18/11/2025
Ignorer la T3 : l’erreur médicale qui brise des vies
Dr Mohamed Boutbaoucht
Pourquoi ignorer la T3, les cofacteurs, les métaux lourds, l’iode et les surrénales conduit à l’échec thérapeutique dans les troubles thyroïdiens ?
Pendant des décennies, la médecine conventionnelle a centré l’évaluation de la fonction thyroïdienne sur la TSH et la thyroxine (T4). Pourtant, la science évolue, les connaissances progressent, mais les pratiques cliniques restent figées. Continuer à ignorer la physiologie réelle de la thyroïde conduit à des diagnostics incomplets, des traitements inefficaces et un grand nombre de patients qui continuent à souffrir malgré une prise en charge « normale ».
Dans une approche fonctionnelle, systémique et biologique, chaque étape du métabolisme thyroïdien compte : conversion de la T4, disponibilité de la T3 active, statut minéral, métaux lourds, stress surrénalien, inflammation. Les ignorer, c’est passer à côté de la cause.
1. Ignorer la T3 au profit d’une T4 inactive : une erreur monumentale
La T4 est une hormone majoritairement inactive. Seule la T3 se fixe réellement aux récepteurs nucléaires pour activer le métabolisme cellulaire.
👉 La relation est simple :
Pas de T3 = Pas de métabolisme effectif, même si la TSH et la T4 sont « normales ».
Pourquoi c’est une erreur ?
• La conversion T4 ➝ T3 varie d’un patient à l’autre.
• Environ 80 % de la T3 provient de la conversion périphérique, pas de la thyroïde directement (Bianco et al., Endocrine Reviews, 2019).
• 10 à 20 % de la T4 est transformée en rT3 (reverse T3), forme inactive, surtout en cas de stress, inflammation ou exposition aux toxiques.
Référence scientifique majeure
• Hoermann et Midgley, Molecular and Cellular Endocrinology, 2017 : « La TSH ne reflète pas fidèlement l’état tissulaire de la T3 et ne devrait pas être utilisée seule pour juger de l’euthyroïdie. »
2. Ignorer les cofacteurs nécessaires à la conversion T4 → T3 : encore une erreur
La conversion dépend d’enzymes appelées désiodases, qui nécessitent des nutriments précis.
Sans ces cofacteurs, la T3 chute, même si la T4 est normale.
Cofacteurs cruciaux :
• Sélénium (cofacteur des désiodases D1 et D2)
• Zinc
• Fer (nécessaire à la thyroperoxydase)
• Magnésium
• Vitamine A
• Vitamine D
Études marquantes
• Arthur et Beckett, Journal of Endocrinology, 2020 : le sélénium est indispensable à l’activation de la T3.
• Zimmermann, The Lancet, 2008 : le fer est essentiel à la thyroperoxydase et à la production hormonale.
Ignorer ces cofacteurs, c’est comme donner de l’essence à une voiture sans vérifier qu’il y a une batterie, un moteur et des câbles.
3. Ignorer la présence de métaux lourds provoquant la T3 reverse : une erreur lourde de conséquences
Les métaux lourds (mercure, plomb, cadmium, arsenic) altèrent la fonction thyroïdienne en plusieurs étapes :
Mécanismes d’action :
1. Inhibition des désiodases → augmentation de la rT3.
2. Perturbation des récepteurs nucléaires de la T3.
3. Stress oxydatif → inflammation → conversion T4 vers rT3 au lieu de T3.
Données scientifiques
• Chung et al., Environment International, 2021 : le mercure diminue significativement la conversion T4 → T3 et augmente la rT3.
• Chen et al., Thyroid, 2019 : les métaux lourds sont associés à une hypothyroïdie subclinique résistante au traitement par T4 seule.
Ignorer les métaux lourds = ignorer la racine du blocage métabolique.
4. Ignorer l’absence d’iode dans les urines 24 h : une erreur diagnostique et thérapeutique
L’iode est la pierre angulaire de la fabrication des hormones thyroïdiennes.
Mais 70 % des carences passent inaperçues car on ne teste plus l’iode urinare.
Pourquoi mesurer l’iode sur 24h ?
• C’est le gold standard pour évaluer la disponibilité de l’iode.
• Une carence entraîne un ralentissement de la production hormonale même avec une TSH normale.
Références
• WHO/UNICEF, 2020 : l’insuffisance iodée reste un problème mondial sous-diagnostiqué.
• Leung et Pearce, New England Journal of Medicine, 2014 : l’iode insuffisant entraîne une hypothyroïdie fonctionnelle qui n’est pas visible avec la TSH seule.
5. Ignorer les surrénales : une erreur qui fait échouer même les meilleurs traitements
Les hormones thyroïdiennes et les hormones surrénaliennes fonctionnent en binôme.
Le cortisol régule :
• l’expression des récepteurs de la T3,
• la conversion T4 → T3,
• la production d’énergie mitochondriale.
Stress chronique = baisse de T3 et hausse de rT3
Le corps ralentit volontairement le métabolisme pour économiser l’énergie lors d’un stress prolongé. C’est un mécanisme de survie, pas une maladie.
Étude clé
• Fliers et Boelen, Nature Reviews Endocrinology, 2014 : le stress chronique augmente la production de rT3 et réduit la conversion de T4 en T3.
Ignorer les surrénales est donc un sabotage du traitement thyroïdien.
6. Le vrai problème : traiter le symptôme est plus simple que traiter la cause
Prescrire de la T4 seule est simple, rapide, et « dans les guidelines ».
Mais c’est un traitement symptomatique, pas physiologique.
Pourquoi les patients restent-ils fatigués, déprimés, avec prise de poids ?
Parce que leur problème n’est pas un manque de T4.
C’est :
• une conversion bloquée,
• une inflammation,
• une carence en cofacteurs,
• une surcharge en métaux lourds,
• un déficit d’iode,
• un burn-out surrénalien.
Approche fonctionnelle : traiter les causes
• Nutriments
• Détoxification
• Équilibre du stress
• Métabolisme mitochondrial
• Inflammation
• Microbiote
• Surrénales
• Métaux lourds
• Iode
• rT3
• Génétique (DIO2 Thr92Ala, MTHFR…)
Pour Conclure
Les temps changent, la science avance, mais les pratiques restent figées.
La thyroïde est un système dynamique, pas un simple chiffre sur une analyse de TSH.
Ignorer la T3, les cofacteurs, les métaux lourds, l’iode et les surrénales…
c’est condamner les patients à rester malades alors que les solutions existent.
👉 L’heure n’est plus à traiter un symptôme.
L’heure est à comprendre le terrain, le système, la biologie réelle.