
27/09/2025
POURQUOI RÉPÈTE-T-ON DES EXPÉRIENCES DOULOUREUSES.?
Imaginez une personne qui sort d’une relation destructrice… et qui, quelques mois plus t**d, se retrouve dans une histoire presque identique.
Ou quelqu’un qui, au moment même où tout semble enfin lui sourire, trouve un moyen subtil de saboter son succès.
Ça vous parle ?
Ce paradoxe humain est universel : nous voulons tous être heureux, libres, en paix… et pourtant, il peut vous arriver de retourner inconsciemment vers ce qui vous a blessés. Comme si l’esprit préférait la douleur familière à l’inconnu de la sérenité
Derrière les répétitions douloureuses, il n’y a pas seulement de l’irrationalité, mais des logiques profondes : soulager une culpabilité, tenter de maîtriser l’incontrôlable, rechercher une maison émotionnelle déjà connue, même si elle était toxique.
Les neurosciences et la psychologie de l’attachement nous montrent que ces cercles de souffrance ne sont pas des fatalités, mais des mécanismes que l’on peut comprendre… et transformer.
1. Soulagement de la culpabilité
Certaines personnes vivent le plaisir ou le succès comme une transgression morale qui génère de la culpabilité
La souffrance devient une forme d’auto-punition qui apaise cette culpabilité
2. Recherche de contrôle sur l’incontrôlable
Revivre une situation douloureuse peut donner l’illusion de « rejouer » un traumatisme pour le maîtriser cette fois (Janoff-Bulman, 1992).
Mais, paradoxalement, cela fige dans une répétition traumatique
En neurosciences, ce phénomène est lié à une hyperactivation de l’amygdale et à une difficulté du cortex préfrontal à intégrer l’expérience.
3. La douleur comme « maison » familière
Les expériences précoces façonnent ce que Bowlby a appelé des modèles internes opérants : l’enfant associe sécurité et attachement à ce qu’il a connu, même si c’était douloureux.
Ainsi, à l’âge adulte, certains recherchent inconsciemment des relations ou contextes qui ressemblent à cet environnement initial.
Les travaux de Main & Solomon, montrent que les attachements insécures ou désorganisés favorisent cette dynamique car il est plus simple pour le cerveau de répéter les apprentissages que de les modifier
4. Les gains secondaires de la souffrance
La douleur peut apporter des avantages indirects : attention, compassion, diminution des responsabilités, voire bénéfices matériels.
5. Punir les autres par sa propre souffrance
Dans certains cas, l’auto-sabotage ou la souffrance devient une arme relationnelle inconsciente
Exemple : « c’est à cause de toi que je souffre, la douleur devient un moyen d’exercer du pouvoir ou de protester ou faire entendre.
Je vais mal tout le monde doit aller mal
On retrouve cela dans certaines formes de dépression, où la souffrance du patient affecte profondément son entourage.
Les pistes dans la littérature scientifique
Renforcement neuronal du négatif
Le cerveau a un biais de négativité (Baumeister et al., 2001) : les expériences douloureuses s’impriment plus fort que les positives.
La répétition peut donc être liée à une habituation neurobiologique à la douleur, qui devient un état connu Besoins d’identité et cohérence
Même si une histoire est douloureuse, elle fait partie de l’identité narrative d’une personne (McAdams, 2008).
Rejouer ces expériences, c’est parfois maintenir une cohérence de soi (même négative) plutôt que risquer l’inconnu.
Théorie de l’autodétermination
Quand les besoins fondamentaux (autonomie, compétence, appartenance) ne sont pas satisfaits de façon saine, ils peuvent être recherchés par des moyens dysfonctionnels et douloureux (Ryan & Deci, 2000).
Conditionnement et dépendance émotionnelle
Comme une addiction, la douleur peut activer les circuits dopaminergiques si elle est liée à des moments de soulagement ou d’attention.
C’est ce que Kross et Al appellent le cycle douleur-plaisir
il importe de comprendre le pattern et ses intentions pour enrayer la répétition
Carine Hernandez
Psychologue clinicienne Psychotherapeute agréé ARS
Praticienne ccréditée EMDR-EUROPE Praticienne en hypnose intégrative Superviseure
Auteure