associés
Hétérogénéité dans le TDAH : présentation, QI, forme, expression verbale, troubles associés
✅ Rend le diagnostic différentiel complexe, avec des risques d'erreurs diagnostiques aux conséquences potentiellement graves pour les patients : accompagnements inadaptés, voire majoration des difficultés
✅ 50% des personnes avec un TSA présentent également un TDAH / 50% des personnes avec un TDAH présentent des traits autistiques
✅ Lorsque comorbidité TSA+TDAH, la littérature mentionne : des comportements stéréotypés ou répétitifs plus élevés que dans le TSA seul, de plus grandes difficultés sur le plan de la socialisation et de la communication, un retentissement plus lourd sur le fonctionnement, plus d’atteintes de la fonction cognitive, etc.
✅ La présence de la comorbidité TSA+TDAH montre une structure cérébral plus proche du TDAH, malgré des signes cliniques de TSA plus élevés que dans le TSA seul.
✅ Des études et des témoignages de chercheurs-cliniciens ont montré que l'AQ, l'ADOS-2, l'ADI-R et le SCQ, outils parmi les plus utilisés dans le diagnostic de l’autisme, donnaient beaucoup de faux positifs pour les personnes avec un TDAH. Ces outils sont peu pertinents dans le cadre d’un diagnostic différentiel entre ces deux troubles. C’est un point d’attention également à souligner pour la recherche.
✅ Les critères “les plus légers” dans la définition du TSA dans le DSM-5, sont parfaitement superposables aux difficultés rencontrées dans le TDAH et identifiées dans de nombreuses études. Par exemple : défaut de réciprocité dans les interactions, difficultés de théorie de l’esprit, difficultés à identifier les émotions et les signes non-verbaux, difficultés à saisir et identifier ses propres affects, une prosodie parfois atypique.
Idem concernant le caractère restreint et répétitif, le TDAH présente aussi ces comportements selon la littérature scientifique. L’hyperfocus sur des sujets précis et sur le long terme peut également être partagé. L’hyper et l’hyposensorialité sont présents dans les deux profils.
✅ À l'inverse, les personnes avec un TSA peuvent présenter des symptômes typiques du TDAH en apparence : problèmes d'attention, impulsivité, hyperactivité.
✅ L’origine des symptômes est différente, mais faire la différence dans une exploration clinique peut être compliquée, à cause de plusieurs facteurs : les stéréotypes sur le TDAH persistants (flexibles, aiment le changement, désorganisés). Le TDAH s’associe dans 80% des cas à des comorbidités qui peuvent teintées de façon opposée leurs symptômes (tels que TAG, TOC, TPOC, phobie sociale, etc.). De plus, la visibilité du diagnostic de TSA a été bien plus importante durant ces dernières décennies et on peut être induit en erreur les personnes comme les cliniciens par les évidentes similitudes entre les deux troubles.
✅ Verbatims d’interviews menées dans le cadre de cette conférence :
Pr Laurent Mottron : “Chacune des deux conditions, TDAH et TSA, a une telle variété dans l’out-come que les chances d’overlap sont plus nombreuses. On peut faire une démarcation nette entre l’autisme et le TDAH qu’à peu près à l’âge préscolaire.”
Pr Mario Sperenza : “Les personnes avec un TDAH peuvent : ne pas regarder dans les yeux parce qu’elles reçoivent déjà trop d’informations, être autocentrées et ne parler que de leurs intérêts, être hyperfocalisées sur la lecture et se réfugier dedans comme une protection du monde extérieur et de ses stimuli, avoir des difficultés avec le second degré, être en recherche de stimuli pour recruter leur propre attention, avoir des hypersensorialités (ex : vêtements, étiquettes) ou des hyposensorialités, mais c’est plus rare.”
✅ Présentation tableau Rommelse et al. : convergences et divergences structurelles et fonctionnelles du TSA, du TDAH et de leur association comorbide : on peut voir que c’est majoritairement sur l’aspect structurel qu’il existe des dissemblances, et que les convergences sont bien plus importantes dans l’aspect fonctionnel. Il existe donc bien des différences nettes, parfois même opposées sur les aspects structurels. Lorsque l’on a des données sur l’association TSA+TDAH, cela vient mettre en évidence de plus grandes atteintes, ou des atteintes davantage similaires au groupe TDAH. Les déficits de cognition sociale semblent converger.
✅ Le TDAH, en particulier associé à un trouble anxieux généralisé, à une personnalité obsessionnelle-compulsive ou encore au trouble obsessionnel compulsif, est souvent confondu avec le TSA. Les présentations “invisibles” de TSA sont extrêmement rares dans la population générale et ne devrait pas être la première hypothèse lors d’une évaluation diagnostique. Davantage que le TDAH, il s’agit d’un diagnostic à poser après exclusions de tout autre diagnostic qui expliquerait mieux les symptômes. De plus, l’inattention et l’anxiété sont deux éléments cliniques très difficilement identifiables par les cliniciens, mais aussi par les personnes ayant un TDAH, car ils manquent eux aussi d’insight.
✅ Pour conclure, rappelons que le TDAH accompagné de comorbidités est largement plus courant que le TSA “invisible” dans la population générale, et qu’il dispose de l’un des traitements les plus efficaces en psychiatrie. Si le psychostimulant s’avère peu efficace ou présente beaucoup d’effets secondaires, ce n’est pas forcément le signe d’une absence de TDAH ou de la présence d’un TSA, mais souvent d’une formulation ou d’un dosage mal adapté, ou encore d’une comorbidité non identifiée ou non prise en charge.